Route du Rhum : Lantin, courageuse lanterne rouge

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avec Corinne Boulloud et AFP , modifié à
GALÈRE - Le skipper de Vanetys-Le Slip Français a mis un mois pour achever son parcours.

Vincent Lantin a gagné sa Route du Rhum ! Le skipper français, dont la traversée de l'Atlantique n'a pas été un long fleuve tranquille, en a enfin fini avec l'épreuve mercredi, à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Il a rallié l'île sur son Class40 (monocoque), plus de trois semaines après l'arrivée du vainqueur chez les multicoques, Loïck Peyron, et quelques heures après Eric Jail, avant-dernier concurrent (Défi Cat, catégorie Rhum).

"Merci Kerso ! Un honneur d'avoir pu être à la hauteur de votre irrévérence", a twitté le skipper de Vanetys-Le slip français. Mardi après-midi, dans l'émission "Les pieds dans le plat", sur Europe 1, "l'Amiral" Olivier de Kersauson avait en effet estimé que l'arrivée aussi tardive de Vincent Lantin ne "correspondait à rien". "C'est une imposture complète", avait-il même considéré, arguant que la Route du Rhum avait toujours consisté à aller "le plus vite possible".

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Galères en tous genres. "Imposture", on ne sait pas, mais aventure, pour sûr. "Je m'en veux un peu parce que ça fait trois semaines que je devrais être à la maison", estimait Vincent Lantin en début de semaine au micro d'Europe 1. "Il y a de quoi faire un livre avec tous mes tracas : les blessures où je me suis recousu moi-même à bord, en l'occurrence le pied, mes montées dans le mât, mon absence de pilote automatique depuis quasiment huit jours." Sans pilote automatique de rechange, le skipper a été contraint de "mettre les freins" pour pouvoir dormir.

Les galères techniques l'ont également conduit à faire trois escales en chemin, à Brest, à Madère et aux Canaries, et à perdre quatre jours. En plus du pilotage automatique, Lantin a rapidement été privé de fichiers météo, ce qui a forcément compliqué son voyage, notamment quand il s'est agi de naviguer près des côtes espagnoles. "Je suis le seul Class40 à être parti dans la tempête, faute de fichiers météo", raconte encore le navigateur. "J'ai un bon sens marin mais j'ai pris une sacrée 'cartouche'." Cet autodidacte de 33 ans, familier de plusieurs grands skippers français, a pensé à plusieurs reprises à "mettre le clignotant" et à abandonner, mais a réussi à se motiver pour aller au bout.

Plus de livre en stock. Les dernières heures de course ont été longues, faute de vent. Mardi, Lantin naviguait encore à la vitesse réduite de 2 nœuds. Alors, forcément, quand on met 30 jours 14 heures et 35 minutes alors que le vainqueur de sa catégorie, l'Espagnol Alex Pella, a mis 11 jours de moins, on commence à manquer d'idée pour s'occuper.

"Les livres que j'avais pris - du Errol Flynn, du Jules Verne -, je les ai tous passés à la moulinette. Je les ai même quasiment lus deux fois pour certains", a confié le skipper, dernier des 91 concurrents de ce Rhum 2014. "J'ai même lu la notice du GPS, la notice du radar et le manuel de survie qui est dans le radeau !" Avant de se projeter sur ses prochains défis - traversée en double de l'Atlantique Nord, Route du Rhum 2018 à la barre d'un multicoques -, Vincent Lantin va passer un peu de temps avec sa fille. Revue un peu plus tard que prévu...

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