Lucas-Pellegrini, mariage de feu

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LAURENT DUYCK , modifié à
Il y avait Lucas-Manadou, un tandem qui a popularisé et décomplexé la natation française. Il y a désormais le duo Lucas-Pellegrini, mariage franco-italien qui promet de faire du bruit autour des bassins. Sollicité par la star italienne, le plus reconnu des entraîneurs français a pour mission de ramener la belle au sommet. Premier grand rendez-vous, les Mondiaux de Shanghai (16-31 juillet).

Il y avait Lucas-Manadou, un tandem qui a popularisé et décomplexé la natation française. Il y a désormais le duo Lucas-Pellegrini, mariage franco-italien qui promet de faire du bruit autour des bassins. Sollicité par la star italienne, le plus reconnu des entraîneurs français a pour mission de ramener la belle au sommet. Premier grand rendez-vous, les Mondiaux de Shanghai (16-31 juillet). Il aura fallu attendre quelques minutes, le temps pour Philippe Lucas de préciser que sa nouvelle recrue avait déjà nagé 9,2 kilomètres de bon matin, preuve qu'on ne change pas une formule qui gagne, avant d'entendre pour la première fois le nom de Laure Manaudou dans l'assistance venue célébrer jeudi matin, dans le cadre très cossu de la Croix-Catelan, l'officialisation du mariage entre l'entraîneur bodybuildé et Federica Pellegrini. Assis au côté de la belle Italienne et de Luca Marin, vieilles connaissances de la championne olympique 2004 du 400m, l'ancien mentor de la future ex-retraitée des bassins, association qui a popularisé et décomplexé la natation française au début du siècle, ne pouvait échapper à la référence. "Je ne suis pas là pour parler de Manaudou. C'est du passé. Aujourd'hui, ce qui m'intéresse, c'est Federica et Luca. Chacun sa technique de nage, son caractère. Personne ne se ressemble. Et ceux qui ressassent le passé vont dans le mur." Et puis, c'est tout... Difficile pourtant de ne pas penser à Laure Manaudou, là, au bord du bassin de 50 mètres de la Croix-Catelan, où Arnaud Lagardère lui prête généreusement quelques lignes d'eau au côté des habituels locataires des lieux, en voyant déambuler Lucas dans son plus beau jogging et Pellegrini sous sa mèche éternelle, devant un Marin réduit au simple rôle de porteur de chandelle. Il y avait là un côté soap-opera, genre "Amour, gloire et beauté" ou "Les Feux de l'Amour", dont les journalistes italiens, débarqués en nombre dans la capitale, n'ont pas raté une miette. Imaginez plutôt: l'ancienne rivale de Manaudou, aujourd'hui en couple à la ville avec l'ancien compagnon de Manaudou et coaché par l'ancien entraîneur de Manaudou, ça fait beaucoup pour passer inaperçu. Lucas, le pare-balles Le trio Lucas-Pellegrini-Marin devra s'y préparer. De ce côté-ci des Alpes, comme de l'autre, les noces risquent de durer. Et d'alimenter les gazettes. Star au pays, la nageuse italienne, championne olympique du 200m (2008), double championne du monde du 200 et du 400m (2009), n'a pas choisi la grande gueule du sport français pour rien. La belle l'avoue elle-même. Depuis la mort de son entraîneur et mentor Alberto Castagnetti à l'automne 2009, elle a besoin d'un homme pour la protéger et gérer son stress. "Ça a été un traumatisme. Pas seulement pour moi mais pour tout le groupe de Vérone. Mon erreur ensuite a été de choisir quelqu'un qui n'avait pas l'habitude du haut niveau (Stefano Morini)", explique Pellegrini, victime d'une nouvelle crise d'angoisse, la troisième de sa carrière en pleine compétition, fin novembre lors des championnats d'Europe en petit bassin d'Eindhoven. Avec Lucas, Philippe et non Marin..., l'Italienne a trouvé l'épaule sur laquelle se reposer, ce pare-balles à toute épreuve. "Philippe sait gérer la pression, il connaît le haut niveau. Et j'ai l'habitude des entraîneurs plutôt stricts, Alberto en est le meilleur exemple", souligne-t-elle. Un personnage que l'intéressée a découvert à l'entraînement ce jeudi matin. Et que les journalistes transalpins ont appris à mieux connaître dans la foulée. "Il y a tellement de charrettes que c'est agréable d'avoir un nageur qui a envie de s'investir. Rien que sa démarche, c'est une source de motivation importante", se félicite-t-il, faisant fi des casseroles de sa nouvelles championne. "Il n'y a pas de souci de faiblesse, de gestion de course. Tout ça, ce sont des conneries. Je n'écoute pas ce qu'on raconte. Je ne crois que ce que je vois, rappelle-t-il. Ce qui m'intéresse, c'est la manière dont elle nage. Tous les grands champions doutent, c'est normal. Quand vous gagnez un titre et qu'il faut le remettre en jeu, c'est dur, mais c'est normal. Manaudou ne voulait pas nager en 2005, pareil aux Mondiaux 2007. Ça fait partie de notre métier de les rassurer, il faut discuter, prouver qu'il n'y a pas de problème." La thérapie de choc a commencé. A Paris. Loin de Vérone où la piscine est en travaux et les souvenirs vivaces même si Pelligrini n'exclut pas d'y revenir pour "préparer une partie des JO là-bas". Premier rendez-vous le 5 mars pour des Interclubs à Milan. Puis en avril pour les championnats d'Italie (du 13 au 18), "première étape importante" avant les Mondiaux de Shanghai (16-31 juillet) pour le bilan. D'ici là, les deux parties vont s'apprivoiser. L'Italienne va perfectionner son français. Et Lucas polir sa nouvelle championne. Peu importe qu'elle soit italienne. Peu importe qu'elle soit l'ancienne rivale de Manaudou. "Je me fous de la couleur du survêtement. Ce que je veux, c'est gagner des titres. Je ne dis pas que c'est simple. Mais c'est plus facile quand vous entraînez Manaudou, Potec ou Pellegrini, que quelqu'un qui boite." La présentation officielle devant la presse de la collaboration de Federica Pellegrini et de Philippe Lucas en vidéo