Meynard: "Champion du monde, pourquoi pas ?"

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Propos recueillis par MORGAN BESA , modifié à
Une semaine après avoir pris la deuxième place du 100m des Championnats de France, qualification pour les Mondiaux de Shanghai à la clé, William Meynard était cette semaine à Paris pour assurer le "service après-vente" de sa bonne performance. L'occasion pour le Marseillais de parler de son travail en club mais également d'afficher de hautes ambitions en vue de Shanghai.

Une semaine après avoir pris la deuxième place du 100m des Championnats de France, qualification pour les Mondiaux de Shanghai à la clé, William Meynard était cette semaine à Paris pour assurer le "service après-vente" de sa bonne performance. L'occasion pour le Marseillais de parler de son travail en club mais également d'afficher de hautes ambitions en vue de Shanghai. Le Cercle des Nageurs de Marseille est apparu très soudé lors des Championnats de France, comment, dans un sport individuel, arrive-t-on à avoir un esprit collectif ? Ça fait maintenant cinq ans que Romain Barnier (manager et entraîneur) est arrivé au Cercle. Il est arrivé d'Auburn, une grande équipe universitaire américaine. C'est là qu'il a puisé toutes ses ressources, dans l'équipe, dans la force de l'équipe surtout, dans le coaching particulier d'un individu, mais au sein de l'équipe. C'est ça qui lui donne une force comme ça. On a su créer un groupe vraiment uni, vraiment fort. On se connaît tous, on est bien ensemble. Le collectif permet-il de se dépasser ? Je pense. Ça se voit, au fur et à mesure des journées dans ces Championnats de France. Ça a commencé plutôt pas mal avec Camille (Lacourt), puis chacun a apporté sa pierre à l'édifice. Chacun veut faire parler de lui, marquer l'histoire et les Championnats de France. Les résultats sont là, donc ça marche bien. Après, on fait tout pour, il n'y a pas de secret. On travaille énormément, on travaille énormément en équipe, on est vraiment solidaires. Quand on s'entraîne en musculation, en circuit training, ce sont des heures et des heures d'acharnement où on se supporte les uns les autres. Quelle est la journée type dans le groupe ? Généralement, l'entraînement est à 7 heures. On finit vers les 9-10 heures. Après, on revient vers 15 heures pour faire de la musculation et on enchaîne sur de la natation jusqu'à 19 heures à peu près. Donc cela fait une journée de 5-6 heures d'entraînement. Tous ensemble. Après votre accident de scooter en début de saison, Vous avez dit que vous aviez dû recommencer quasiment à zéro. Qu'est-ce que cela veut dire ? Je n'avais plus aucune sensation dans l'eau, j'avais grossi, je n'avais plus les traits d'un sportif, en gros. Et je n'avais plus le mental d'un sportif surtout, j'étais redevenu une personne lambda. Une personne normale, qui vit sa vie normalement. Donc, il a fallu tout rebâtir petit à petit. Pouvez-vous nous expliquer ces sensations dans l'eau dont vous parlez ? C'est à force d'entraînement, de répétition. Des fois, on est bien, des fois on n'est pas bien, c'est ça qui fait la beauté de ce sport, on peut se sentir très aquatique un jour et pas bien du tout un autre jour. On est toujours à la recherche d'une sensation. On essaye d'être un peu un mammifère marin. Et une fois qu'on a trouvé cette sensation, c'est facile à reproduire ? Oui, c'est facile, puisque normalement, une fois qu'on l'a, on ne la quitte plus. Il faut juste jouer avec comme un chef d'orchestre. On joue avec petit à petit, il faut juste la re-régler de temps en temps. "Je dois faire ma place" Votre seconde place sur le 100m aux Championnats de France a surpris, vous êtes-vous surpris vous-même ? Il faut toujours prouver aux gens qu'on est là, surtout dans un sport individuel. Les médias m'avaient vite oublié. Après, moi, je