Meynard: "Je m'attendais à mieux"

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Propos recueillis par LAURENT DUYCK , modifié à
Garçon discret, pour ne pas dire timide, William Meynard a confirmé le potentiel qu'on lui prédisait depuis sa médaille de bronze à Budapest en décrochant la même récompense jeudi au niveau au-dessus lors des Mondiaux de Shanghai. Ambitieux, d'un naturel désarmant, le Marseillais a du mal à réaliser, mais donne déjà rendez-vous à ses adversaires l'année prochaine.

Garçon discret, pour ne pas dire timide, William Meynard a confirmé le potentiel qu'on lui prédisait depuis sa médaille de bronze à Budapest en décrochant la même récompense jeudi au niveau au-dessus lors des Mondiaux de Shanghai. Ambitieux, d'un naturel désarmant, le Marseillais a du mal à réaliser, mais donne déjà rendez-vous à ses adversaires l'année prochaine. Comment accueillez-vous cette médaille de bronze mondiale ? J'ai été présent, ça fait vraiment très plaisir de faire un podium. Ça a vraiment été une course très intense. Ce n'est que du bonheur. Ça s'est joué dans les derniers mètres. Je me suis dit: « Ne lâche rien ». Et ça l'a fait. Quand j'ai vu le 3 devant mon nom, j'ai pensé: « c'est bien pour Marseille, bien pour ma famille ». Je n'ai pas trop pensé à moi. Il y en avait deux devant moi. Et sur le podium, j'ai surtout pensé à l'an prochain, ce que l'on pouvait faire avec Marseille, ce que l'on pouvait faire avec la France. Ça va être une grande année. Réalisez-vous ce que représente cette médaille ? Non, vraiment pas. Ce n'est pas normal, mais finalement je suis un peu déçu, je m'attendais un peu à mieux. Même si je suis quand même très content. Y a-t-il une différence avec vos premières médailles internationales, le bronze déjà sur 100 mètres à Budapest et l'argent avec le relais 4x100 lors des mêmes championnats d'Europe ? Ce sont deux compétitions différentes. Là, il y avait beaucoup plus de pression. Je ne savais pas quel nageur j'étais, je ne savais pas le niveau que j'avais. Là, j'ai l'impression que je commence à me découvrir, en tant que nageur. Je sais un peu mieux gérer le stress, j'ai un peu plus d'expérience. Tout ça joue. Inconsciemment. L'an dernier (à Budapest), j'ai eu un peu peur, là j'ai su transformer ça et le ressortir pendant la course. "Il n'y a pas longtemps que j'ai pris conscience que je pouvais faire quelque chose" Vous l'aviez annoncé depuis votre arrivée à Shanghai. Comment pouviez-vous être si confiant ? Je me suis dit : « sois sûr de toi ». Parce que je n'étais rien ici, j'étais un nageur lambda. Il y avait sept gars à battre. C'est tout. Je suis resté concentré sur moi, sur ma ligne. Je n'ai pas cherché à être un autre, je suis resté moi-même. Quel nageur êtes-vous ? J'ai encore plein de choses à apprendre. J'ai déjà fait la rencontre de plein de gens nouveaux qui m'apportent beaucoup de choses, qui m'apportent leurs expériences, notamment Romain. On découvre tous les deux le haut niveau par palier, il m'apprend beaucoup, comme Fred (Bousquet), comme Camille (Lacourt). Et puis les gens autour de la natation, ceux qui vivent leur vie à fond. Tout ça se mélange pour essayer de devenir un meilleur nageur. Mais je sais ce que je vaux. Et je sais où est ma place. Je ne me prends vraiment pas pour un autre. Je suis un nageur de 100 mètres, c'est tout. Quel est le secret de votre succès ? Il n'y a pas longtemps que j'ai pris conscience que je pouvais faire quelque chose, il y a cinq ou six ans seulement. Avant, c'était plus de la natation loisir. Je n'avais pas d'ambition. Maintenant, j'en ai un peu plus. C'est Romain Barnier qui m'a ouvert les yeux et appris que la natation c'était un bonheur. Que je ne devais pas subir. Que je devais créer un personnage qui est moi. Et prendre du plaisir à montrer ma véritable nature. Comment rattraper Magnussen ? Je suis parti de 48"5 cette année et j'arrive à faire 48"0. Je ne sais pas d'où il était parti lui, je ne le connaissais pas. Je ne fais pas trop attention aux autres, aux gens qui sont autour de moi. Je vais juste me concentrer sur moi, sur ma façon de travailler. J'ai appris plein de choses sur moi à l'entraînement que je ne savais pas faire avant, depuis les championnats de France. Je me suis découvert en tant que nageur, en tant qu'homme. Je suis devenu adulte.