Qui dort Udine...

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Olivier CORTINOVIS , modifié à
Leader de Serie A après sept journées d'invincibilité, Udinese ne profite pas uniquement du roupillon dans lequel sont plongés les ténors du championnat italien. L'équipe du Frioul, vandalisée à l'intersaison, dispose en effet de sérieux arguments défensifs et d'un buteur de trempe mondiale pour jouer les trouble-fête dans cette cour des miracles. Naples, chez qui elle se déplace mercredi, pourrait en faire les frais.

Leader de Serie A après sept journées d'invincibilité, Udinese ne profite pas uniquement du roupillon dans lequel sont plongés les ténors du championnat italien. L'équipe du Frioul, vandalisée à l'intersaison, dispose en effet de sérieux arguments défensifs et d'un buteur de trempe mondiale pour jouer les trouble-fête dans cette cour des miracles. Naples, chez qui elle se déplace mercredi, pourrait en faire les frais. On ne sait pas si c'est l'effet "The Artist" mais en Italie, également, il vaut mieux jouer en noir et blanc depuis l'été dernier. Les deux formations bianconere, l'Udinese et la Juventus Turin, trustent en effet les marches du podium d'un Calcio, pas encore en mode festivalier. Et encore, comme le film coup de coeur de cette rentrée, mieux vaut être muet comme une carpe sur ses ambitions que les crier à la botte entière. La Vieille Dame, qui a vanté les mérites de son nouveau lifting, en fait l'amère expérience aujourd'hui: tous l'attendent au moindre saut de point de suture. Au contraire, l'équipe de Francesco Guidolin, révélation du dernier Calcio (4ème), paraissait bien tuméfiée par les départs douloureux de ses deux chefs de service, Gokhan Inler et Alexis Sanchez, et soignait ses plaies en catimini. Le silence est d'or, après tout. Mais on a également appris à se méfier des bêtes blessées. Sauf les cadors du Calcio, qui ont clairement mésestimé la capacité de réaction des Frioulans et encore tendu le bâton pour se faire battre. Sans doute envoûtés par ces charmeurs de serpents, qui ne jurent que par le sauvetage de leur espèce depuis l'ouverture du championnat. "Nous avons une pancarte avec notre objectif dans le vestiaire: les 40 points du maintien, atteste Guidolin à qui veut bien le croire. Aujourd'hui, nous en avons déjà 15 ! Mais nous gardons les pieds sur terre. Un discours que ne renierait pas notre Guy Roux national, mais qui trouve pourtant écho dans les chroniques des journalistes du pays, convaincus que cet état de grâce ne durera qu'un temps. Le temps que les grosses écuries, secouées au shaker à l'intersaison, trouvent leur rythme de croisière et donnent raison aux têtes bien pensantes de la Serie A. Pourtant, ces dernières reconnaissent à l'unanimité les grandes qualités du groupe de Guidolin, encore invaincu cette saison, et qui n'a encaissé qu'un seul but en sept journées. Ce qui en fait la meilleure défense, tous championnats européens confondus. Pas mal pour une formation qui change de onze titulaire à chaque inspiration de son technicien et dont plusieurs éléments ne parlent pas un mot d'italien. L'Udinese "a montré tout son répertoire, fait de puissance et de fluidité, d'automatismes collectifs et d'individualités", écrit d'ailleurs l'influente Gazzetta dello Sport dans son dernier édito. Fini donc l'époque où seul le génial Antonio Di Natale, 28 réalisations en 2009-10 et 29 en 2010-11, tirait Udine vers le haut. "Toto" ne blague toujours pas devant le but -il est d'ailleurs pré-sélectionné pour le prochain Ballon d'Or- mais a désormais des acolytes à son niveau pour ne plus se raconter d'histoire. Des histoires à dormir debout.