Les favoris et outsiders au crible

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Propos recueillis par AXEL CAPRON Br De Sports.fr , modifié à
C'est dimanche que s'élance la 42e édition de la Solitaire du Figaro, avec une première étape, la plus courte des autres, qui mènera les 47 solitaires de Perros-Guirec à Caen. Avant le départ, nous avons demandé au directeur de course Jacques Caraës, lui-même ancien Figariste, son avis sur les favoris et les outsiders d'une épreuve considérée comme l'une des plus exigeantes des courses en solitaire.

C'est dimanche que s'élance la 42e édition de la Solitaire du Figaro, avec une première étape, la plus courte des autres, qui mènera les 47 solitaires de Perros-Guirec à Caen. Avant le départ, nous avons demandé au directeur de course Jacques Caraës, lui-même ancien Figariste, son avis sur les favoris et les outsiders d'une épreuve considérée comme l'une des plus exigeantes des courses en solitaire. LES FAVORIS Gildas Morvan (Cercle Vert), 43 ans, 16e participation : "Ça peut être son année" "Il fait partie de la « plus vieille » école, il n'a pas la jeunesse des marins la nouvelle génération, eux ont peut-être plus de gniaque, mais lui a une expérience énorme, il a touché à beaucoup de podiums et a gagné d'autres épreuves du circuit. La Solitaire lui a toujours échappé, mais je pense que ça peut être son année. Il ne lui manque pas grand-chose, peut-être un petit soupçon de réussite pour franchir le pas, il est toujours aux avant-postes. Ça doit commencer à l'énerver un peu car il est un peu le Poulidor du Figaro, mais je le sens serein, sûr de sa vitesse et de sa préparation, il sort d'une belle victoire sur la Generali, il n'a plus qu'à avoir ce petit coup de pouce, même si la Solitaire est une course plus difficile, plus longue avec plus de pression et de concurrence, c'est plus dur d'accéder à la première place." Jérémie Beyou (BPI), 35 ans, 12e participation (dont une victoire en 2005) : "Il est plus que déterminé" "Je le mets forcément dans les favoris, il est largement capable d'être sur le podium cette année, d'autant plus qu'il s'est mieux préparé que l'année passée, avec le bateau qu'il veut, il a eu le temps de l'optimiser, de bien se préparer. En plus, il aborde cette Solitaire comme un objectif parce qu'il n'a pas d'autres projets annoncés, la Solitaire est pour lui certainement un enjeu important, il a en tout cas mis tous les moyens de son côté pour marquer des points. Je l'ai vu naviguer sur la Transmanche, il avait le couteau entre les dents, il ne voulait rien lâcher, il est plus que déterminé pour cette année, je ne serais pas étonné qu'il soit dans les bons coups. Je serais fier de le voir sur le podium car il mérite d'aller loin." Fabien Delahaye (Port de Caen-Ouistreham), 27 ans, 3e participation : « Tous les atouts pour réussir » "Même s'il n'a pas un gros passif de Figariste, il est à l'école des touts bons, comme les Gabart et Lunven, ils étaient d'ailleurs en coloc ! Il a les moyens et la jeunesse pour faire la même chose qu'eux, il a tous les atouts pour réussir. Cette génération récente apprend deux fois plus vite que nous autrefois, ils sont à un niveau optimum rapidement, ce sont aussi des bosseurs, ils veulent faire carrière, ça se sent dans leur façon de s'entraîner et de se préparer." Frédéric Duthil (Sepalumic), 37 ans, 8e participation : « Il ne lâche pas dans la brise » "Il a une revanche à prendre car il s'était blessé l'année dernière au bras et avait été contraint d'abandonner. Là, il est en pleine forme, a retrouvé un partenaire, c'est un teigneux venu de la planche à voile, il ne lâche pas dans la brise, si c'est un Figaro venté, il faudra compter sur lui. Et il a l'expérience, ce qui est utile car le Figaro, c'est une course d'usure par la fatigue. En plus, il ne fait pas que du Figaro, il a fait de la Mini et d'autres supports, cette génération ne se suffit pas que du Figaro, cette nouvelle génération de coureurs aime aller ailleurs, sur les bateaux du Tour de France, en Mini, en Class 40 ou autres, ils sont touche-à-tout, ce qui leur permet de développer leurs facultés d'adaptation, c'est une très bonne préparation pour la Solitaire. Je ne serais pas étonné de le voir sur le podium." Nicolas Lunven (Generali), 28 ans, 5e participation (dont une victoire en 2009) : "Il gagnera une deuxième fois" "Il fait partie des tout bons, c'est quelqu'un de très calme, de très raisonné, il se prépare de façon très méticuleuse, il n'est jamais dans l'excitation, il est hyper posé. Il a montré déjà son niveau cet hiver, là je le sens aux aguets pour cette Solitaire qu'il a déjà gagnée et que, à mon avis, il gagnera une deuxième fois. En plus gagner cette année, lui permettrait de réaffirmer ses qualités de sportif, car il avait un goût amer du verdict de la Transat Bénodet-Martinique (vainqueur sur l'eau, il fut déclassé pour un point de règlement, ndlr), il fera tout pour oublier tout ça, et la meilleure façon de le faire serait de gagner la Solitaire. Je le vois dans le match." Erwan Tabarly (Nacarat), 37 ans, 11e participation : « Il est très