"Schizo" ce BO

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Capable du meilleur, comme du pire, à l'image de ces deux mi-temps aux antipodes l'une de l'autre, le Biarritz Olympique avait toutes les raisons de nourrir de profonds regrets dimanche, à Anoeta, à l'issue de son élimination après prolongations par le Stade Toulousain dès les quarts de finale de la H Cup (20-27, a.p.). Sa réaction, aussi méritoire fut-elle après le repos, restera inutile...

Capable du meilleur, comme du pire, à l'image de ces deux mi-temps aux antipodes l'une de l'autre, le Biarritz Olympique avait toutes les raisons de nourrir de profonds regrets dimanche, à Anoeta, à l'issue de son élimination après prolongations par le Stade Toulousain dès les quarts de finale de la H Cup (20-27, a.p.). Sa réaction, aussi méritoire fut-elle après le repos, restera inutile... D'abord une image. Et une émotion. Premier Biarrot à se présenter devant la presse ce dimanche, à Anoeta, à l'issue de l'élimination de son Biarritz Olympique par Toulouse (20-27, a.p.) au stade des quarts de finale de la H Cup, Serge Blanco, en bon président, est venu assumer la détresse de tout un club, celle qui empêchera la plupart de ses joueurs, à commencer par son capitaine, Imanol Harinordoquy, de venir s'épancher devant les médias. Un président qui tient à rendre hommage à son vainqueur, mais aussi à son équipe qu'il a jugé, malgré la défaite, à la hauteur de l'évènement. "On y reviendra. Je félicite cette équipe, je suis fier des joueurs auxquels je n'ai pas grand chose à reprocher, souligne l'ancien arrière du XV de France, à l'évidence ému par cette douloureuse issue. Si je peux vivre encore d'autres heures comme ça, même si elles sont parfois décevantes, je serai le premier à resigner." Le charme d'Anoeta, lui, s'est rompu. Dans son jardin de l'autre côté de la frontière espagnole, où seul Northampton avait jusqu'à ce jour su s'imposer en neuf matches délocalisés, le BO et ses tauliers, auxquels ne manque pour la plupart que ce trophée, a déjà dit adieu à son rêve européen... Et ça fait mal, trop mal. Il n'y a bien que Sylvain Marconnet, venu sur la Côte basque lui aussi pour combler cette lacune à son palmarès, mais encore victime des Toulousains après prolongation, pour assumer en vieux routier l'inexplicable. "On pensait aller plus loin en Coupe d'Europe. Malheureusement ce soir, ça se termine un peu précocement." Rodriguez: "Bolakoro pensait qu'il était poursuivi..." Rare joueur biarrot à s'extraire d'un vestiaire qu'on devinait forcément dévasté, l'ancien Parisien n'a forcément que des regrets à exprimer après avoir entrevu à ce point la victoire. "Notre seule issue aurait été le hold-up à 19-17 sur cette dernière transformation.", note-t-il, lui qui, en 2005, avait déjà connu sous le maillot du Stade Français les affres d'une élimination face aux boys de Novès. C'était à Murrayfield, déjà après prolongations, au terme d'une finale restée ancrée dans les mémoires. "Après, des regrets, il y en a forcément, à commencer par celui de ne pas être rentré dans ce match et d'avoir concédé dix-sept points sans en rendre un seul en première période. A la mi-temps, il y avait besoin d'un remaniement tactique. C'est passé à un cheveu... ou un poil, je ne sais pas." Et ce constat, immuable: "Les Toulousains ont encore montré qu'ils étaient une grande équipe ; on les savait bons dans le désordre, un peu dans le bordel. Ils ont été conformes aux Toulousains." Des regrets d'autant plus grands que ce BO, invisible avant la pause, avait réussi l'impensable. "Perdre d'autant de points face à Toulouse, c'est impensable de revenir", confirme en écho Laurent Rodriguez, le Directeur sportif du club basque. Et pourtant, les Biarrots l'ont fait. "Le BO a montré qu'il avait des valeurs et des ressources, cherche à positiver Marconnet. A quelques mètres de là, son coach, Jean-Michel Gonzalez, une fois n'est pas coutume, préfère s'amuser de cette manie de son équipe à prendre les matches en route: "Que voulez-vous, on est sponsorisé par des pilules pour le coeur...Non, je plaisante, on s'en passerait bien." Il pointe la réaction de son équipe: "On savait qu'on allait réagir et ne pas prendre 40 points ici. On a redressé la barre et resserré les choses à la mi-temps", mais garde en travers de la gorge le péché de gourmandise de son ailier, Ilikena Bolakoro, sur l'essai égalisateur. "Il aurait pu faire trois mètres de plus. Il aurait ouvert l'angle pour la transformation de Dimitri (Yachvili) et les crucifier sur le poteau. D'autant que Dimitri sur le contre lui dit: « Ramasse ! » Donc il le laisse faire... Il a plongé de suite derrière la ligne. Il y a certaines parties du corps que l'on ne peut pas travailler (sourires)." Rodriguez avouera encore au sujet du Fidjien: "On en a parlé avec lui, il pensait qu'il était poursuivi..." Un épiphénomène ? Sans doute et l'heure n'est d'ailleurs pas à la dispersion. "Maintenant, il va falloir bien finir psychologiquement et physiquement pour bien finir cette saison, et le plus loin possible", annonce Marconnet à six jours de la réception de Brive en Top 14. Comme pour mieux répondre à son président, qui d'emblée a prévenu: "On a surtout donné rendez-vous à tous nos adversaires ; pour nous, le championnat commence dès maintenant." Comme un avertissement.