savais de quoi j'étais capable, je m'entraînais pour ça. Malgré le fait que je n'ai eu que trois mois d'entraînement, je ne me suis entraîné que pour ça, avec ce seul objectif: me qualifier (Pour les Mondiaux de Shanghai). Que je sois premier ou deuxième, peu importait, c'est avoir mon ticket pour Shanghai qui était important. Le fait d'être moins médiatisé que d'autres vous donne-t-il plus «faim» ? Non, chaque année, c'est la même rengaine, donc je commence à être habitué. Même si j'étais connu, je nagerais sans pression. Je dois faire ma place, je dois faire mon chemin. C'est moi qui décide de tout ça, les gens ne peuvent pas faire tout ça à ma place, donc c'est à moi à chaque fois de recréer une nouvelle sensation, de recréer une image. Jusqu'au jour où vous ne serez plus une surprise ? Oui, mais est-ce que ce sera encore drôle quand cela ne sera plus une surprise ? Je ne sais pas, il faudra voir. Devenir un taulier du 100m, est-ce un objectif ? Oui, oui bien sûr. Même champion du monde cet été, pourquoi pas ? Je m'y ferai vite... Préparez-vous ces Mondiaux de Shanghai comme les Championnats d'Europe l'été dernier ? Je ne sais pas du tout, parce que j'atteins le même niveau que l'an dernier à Budapest où j'ai fait mon meilleur temps. Je pense que j'ai un petit peu de marge. Après on va voir, je vais être très très très prudent, en reprenant doucement, en reprenant vraiment sur les acquis, sans se brûler les ailes. Il ne faudrait pas commencer très fort et puis finir très faible. Mais avec mon niveau de maintenant, je pense que je finirai beaucoup plus fort. "La pression des Championnats de France, c'est une finale olympique" Ces Mondiaux sont-ils plus faciles à aborder que les Championnats de France ? C'est une autre pression. La pression des Championnats de France, pour nous, c'est une finale olympique, c'est inimaginable. Il y a une pression dans la chambre d'appel, tout le monde se regarde et a envie de se tuer. La tension est vraiment palpable. Tout le monde a envie de faire du mieux qu'il peut. Est-ce plus facile ? Je ne sais pas. Pour moi, c'est un peu plus facile parce que je ne connais pas les nageurs étrangers, comme je suis un petit peu nouveau dans ce monde. Pour revenir aux Championnats de France, aviez-vous senti dans la chambre d'appel que ça allait bien se passer ? Non, je le savais dès le matin. Je ne me sentais pas bien le jour du 50m, où j'ai palpé un peu l'eau. Mais le jour du 100m, ça a marché tout de suite, je l'ai senti, je n'ai pas eu à faire grand-chose. Et puis je l'ai voulu surtout. Même Romain (Barnier), au bout de 500m d'échauffement, m'a dit: "C'est bon, tu peux sortir, ce n'est plus la peine, c'est là, il n'y a rien à changer". Comment expliquez-vous la réussite de la natation française en général ? C'est phénoménal. Je pense qu'on le doit à Laure Manaudou. Après, on s'est un peu transmis le flambeau. Maintenant, on est quelques jeunes, dont Yannick (Agnel), Jérémy (Stravius) et moi-même, qui voulons notre place. On essaye d'entretenir cette belle natation française. A Shanghai, l'objectif, ce sera la médaille d'or ? Oui. J'aimerais bien en avoir deux ou trois. Avec les deux relais, 4 nages et crawl. Après, le relais, c'est un petit peu plus aléatoire, il y a trois autres personnes. Mais c'est cela mon objectif. Qu'est-ce qu'on pourrait dire aux jeunes qui voudraient être comme William Meynard ? C'est facile d'être nageur ? Non, c'est la chose la plus difficile au monde, je pense. Il faut s'entraîner tout le temps, tout le temps. Et pas seulement s'entraîner, il y a aussi la manière de penser. Un conseil que je donnerais aux jeunes: penser positif pour réussir. Et qu'il n'y ait pas de limite. C'est le plus gros conseil que je peux donner, et celui qui marche le mieux. VIDEO William Meynard, programmé pour Shanghai 2011.