Ogier: "Encore trop tôt"

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Propos recueillis par Yannick SAGORIN , modifié à
Premier dauphin de Sébastien Loeb au classement général, Sébastien Ogier confirme rallye après rallye que la relève française est assurée. Vainqueur au Portugal cette année, le champion du monde junior 2008 est si convaincant que le team Citroën en fera la doublure de son aîné alsacien la saison prochaine. En attendant, le Gapençais garde la tête sur les épaules, et songe avant tout à parfaire son expérience.

Premier dauphin de Sébastien Loeb au classement général, Sébastien Ogier confirme rallye après rallye que la relève française est assurée. Vainqueur au Portugal cette année, le champion du monde junior 2008 est si convaincant que le team Citroën en fera la doublure de son aîné alsacien la saison prochaine. En attendant, le Gapençais garde la tête sur les épaules, et songe avant tout à parfaire son expérience. Sébastien, vous êtes deuxième au classement général, vous avez remporté le rallye du Portugal, pouviez-vous rêver mieux pour votre deuxième saison en WRC ? Difficilement sans doute... C'est vrai que la saison se déroule très bien pour nous, au-delà de nos espérances. Effectivement, c'est seulement ma deuxième année en WRC et me retrouver actuellement deuxième du classement général derrière Sébastien Loeb dépasse toutes mes ambitions. Quel est votre objectif désormais, à cinq rallyes de la fin du championnat ? Verrouiller cette deuxième place ? Oui, ce serait un super résultat ! Sébastien Loeb est loin devant nous en termes de points. Je crois qu'il est encore trop tôt pour viser plus haut. Il y a notamment des rallyes asphalte qui arrivent au calendrier et qui ne vont pas être simples à négocier. Sur cette surface, on sait qu'on ne pourra pas forcément rivaliser. L'objectif ne sera pas de battre Loeb mais de s'en rapprocher le plus possible. Derrière nous, notre plus proche poursuivant est Jari-Matti Latvala, qui n'est pas le pilote le plus à l'aise sur l'asphalte. Notre but, raisonnablement, est donc de garder nos distances avec lui. Olivier Quesnel a dernièrement encore laissé entendre que la concurrence était ouverte chez Citroën. N'avez-vous pas dans l'idée de mettre plus de pression sur Sébastien Loeb d'ici à la fin de la saison ? Nous avons quasiment deux victoires de retard sur Loeb au classement général (48 points, ndlr), à cinq rallyes de la fin. Nous n'avons donc pas notre destin entre les mains. Il faudrait qu'on fasse une super fin de saison et que lui la manque totalement. C'est très peu probable... Pour l'instant, je ne me pose pas plus de questions que ça, on va déjà essayer de poursuivre notre bonne série actuelle. Après, si on sent le vent tourner, bien sûr, on fera tout pour saisir notre chance... La saison prochaine, vous serez coéquipier de Sébastien Loeb à plein temps. Vous partirez alors sur un pied d'égalité avec Sébastien Loeb... C'est sûr que l'on débutera la saison avec le titre de champion en ligne de mire. On débutera le championnat à armes égales et on fera notre possible pour soutenir la comparaison. On verra ensuite comment se situer au fil des courses... "Je sais ce que je dois à Citroën" Vous attendiez-vous à grimper les échelons si vite chez Citroën ? Pas forcément mais depuis mes débuts en rallye, j'essaie de mettre tous les atouts de mon côté pour progresser le plus vite possible. Les étapes, c'est vrai, se sont tout de même enchainées très rapidement. C'est une très bonne nouvelle pour nous que d'être dans le team officiel de l'année prochaine. C'est une belle opportunité à concrétiser. Maintenant, le but, c'est d'être champion du monde. Si ce n'est pas l'année prochaine, ce sera plus tard, nous ne sommes qu'au début de notre carrière... Même s'il faut attendre deux ou trois ans, je signe quand même ! N'avez-vous pas été tenté de voir ailleurs à un moment donné ? Chez Ford notamment ? Sans être tenté, je me devais d'étudier les diverses propositions. Certaines étaient très intéressantes, j'ai donc eu un moment de réflexion. Mais je sais ce que je dois à Citroën. Si j'en suis là aujourd'hui, c'est grâce à eux et je ne l'oublie pas. Maintenant, ce qui a réellement influencé ma décision, c'est mon souci de bénéficier d'une voiture compétitive et performante. Or, Citroën est aujourd'hui la meilleure équipe engagée en WRC. L'année prochaine, vous piloterez une DS3. Sébastien Loeb a déjà eu l'occasion de l'essayer. Qu'en est-il pour vous ? J'ai déjà eu l'occasion de la tester aussi. C'est une voiture assez différente de la C4 qu'on pilote actuellement. Elle est plus compacte, donc plus vive, plus nerveuse. En somme, elle a d'autres qualités. Elle n'est pas encore au bout de son développement mais on sent déjà qu'elle a du potentiel. Appréhendez-vous le changement de réglementation qui se profile ? Disons que nous allons repartir de zéro. Mais c'est pour tout le monde pareil... C'est effectivement un petit saut dans l'inconnu. Personnellement, ça ne me pose pas de problème. Et de toute façon, on n'a pas le choix ! "J'ai peut-être une légère préférence pour la terre mais..." Cette semaine, vous retrouverez le team Junior en Allemagne après avoir couru au côté de Loeb en Finlande. N'est-ce pas déstabilisant de passer d'une équipe à une autre ? Non, je ne trouve pas. Ce sont deux équipes très proches l'une de l'autre, en relation directe permanente. Tout est transparent et se fait dans une bonne ambiance, je n'ai donc aucun mal à basculer dans l'un ou l'autre team. Citroën, c'est une grande famille ! Pouvez-vous nous dire un mot sur Kimi Räikkönen, votre coéquipier au sein du team Junior ? Un mot, oui, mais pas plus... Ce n'est pas quelqu'un qui parle beaucoup. Au sein de l'équipe, ça se passe bien, mais nous n'avons pas plus de relations que ça. Nos échanges restent strictement professionnels. L'asphalte n'est pas forcément votre revêtement de prédilection. Quelle sera votre ambition ce week-end en Allemagne, où vous n'avez encore jamais piloté en WRC ? Ce n'est pas une question d'affinités, c'est surtout une question d'expérience. En Allemagne par exemple, ce sera seulement ma deuxième participation, la première effectivement en WRC. Rien de comparable avec un Sébastien Loeb qui s'y est déjà imposé sept fois. Je m'attends donc à un rallye difficile, avec l'ambition tout de même de rivaliser avec les meilleurs, aller au bout et marquer de gros points en championnat. J'ai peut-être une légère préférence aujourd'hui pour la terre mais je pense qu'avec l'expérience, je serai aussi à l'aise sur l'asphalte dans quelques temps. Histoire de perpétuer la tradition française... Oui... même si je ne m'inscris pas forcément dans la lignée de ces pilotes qui faisaient davantage leurs gammes dans le championnat de France. Personnellement, j'ai très peu couru dans ce cadre, je suis rapidement passé au championnat du monde. D'où mon manque d'expérience sur l'asphalte.