réfléchi » "Il y a beaucoup qui sont très proches en niveau, avec beaucoup d'assurance et d'expérience, Erwan en fait partie, il est à chaque fois au seuil du podium, je suis sûr qu'il peut la gagner. Pas assez méchant ? On dit parfois qu'il faut avoir faim, être méchant, agressif, ça joue peut-être, mais la Solitaire est aussi une course de réflexion et de sérénité, ça ne sert à rien d'être hargneux si on ne sait pas où on va, Erwan est très réfléchi et dans une phase finale, s'il est bien calé, il peut avoir la sérénité pour l'emporter." LES OUTSIDERS Romain Attanasio (Savéol), 34 ans, 9e participation : "Un bon cheval" "C'est un garçon talentueux, il n'est pas loin. Je ne le mettrais pas sur les trois premières marches, car il est peut-être un peu moins hargneux que certains, je ne suis pas sûr qu'il ait la même gniaque que les premiers, mais c'est un bon cheval." Eric Drouglazet (Luisina), 43 ans, 19e participation (dont une victoire en 2001) : "Un dur au mal" "Eric est plus irrégulier, c'est logique qu'en vieillissant, on ne parvienne pas à tenir le même rythme toute une saison, voire tout un Figaro. Sans être méchant, je me demande s'il n'est pas un peu usé par toutes ces années passées en Figaro, je ne sais pas s'il a la même gniaque qu'on lui a connue au départ en Figaro 1 et qui lui a permis de gagner la Solitaire. Il a cependant la compétence, une expérience énorme, il n'a jamais lâché cette course, mais il est plus irrégulier que les jeunes . En revanche, s'il y a de la brise, il faudra compter sur lui car c'est un dur au mal." Jeanne Grégoire (Banque Populaire), 34 ans, 9e participation : "Une femme qui pourrait faire mal aux garçons" "Jeanne a beaucoup gagné en sérénité, elle avait juste besoin de croire un peu plus en elle et je pense qu'elle est en train de franchir le pas. Elle va très vite, toujours, quand elle est au large, c'est parfois sur les phases d'arrivée qu'elle manque un peu de confiance en elle, mais depuis qu'elle est revenue de sa maternité, elle a gagné en sérénité. C'est une femme qui pourrait faire mal aux garçons. Elle est capable certainement de rentrer dans les dix, probablement dans les cinq, voire mieux. Pourquoi pas la première femme à gagner le Figaro ?" Adrien Hardy (Agir Recouvrement), 27 ans, 4e participation : "Il a le niveau" "Adrien a déjà gagné des étapes, il commence à avoir un peu de bouteille, il a le niveau, il commence à très bien connaître le support. Cette année, il vient pour jour le podium, il fait partie des dix-douze très proches les uns des autres et susceptibles de gagner des étapes, voire mieux." Francisco Lobato (ROFF), 26 ans, 2e participation : "Une super intuition naturelle" "C'est un teigneux qui va très vite. Il lui manquait de l'expérience, il connaissait ses défauts, il avait des petites cases à travailler plus que d'autres comme l'informatique et la météo, il a beaucoup travaillé là-dessus cet hiver au centre de Port-la-Forêt. Il a une super intuition naturelle, il va falloir compter sur lui sur cette Solitaire." Laurent Pellecuer (L'Option Sud), 37 ans, 15e participation : "Son petit souci, la régularité" "Son petit souci, c'est la régularité. Or, un Figariste qui arrive à monter sur le podium, c'est quelqu'un de très régulier, c'est sur ce côté qu'il pèche un peu, il fait parfois d'excellents coups mais il lui arrive aussi de s'effondrer un peu. Donc s'il arrive à rester plus concentré, il a les moyens. Après, je ne sais pas s'il a l'occasion de travailler autant que ceux du Finistère qui travaillent ensemble toute l'année, s'il a navigué autant que les Finistériens. Car il n'y a pas de secret: ceux qui naviguent beaucoup ont souvent plus d'aisance sur la Solitaire." Thomas Rouxel (Bretagne- Crédit Mutuel Performance), 28 ans, 6e participation : "Aux portes du succès" "Je le vois très bien, c'est quelqu'un de très discret, il a beaucoup progressé depuis qu'il s'est mis au Figaro il y a trois-quatre ans. Il sait prendre le bon là où il est, à chaque fois, il est dans les bons coups, et maintenant, c'est de plus en plus répété. Il fait partie de cette jeune génération aux portes du succès." Thomas Ruyant (Destination Dunkerque), 30 ans, 1ère participation à la Solitaire : "L'homme à suivre" "Il a prouvé dans toutes les séries qu'il a touché qu'il était aux avant-postes, donc la classe Figaro ne doit pas lui faire peur. Il va être l'homme à suivre en tant que bizuth, maintenant, pour toucher au podium, je pense qu'il lui manquera un peu d'expérience. Faire un podium la première année, il faut être un virtuose. Mais que ce soit en Class 40 (il a gagné la dernière Route du Rhum, ndlr), en Mini (vainqueur de la dernière Transat 650, ndlr) , ou autres, il a réussi, on le regardera donc avec attention." Et aussi :"Je pense qu'il faudra avoir un oeil sur l'Anglais Sam Goodchild, qui s'est montré lors des courses de préparation, il est très très jeune (21 ans), mais à travers lui, on sent que la qualité de préparation anglo-saxonne a beaucoup progressé. Je citerais aussi Paul Meilhat, un gars pertinent, il peut faire partie des skippers qui peuvent surprendre."