Les Bleus peuvent entrer dans l'Histoire

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Régis AUMONT, à Vienne , modifié à
EURO - Les Experts ont l'occasion de réussir le fantastique triplé JO-Mondial-Euro.

EURO - Les Experts ont l'occasion de réussir le fantastique triplé JO-Mondial-Euro. Il est toujours difficile de comparer les sports, mais l'équipe de France de Claude Onesta est en passe de faire mieux que la génération des footballeurs montés sur le toit du monde en 1998 à Saint-Denis, puis de l'Europe en 2000 à Rotterdam. Les Experts, petits frères des Bronzés, Barjots et autres Costauds, ont l'occasion, dimanche après-midi au Stadthalle de Vienne, de réussir ce qu'aucune équipe de handball n'a jamais effectué, à savoir gagner dans la foulée les titres olympique, mondial et européen. Même la grande Suède du milieu des années 1990 n'avait pas accompli ce triplé. Cette performance exceptionnelle est plus que jamais à la portée des Français qui, malgré une entame quelque peu délicate en Autriche, sont parvenus à se hisser en finale du championnat d'Europe tout en restant invaincus. Depuis le deuxième tour disputé à Innsbruck, les Bleus n'ont d'ailleurs cessé de monter en puissance. Leur démonstration en demi-finale face à l'Islande (36-28), qui avait pourtant souvent dominé son sujet lors des phases de poules, a fini de rassurer les plus frileux. Les Experts, perturbés par de nombreuses blessures lors de la préparation du tournoi, excellent à nouveau. Mais pour réussir ce fameux triplé, les coéquipiers de Nikola Karabatic devront conserver ce niveau d'excellence pendant encore une heure minimum devant les Croates eux aussi un peu en dedans lors des premiers matches. Mais ils sont une nouvelle une fois au rendez-vous. Pour un France-Croatie équivalant aux France-Brésil en football. Onesta: "L'équipe croate est brillante, a du génie et la défense est très solide" La finale rêvée donc, entre deux équipes qui se respectent beaucoup mais dont les récents affrontements ont fait naître une véritable rivalité. Menés par deux joueurs d'exception, Nikola Karabatic pour les Français, Ivano Balic pour les Croates – qui ne se souvient pas de leur duel tête contre tête en finale du dernier Mondial – ces deux équipes se connaissent par coeur et leurs oppositions donnent le plus souvent lieu à des matches serrés et crispants. "Ce sera une vraie finale, face à nos meilleurs ennemis, déclare Claude Onesta. Il est bien évidemment toujours intéressant de se confronter à ce qui se fait de mieux. Comme on l'a vu en demi-finale, l'équipe croate est brillante, a du génie et la défense est très solide pour n'avoir pris que 21 buts face à la Pologne." Jouant sur un faux-rythme, n'hésitant pas à truquer parfois pour pousser les arbitres à arrêter le jeu, les hommes de Lino Cervar sont très difficiles à manoeuvrer et il est rare que face eux le tableau de marque ne s'affole. L'an dernier, lors de la mémorable finale du mondial disputée à Zagreb devant 15 000 supporters croates déchainés, les Français l'avaient emporté en ne concédant que dix-neuf buts (24-19). Si la défense sera la clé du match, les petits détails compteront sans doute encore plus que d'habitude. "Ce sera un combat de jeux puissants et au premier qui lâchera prise, poursuit le sélectionneur des Bleus. Nous avons l'avantage d'avoir gagné la dernière finale du mondial face à eux et peut-être qu'ils sont encore marqués par ce dernier affrontement. L'essentiel sera de les pousser jusqu'aux derniers retranchements. Chaque erreur de notre part peut être fatale et il faudra ne pas rater notre début de match." Le jeu tricolore est néanmoins bien en place. Plus aéré qu'au début de l'Euro, il permet enfin d'utiliser la vitesse des deux ailiers virevoltants que sont Luc Abalo et Michaël Guigou. La base arrière est également plus efficace, à l'image d'un Nikola Karabatic impeccable face à l'Islande (9 buts à 100%). Et depuis que les derniers réglages ont été effectués, les passages à vide des vingt dernières minutes ont disparu. Tous les feux sont donc au vert même si le capitaine Jérôme Fernandez prône la plus grande vigilance. "Il faudra faire très attention. De plus les Croates sont revanchards d'avoir perdu la finale du dernier mondial chez eux il y a un an." A Vienne, si l'atmosphère ne sera pas aussi hostile que celle de Zagreb, elle sera comme souvent depuis deux semaines en faveur de l'adversaire des Français. D'autant que plusieurs milliers de supporters croates ont fait le déplacement dans la capitale autrichienne. Aux Bleus de rester dans leur bulle, comme ils savent si bien le faire. L'or et une grande première sont à portée de leurs mains.