Lemaitre sur la bonne voie

© MAXPPP
  • Copié
, modifié à
ATHLE - Le nouveau record de France du 100 m établi mardi par Lemaitre (9"96) est de bon augure.

Christophe Lemaitre n'a pas gagné le 100 m de la réunion de Montreuil, mardi soir. Mais le sprinteur français, battu d'un centième par le Jamaïcain Yohan Blake, a néanmoins réussi à améliorer pour la deuxième fois son record de France, en le portant à 9"96. Lemaitre était devenu le premier sprinteur blanc à passer sous les dix secondes le 9 juillet 2010 à Valence (9"98). Il avait ensuite égalé puis amélioré cette performance à Rieti, en Italie, le 29 août 2010 (9"97). Ce quatrième temps sous les 10"00 annonce des lendemains qui chantent pour le Savoyard. Explications.

Christophe Lemaitre, deuxième en 9"96 (930x620)

C'est tôt dans la saison. Champion de France du 60 m et médaillé de bronze aux championnats d'Europe à Paris-Bercy cet hiver, Christophe Lemaitre a effectué sa rentrée en plein air le 23 avril dernier, à Aix-les-Bains (10"16). Un mois et demi plus tard, il est donc passé à nouveau sous les dix secondes, ce qui n'était pas forcément attendu. Car même si son 10"00 pile du meeting de Rome le 26 mai dernier - derrière Usain Bolt et Asafa Powell - était prometteur, nous sommes encore à plus de deux mois et demi de la grande échéance de l'année pour Lemaitre, les championnats du monde de Daegu, qui auront lieu du 27 août au 4 septembre.

Il faisait frais. C'était loin d'être la chaleur estivale, mercredi soir, à Montreuil. Clou de la soirée, le 100 m avait été programmé en fin de réunion. Et au moment où les sprinteurs ont pris place dans les starting-blocks, il ne faisait que 14°C, avec un temps fortement couvert. Or les coureurs de 100 m - et surtout leurs musculatures - s'accommodent davantage de la chaleur. Et le vent, bien que favorable, n'était que de 0,9 m/s alors qu'il peut aller jusqu'à 2 m/s pour que les chronos soient validés.

Tout n'était pas réuni. Certes, il y avait Blake, Dwain Chambers et Daniel Bailey, de vrais clients, mais la crème du sprint mondial, les Bolt, Powell et autre Gay, n'était pas présente au départ. Or, dans le sprint comme dans la plupart des autres disciplines de l'athlétisme, l'émulation fait souvent la performance. On peut également ajouter que la piste de Montreuil n'est pas vraiment connue pour être la plus "rapide" du monde.

Il n'a pas réussi la course parfaite. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce nouveau record de France n'est pas le résultat d'un 100 m 100% maîtrisé. Le sprinteur tricolore l'a reconnu. "Par rapport à Rome (3e en 10"00), j'ai pris un moins bon départ aujourd'hui (mardi) mais j'ai mieux fini." Or, son entraîneur Pierre Carraz, explique presque l'inverse, dans des propos publiés mercredi dans L'Equipe. "Comme à Rome, il est bon pendant 80 mètres mais les 20 derniers, ça ne va pas. Il va chercher en amplitude, il oublie de mettre du rythme." Bref, il y a semble-t-il du temps à gagner à partout et, de l'aveu même de Lemaitre, "ça va descendre". Entendez par là, le chrono.

"Je ne m'attendais pas à aller aussi vite", explique Lemaitre :

Il se rapproche du Top 10 mondial. Il faut le préciser, Lemaitre ne domine pas sa discipline comme les deux autres athlètes français qui ont brillé à Montreuil, mardi : Teddy Tamgho et Renaud Lavillenie à la perche, qui ont tous deux signé la meilleure performance de l'année, respectivement au triple saut (17,67 m) et à la perche (5,83 m). Avec ses 9"96, Lemaitre n'est, lui, "que" le onzième performeur de l'année sur 100 m. Sur la seule journée de samedi, entre les meetings de Eugene et de Clermont aux Etats-Unis, huit athlètes sont allés plus vite que lui, avec, en premier lieu, Tyson Gay, auteur d'un impressionnant 9"79. Mais la perspective de voir un sprinteur français en finale d'un 100 m mondial est si excitante... Excitante et crédible. Car sur les dix athlètes qui le devancent dans les bilans, il y a sept Jamaïcains ! Or, ils ne pourront être que quatre aux Mondiaux (Bolt, tenant du titre + les trois premiers des sélections jamaïcaines). Ce 9"96 pourrait donc permettre à Lemaitre de se glisser en finale, ce qui n'a jamais été le cas pour un Français depuis la création des Mondiaux, en 1983.