Présidence de la Fifa : qui est le cheikh Salman, favori de l'élection ?

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Le cheikh Salman est le favori n°1 pour succéder à Sepp Blatter au poste de président de la Fifa. © Sajjad HUSSAIN/AFP
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SCRUTIN - L'élection à la présidence de la Fifa aura lieu le vendredi 26 février prochain.

La Fédération internationale de football (Fifa) a confirmé mardi le nom des cinq candidats à sa présidence : sans surprise, le Cheikh Salman, le Prince Ali, Gianni Infantino, Jérôme Champagne et Tokyo Sexwale se disputeront la plus puissante fédération sportive au monde le vendredi 26 février prochain. Le retrait de Michel Platini, suspendu huit ans dans dans l'affaire du paiement différé de 1,8 million d'euros à son profit en 2011, a modifié la donne. Si le nouveau candidat adoubé par la Confédération européenne (UEFA), l'Italo-Suisse Gianni Infantino, ancien bras droit de Platini, a ses chances, le favori du "club des cinq" est sans conteste le cheikh Salman, président de la Confédération asiatique. Europe1.fr fait les présentations.

L'Asie comme point d'ancrage. Méconnu en Europe, le cheikh Salman peut se targuer d'une longue expérience de dirigeant en Asie. Mais pas assez longue cependant pour être associé aux anciens dirigeants en place, à commencer par le Suisse Sepp Blatter. En effet, le cheikh Salman a accédé à la présidence de la fédération bahreïnienne de football en 2002. Mais ce n'est qu'en 2013 qu'il a quitté sa fédération locale pour se présenter, avec succès, à la présidence de la Confédération asiatique (AFC) et disposer ensuite d'un siège de vice-président à la Fifa. A la tête de l'AFC, le cheikh Salman a succédé au Qatarien Mohammed Bin Hammam, radié à vie pour corruption. Cette expérience de repreneur, voire de nettoyeur, d'une institution en péril est logiquement l'un des arguments de campagne du cheikh Salman.

L'Afrique dans le viseur. Cette expérience (il est le seul des cinq candidats à être à la tête d'une confédération) va évidemment servir au cheikh Salman, non seulement pour vanter ses mérites, mais aussi pour convaincre les 209 membres des fédérations nationales de voter pour lui. Les 46 voix venues d'Asie lui semblent promises. Mais le cheikh vient également de se placer sur un autre continent. Vendredi, il a signé un protocole d'accord avec la la Confédération africaine (CAF), dont le président n'est autre qu'Issa Hayatou, président de la CAF et président par intérim de la Fifa... Cet accord, qui porte sur l'organisation de compétitions et des programmes de développement, pourrait porter ses fruits au moment de demander aux 54 représentants africains de voter le 26 février prochain. Travailler pour (ou avec) le plus grand continent (en termes de fédérations), Sepp Blatter l'avait déjà fait, en "offrant" notamment la Coupe du monde 2010 à l'Afrique du Sud.

L'Europe par la bande. Pour autant, le cheikh Salman n'en oublie pas l'Europe, qui compte 53 fédérations. Lundi, sur la chaîne Sky Sport, le patron de l'AFC a frappé un grand coup tactique en annonçant qu'il aimerait proposer le poste ô combien stratégique de secrétaire général de la Fifa (Sepp Blatter l'a été) au Britannique Richard Scudamore, patron de la Premier League, organisatrice du championnat d'Angleterre. Mieux, le cheikh Salman souhaiterait que Sir Alex Ferguson, une sommité du football européen, devienne l'un de ses conseillers, rappelle le quotidien L'Equipe dans son édition de mardi.

"Fifa football" et "Fifa business". Les appels du pied à ces personnalités du football britannique ne sont pas innocents, alors que la Premier League a imposé un modèle économique ultra-performant. L'un des éléments clés du projet du cheikh Salman est en effet la séparation de la Fifa en deux entités distinctes, la "Fifa football" et la "Fifa business". "C'est uniquement en séparant strictement l'origine des fonds et en supervisant chaque dépense que nous pourrons garantir la renaissance d'une nouvelle Fifa qui rende réellement des comptes et qui soit digne du respect de chacun", a affirmé le cheikh Salman dans un communiqué. La "Fifa football" aurait pour mission de gérer les compétitions internationales portant le label Fifa (Coupe du monde, Coupe du monde des clubs, etc.). La "Fifa business" serait elle chargée de toutes les questions de financement, de marketing, de sponsoring, de droits télé, etc. De quoi plaire aux idéalistes du football, comme aux financiers...

Des propositions de bon ton. Outre cette mesure, qui serait une petite révolution dans le fonctionnement de la Fifa, le cheikh Salman présente un programme sans grande surprise. Comme son principal concurrent Gianni Infantino, il propose une augmentation du nombre de participants à la Coupe du monde (argument qui ne coûte rien et qui plaît aux petites fédérations). Il entend renforcer la lutte antidopage et, plus original, il défend l'idée d'un temps de jeu effectif pour un match de football, comme c'est le cas au rugby, où une rencontre dure 80 minutes sans les arrêts de jeu.

Dans le viseur d'une ONG. Mais le quinquagénaire bahreïnien, membre de la famille royale sunnite au pouvoir, a quelques épines dans le pied. Comme nous l'évoquions lors de la présentation des forces et des faiblesses des candidats, la principale concerne son passé en tant que dirigeant au pays. Selon l'institut bahreïnien pour les droits et la démocratie (Bird), le cheickh Salman aurait une part de responsabilité dans la répression du soulèvement populaire qui a eu lieu dans son pays, en 2011. Le cheikh Salman était à l'époque l'équivalent de ministre des Sports au pays. L'Equipe rappelle également mardi que le cheikh Salman est accusé par cette même ONG d'avoir détourné des fonds pour financer sa campagne au comité exécutif de la Fifa, en 2009. Un mois avant le scrutin, le cheikh Salman est favori. Mais, en football comme en politique, un mois, c'est très long.