Lille, la leçon de réalisme

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LAURENT DUYCK , modifié à
Le Losc paie décidément cher pour apprendre en Ligue des champions. Après deux premiers matches où ils ont péché par manque d'attention dans les dernières minutes contre le CSKA Moscou (2-2) et Trabzonspor (1-1), les Lillois ont cette fois fait connaissance avec le réalisme italien, battus mardi par l'Inter Milan (0-1) malgré une nette domination dans le jeu. Une leçon qui plombe les ambitions européennes des champions de France...

Le Losc paie décidément cher pour apprendre en Ligue des champions. Après deux premiers matches où ils ont péché par manque d'attention dans les dernières minutes contre le CSKA Moscou (2-2) et Trabzonspor (1-1), les Lillois ont cette fois fait connaissance avec le réalisme italien, battus mardi par l'Inter Milan (0-1) malgré une nette domination dans le jeu. Une leçon qui plombe les ambitions européennes des champions de France... Le pedigree d'une grande équipe européenne ne se mesure pas qu'à son palmarès, aussi fourni soit-il, comme peut l'être celui de l'Inter Milan, vainqueur de la Ligue des champions à trois reprises (1964, 1965, 2010). Le Losc, revenu plus d'un demi-siècle après au sommet du football hexagonal mais qui reste un "nain" européen, l'a appris à ses dépens mardi lors de la troisième journée de la Ligue des champions. Là où sa devancière, pourtant pas plus expérimentée, avait contenu en 2006 le grand AC Milan à domicile (0-0) avant de réussir l'exploit à San Siro (2-0), la jeune formation de Rudi Garcia a cette fois fait l'expérience du réalisme italien, battue par une équipe de l'Inter Milan pourtant seulement en voie de guérison (0-1). "On a vu la différence entre une grosse écurie européenne et une équipe en devenir. J'ai l'impression qu'on aurait pu jouer deux ou trois jours, on n'aurait pas marqué", résumait, fataliste, un Aurélien Chedjou très mordant en défense centrale pour son retour à la compétition. "Ce soir, ils ont une occasion, ils la mettent au fond", appuyait de son côté Florent Balmont, le milieu de terrain lillois. Une impression nourrie par la déception d'avoir compromis leurs chances de qualification pour les huitièmes de finale ? Même pas, à décortiquer les statistiques de la rencontre: 59% de possession de balle pour le Losc, 17 tirs (dont 7 cadrés) contre 5 (3 cadrés) aux Italiens, 12 corners à 3, plus d'une demi-heure avec le ballon dans les pieds... Hazard apprend vite Mais "dominer n'est pas gagner" relevait non sans amertume Rudi Garcia qui n'avait qu'un regret, que son équipe n'ait pas commencé le match comme elle l'a terminé. "On a trop respecté cette équipe de l'Inter en première période, on l'a laissée prendre confiance", constatait-il. Où chercher les raisons de ce faux-départ ? La peur de mal faire ? Le "stress" d'une affiche dont on est rarement l'acteur dans sa vie comme l'imaginait Eden Hazard ? "L'enjeu" tout simplement d'une rencontre que le Losc se devait de remporter pour ouvrir ses perspectives européennes comme voulait le penser Mathieu Debuchy ? Il y a peut-être un peu des trois. Mais les Italiens y sont aussi pour beaucoup, cassant le rythme du début de match pour mieux surprendre les Nordistes sur une action individuelle. "Ensuite, on sait, pour l'avoir étudiée, que cette équipe défend très bien, elle est en nombre dans ses trente mètres. Elle ne s'affole pas, elle a du vice, de l'expérience. On a été victime du réalisme italien", concluait l'entraîneur des Dogues. "On a l'impression qu'ils ont joué sereinement leur match, qu'ils ne se sont pas affolés, confirmait Ludovic Obraniak. Ils ont marqué au bon moment et après ils ont géré. Ils n'ont pas offert de profondeur au jeu. Ils nous ont laissé le ballon mais ils étaient bien regroupés, ils ne nous ont pas laissé d'espace. C'était une démonstration de comment gérer un match de haut niveau." Une leçon pour une équipe encore en apprentissage. "On peut dire ça, on est encore en apprentissage, reconnaissait Garcia. On espère que tout ce que l'on a pu vivre sur les trois premiers matches, on puisse le traduire par un résultat positif. Parce que les joueurs le méritent sur ce qu'ils donnent depuis le début de la compétition." Et pourquoi ne pas mettre toutes ces acquis en application dès la prochaine journée dans deux semaines à Giuseppe-Meazza ? "Chez eux, ils vont jouer, il y aura des espaces, imagine déjà Hazard. Que ce soit en contre ou en développant notre jeu habituel, je pense qu'il y a aura moyen de marquer un but. Après, pourquoi ne pas essayer de faire comme eux et tenir le score." Visiblement, le prodige belge apprend vite. En espérant qu'il ne soit pas trop tard. "On n'a pas dit notre dernier mot", promet Garcia. Pourvu que l'humilité ne soit pas au programme du prochain cours européen...