Saint-André, la der...

Au terme de deux dernières semaines particulièrement éprouvantes, Philippe Saint-André va vivre sa dernière sur le banc du RC Toulon, vendredi sur la pelouse de Bordeaux-Bègles. Touché par les mots de son futur ex-président, Mourad Boudjellal, le futur sélectionneur du XV de France veut finir sur une bonne note. Par respect pour Mayol et ses supporteurs.
Au terme de deux dernières semaines particulièrement éprouvantes, Philippe Saint-André va vivre sa dernière sur le banc du RC Toulon, vendredi sur la pelouse de Bordeaux-Bègles. Touché par les mots de son futur ex-président, Mourad Boudjellal, le futur sélectionneur du XV de France veut finir sur une bonne note. Par respect pour Mayol et ses supporteurs. Les histoires d'amour finissent mal, en général. Celle entretenue pendant un peu plus de deux ans à Toulon par Philippe Saint-André et Mourad Boudjellal n'échappent pas à la règle. Et comme souvent dans ces cas-là, une histoire d'adultère a fait éclater le ménage. La faute aux avances faites au manager varois de la part de la Fédération française de rugby à la recherche d'une nouvelle aventure au sortir de la Coupe du monde. Une proposition qui ne se refuse pas mais qui a donné la désagréable impression au président du RCT d'être le cocu de la farce. Alors la vaisselle a volé et les mots ont fusé... "J'ai le sentiment d'avoir été trahi ou du moins, je n'en ai pas pour mon argent, tempêtait le bouillant Boudjellal à l'issue du zéro pointé des siens à Mayol contre Clermont (0-17). En terme de jeu, on n'a rien proposé. Mais qu'avons-nous vu depuis trois ans ? Où est le style de jeu Saint-André ? Le match face à l'ASM est la résultante de tout ça. On avait avec un Umaga, un Sony Bill Williams, un Wilkinson, des arbres qui cachaient la forêt. On peut planter des arbres, on ne bâtit pas une forêt." La critique est dure, acerbe. « PSA » n'en retient qu'un mot : trahison. "Ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire, corrige-t-il en début de semaine dans Var Matin, quand son sort est déjà scellé et son remplaçant désigné. Je n'ai jamais triché, jamais menti. De plus, contrairement à ce qui a été dit, je n'ai jamais fait le moindre lobbying auprès des cinq décideurs à la Fédération française de rugby pour obtenir le poste de sélectionneur en équipe de France. Par ailleurs, des propos ont dépassé le cadre du rugby. Ils sont et restent inacceptables." A l'heure de présenter Bernard Laporte, qui dès lundi prochain s'assiéra dans le fauteuil de Philippe Saint-André, Boudjellal avait déjà mis de l'eau dans son vin : "On est dans le Sud, je suis parfois excessif. Mais je suis excessif dans les deux sens, je donne tout aussi à mon entraîneur à qui je veux rendre hommage pour le travail qu'il a fait durant deux saisons ici, le professionnalisme et les structures qu'il a apportés au club. Et j'ai appris des choses cette semaine par rapport au papa de Philippe. Si je l'avais su avant, j'aurais atténué mes propos." "Je ne devais pas être si mauvais que ça..." Mais le mal était fait. Reste que le futur sélectionneur du XV de France refuse d'entrer dans le jeu. "J'ai l'habitude de laver mon linge sale à l'intérieur du groupe, assure-t-il. J'ai dit entre quatre yeux ce que je pensais à Mourad. Je répète : le club est bien plus important que le différend existant entre moi et le président. L'important aujourd'hui est de préserver les joueurs." Notamment des polémiques dont il ne veut pas être un acteur, adoubant même son successeur : "Bernard a gagné des titres de champion de France, en tant que joueur avec Bègles, en tant qu'entraîneur avec le Stade Français. Il a fait huit ans en équipe de France. En plus, il a été ministre des Sports. Donc avoir une personne de ce calibre qui me remplace, c'est que je ne devais pas être si mauvais que ça." Son bilan, il le défend d'ailleurs la tête haute. "J'ai mis des structures en place. Quand je suis arrivé, tous les jeunes Français partaient. J'avais dit que le jour où de bons Français (sic) viendraient à Toulon, j'aurais gagné mon pari, rappelle-t-il, toujours dans les colonnes du quotidien régional. Si des joueurs comme Mathieu Bastareaud ou Sébastien Tillous-Borde sont venus c'est qu'il a des jeunes Français qu'ils croient en ce club, qu'ils pensent pouvoir gagner un titre avec le RC Toulon et revenir en équipe de France. Ça prouve que le club a énormément évolué en deux ans." Un club "passionné et passionnant" qu'il veut quitter, "marqué à vie en tant qu'entraîneur et en tant qu'homme", par une bonne note vendredi sur la pelouse de Bordeaux-Bègles. "J'ai envie de bien finir, avec mes joueurs, avec mon staff. Je vais mouiller le maillot jusqu'à la dernière seconde", promet-il. Pour Toulon, pour le RCT, pour Mayol... Et pour son futur ex-président ?