Pastore, l'intermittent

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Par Axel Capron , modifié à
Dernier buteur parisien samedi face à Caen (4-2), Javier Pastore a signé sa sixième réalisation de la saison, ce qui en fait le quatrième meilleur buteur de Ligue 1, derrière Giroud, Gameiro et Gomis. Paradoxalement, les prestations de l'Argentin sont loin d'être complètement convaincantes, la faute à un certain dilettantisme qui, à terme, pourrait finir par agacer ses partenaires.

Dernier buteur parisien samedi face à Caen (4-2), Javier Pastore a signé sa sixième réalisation de la saison, ce qui en fait le quatrième meilleur buteur de Ligue 1, derrière Giroud, Gameiro et Gomis. Paradoxalement, les prestations de l'Argentin sont loin d'être complètement convaincantes, la faute à un certain dilettantisme qui, à terme, pourrait finir par agacer ses partenaires. C'est un drôle de match qu'a offert le PSG à un Parc des princes plein samedi face à Caen. Un match au cours duquel on a parfois vu du très bon, comme la relation technique entre Nenê et Kevin Gameiro, les jaillissements et la fougue du capitaine Mamadou Sakho, la contribution offensive des latéraux, mais aussi pas mal de déchet, avec un ratio occasions-buts encore insuffisant et la fâcheuse propension qu'ont certains de se compliquer la vie et de se regarder jouer. On pense à Jérémy Ménez, parfois lumineux quand il s'agit d'accélérer le jeu, mais également exaspérant lorsqu'il se met à le garder quand un jeu à une touche s'impose, mais également à Javier Pastore, dont le but en fin de match, d'un extérieur du droit après un contrôle parfait sur un centre de Jallet, sera finalement l'arbre qui cache une forêt de questions. Car si l'Argentin possède indéniablement un talent technique fou, qui lui permet de faire la différence sur un pas ou sur une déviation à une touche de balle, comme cette talonnade en deuxième mi-temps pour Ménez, il semble parfois peu concerné par ce qu'il se passe sur la pelouse, comme sur cette action de la première période où il tourne le dos au jeu sur une passe d'un de ses partenaires. Marchant très souvent, montant très rarement au pressing sur les défenseurs adverses, l'homme le plus cher de la Ligue 1 (42 millions d'euros) ne semble jouer que par intermittences, s'agaçant parfois de ne pas recevoir le ballon comme il faut ou de ne pas trouver de récipiendaire à ses passes, pas toujours réussies samedi. La prestation de l'ancien joueur de Palerme en première mi-temps n'a d'ailleurs sans doute pas été du goût d'Antoine Kombouaré qui, à la pause, a copieusement secoué ses joueurs dans les vestiaires, comme il le reconnaîtra après-coup: "On fait une fin de première mi-temps compliquée où on est tombés dans nos travers. Au lieu de jouer simple, on a trop gardé le ballon et on s'est mis en danger. Je n'ai pas trop aimé." Sylvain Armand résumera après le match le sentiment général: "En première mi-temps, chacun a essayé de faire son numéro." Pastore et Nenê brillent rarement de concert Ce qui en a agacé plus d'un, dont Kevin Gameiro qu'on a souvent vu samedi se désoler, bras levés, de voir ses partenaires, dont Pastore, ne pas répondre à ses appels. Et les bons ballons qu'a reçus l'ancien Lorientais sont davantage sortis des pieds de Nenê que de Pastore, deux joueurs qui ont encore bien du mal à cohabiter sur le terrain, ou en tout cas à briller de concert. La relation technique sur le terrain entre l'Argentin et le Brésilien est aujourd'hui l'un des points d'interrogation qui entourent ce PSG. Lorsqu'il est arrivé à Paris, le premier a tout de suite attiré les lumières à lui, avec des buts magnifiques contre Brest, face à Evian et Montpellier (doublé) qui ont éclipsé le second, auteur d'un début de saison quelconque. La tendance s'est depuis inversée et c'est Nenê qui, aujourd'hui, souffle le (très) chaud, comme samedi face à Caen, avec un doublé sur penalty, des actions de classe et une faculté à faire jouer ses partenaires que n'a plus (ou moins) Pastore. Le Parc ne s'y est pas trompé, réservant une monstrueuse ovation au Brésilien à sa sortie. L'Argentin y a aussi eu le droit, grâce à son but inscrit dans le temps additionnel qui ne masque qu'en partie les insuffisances actuelles de l'Argentin. A son corps défendant, ce dernier, qui a disputé en juillet la Copa America, a été très peu ménagé depuis qu'il est arrivé à Paris, Antoine Kombouaré n'ayant d'autre choix, vu l'investissement consenti, de le faire jouer à chaque match: il a ainsi été titulaire lors les neuf derniers matches de Ligue 1, ne sortant que deux fois, à cinq minutes de la fin, et a également débuté les trois matches de Ligue Europa, sans oublier des voyages fatigants pour rejoindre la sélection argentine en septembre et octobre. D'où, peut-être, un coup de fatigue qui expliquerait son rendement en baisse. Mais pour l'instant, Paris compte suffisamment de talents pour se passer d'un Pastore à 100%, joueur à propos duquel l'ancien Parisien Rothen commentait, ce week-end sur RMC: "C'est un talent naturel, mais qui est en devenir. Je crois qu'il va prendre encore plus ses marques lors de ces prochaines semaines. On sent sur certains gestes que c'est un mec qui peut être décisif." Pastore l'a déjà montré, de sa montée en puissance dépend certainement une partie de la réussite de ce PSG version Qatar...