Matuidi, le discret ambitieux

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AXEL CAPRON , modifié à
Régulièrement appelé en équipe de France par Laurent Blanc depuis sa prise de fonctions, Blaise Matuidi devrait honorer sa troisième sélection lundi soir, à Donetsk, lors de la rencontre amicale face à l'Ukraine. L'occasion pour le Stéphanois de confirmer tout le bien que pense de lui le sélectionneur et surtout de marquer les esprits à un poste très concurrentiel.

Régulièrement appelé en équipe de France par Laurent Blanc depuis sa prise de fonctions, Blaise Matuidi devrait honorer sa troisième sélection lundi soir, à Donetsk, lors de la rencontre amicale face à l'Ukraine. L'occasion pour le Stéphanois de confirmer tout le bien que pense de lui le sélectionneur et surtout de marquer les esprits à un poste très concurrentiel. Profil bas, mais hautes ambitions. Tel pourrait être le portrait vite dessiné de Blaise Matuidi, international français depuis le 7 septembre 2010 et une première entrée en jeu en Bosnie à la place de Florent Malouda. A le voir arriver tête basse et pas traînants dans la grande salle de presse du Stade olympique de Donetsk, situé juste en face de l'ultramoderne Donbass Arena, où la France affrontera l'Ukraine lundi en match amical, on se dit que le Stéphanois est homme à se satisfaire de sa présence parmi les 26 Bleus de cette "tournée de l'Est", mais à l'écouter, on comprend bien vite que son objectif est tout autre. Certes, il attaque par un discours convenu - "Si le sélectionneur fait appel à moi, c'est une preuve de grande confiance, à moi de répondre présent" -, mais en le poussant un peu, on devine une vraie détermination à passer du joueur de banc qu'il est jusqu'à présent à un titulaire à part entière dans un secteur de jeu très concurrentiel en équipe de France (Alou Diarra, Abou Diaby, Yohan Cabaye, Yann M'vila, sans oublier les joueurs comme Lassana Diarra, voire Jérémy Toulalan, non retenus). Lorsqu'on lui parle de ses "vrais" débuts, plutôt réussis, en équipe de France, avec une titularisation surprise fin mars face à la Croatie (0-0), le gaucher de 24 ans répond ainsi: "Pour une première, c'était plutôt pas mal, mais j'aspire à mieux. Il y a énormément de concurrence à mon poste, mon objectif est de rester dans le bon wagon". C'est tout ? Non, car il poursuit aussitôt: "Après, je suis un compétiteur, j'aurai envie de jouer, comme tout le monde. Je suis ambitieux, j'ai envie de franchir des paliers." Les compliments de Blanc Les actuels titulaires du poste, que Matuidi reconnaît regarder attentivement lorsqu'ils jouent - "On observe toujours les gens qui évoluent à notre poste, ils peuvent aussi servir d'exemples, comme Alou Diarra, à moi d'essayer de suivre son exemple et de me servir de son expérience pour atteindre son niveau" - sont prévenus: s'il n'est pas en équipe de France pour faire des vagues, l'ancien Troyen qui, à 24 ans, compte déjà 197 matches de Ligue 1 dans les pattes entre l'ESTAC et Saint-Etienne, n'est pas là non plus pour faire des cadeaux, d'autant que Laurent Blanc a la plus grande estime pour lui. Ainsi, fin mars, après le nul face à la Croatie, le sélectionneur s'était volontairement attardé sur la performance de son milieu: "C'est un joueur qui est assez régulièrement appelé, je l'apprécie beaucoup de par sa mentalité. Il est très attentif, très volontaire, et surtout, il ne se pose pas de questions. Je pense que Blaise Matuidi a gagné sa place ce soir et durant le stage." Difficile de faire plus élogieux ! Qu'en a pensé le Stéphanois, que Laurent Blanc a du coup emmené dans ses bagages pour cette tournée de juin ? A l'évocation des compliments "présidentiels", s'esquisse un léger sourire sur son visage lisse: "La Croatie m'a permis de montrer que ce que je fais au quotidien ne passe pas inaperçu. C'était une surprise d'être titularisé. Je ne me suis pas posé de questions." Et si c'était ça, la marque de fabrique de Matuidi, cette propension à avancer sans se poser de questions inutiles ? Un départ de Saint-Etienne pour "franchir une étape" ? Des questions, il s'en pose cependant quelques unes, notamment celles de son avenir, lui qui aspire désormais clairement à franchir un palier en quittant l'AS Saint-Etienne, dont il est devenu un cadre indiscutable en quatre ans, pour un club plus "chevronné". De France, d'Italie, d'Angleterre ou d'Espagne, les sollicitations arrivent de toutes parts, reste à choisir la bonne, celle qui lui permettra de continuer à jouer et donc à prétendre attirer l'attention de Laurent Blanc, qui a insisté sur le sujet, à un an de l'Euro 2012. "J'ai vraiment envie de franchir une étape, donc il faut que je me pose les bonnes questions. Je ne sais pas si ça passe par un départ, mais je veux vraiment me concentrer sur la sélection, d'autant qu'on sait qu'en sélection, on va être vu." L'occasion de se montrer auprès d'éventuels acquéreurs va donc être offerte si ce n'est lundi à Donetsk, au moins jeudi à Varsovie, à un Blaise Matuidi qui, s'il est clairement sur la bonne voie, sait aussi qu'il a encore une bonne marge de progression: "Il me manque un peu de tout, surtout dans le jeu vers l'avant, dans l'utilisation du ballon. Je suis un récupérateur avant tout, concentré sur la récupération du ballon et le fait de le donner proprement, mais j'aspire à être plus décisif, à faire plus de passes décisives et à marquer plus de buts, c'est ce qui fait la différence entre un bon récupérateur et un excellent récupérateur." Bref, Matuidi, qui confie avoir un modèle - "C'est Claude Makelele, il a su être performant, du Real Madrid au Paris SG," -, sait où il veut aller et par quel chemin, cette tournée est l'occasion toute trouvée de marquer les esprits...