Le sport : un monde violent

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Frédéric Frangeul avec AFP
Les violences volontaires sont en hausse, selon une étude rendue publique lundi.

Les comportement des footballeurs français, dont les incivilités ont été pointées du doigt lors du dernier Euro, illustrent un mal qui touche en profondeur le sport français. Selon une étude parue lundi, plus de 2.800 infractions ont été constatées en 2010 dans les enceintes sportives en France. Depuis cinq ans, les violences volontaires sont en hausse et visent essentiellement les arbitres ou les représentants de l'autorité.

Les violences volontaires ont augmenté de 6,5% depuis 2006

A l’origine de cette étude, l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP ) a répertorié l’ensemble des incivilités et infractions liées à la pratique sportive en France. Au total, 86% des 2.857 infractions recensées sont des "atteintes aux personnes", observe l’ONDRP, et sont pour l’essentiel des "violences volontaires". Entre 2006 et 2010, elles ont augmenté de 6,5%.

"La violence est prégnante" dans les stades ou les gymnases, commente le criminologue Christophe Soullez Soullez, "mais pas inquiétante". "Elle est dirigée contre les personnes, c'est important et grave, mais pas contre les biens", poursuit le chef de département à l’ONDRP. Le criminologue pointe une "banalisation, dans le sport comme ailleurs, du refus de l'autorité".

La moitié des incidents sont des agressions verbales

Le football, sport le plus pratiqué en club en France, est le plus touché par cette hausse des violences volontaires. Durant la saison 2010-2011, 1,81% des matches de matches ont donné lieu à des incidents pointe la Fédération française de football (FFF).

Pour la moitié ce sont des "agressions verbales", suivies des agressions physiques (46%) dont la majorité des victimes sont des joueurs. Dans 9 "matches à incidents" sur 10, selon ces mêmes chiffres, "au moins un agresseur est un joueur".

Au rayon des supporters violents, 914 personnes ont été arrêtées lors des matches de football de Ligue 1 et au cours de la saison 2010-2011. Au mois d'août 2010, il y avait 211 personnes interdites de stade dont une majorité de 22-30 ans, la plupart en Ile-de-France, puis en Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Les arbitres de football en première ligne

Les quelque 5.400 arbitres de football sont les plus exposés aux agressions. Ils représentent 42% des victimes recensées dont plus de 85% pour des violences verbales.

"Le foot, c'est devenu un mélange de passion et de défouloir", regrette Yannick Mille, un arbitre de 43 ans. En janvier 2011, il avait été lynché à coups de pieds par quatre joueurs du FC Porto, une petite équipe de Cannes, lors d’un match dans les Alpes-Maritimes. Un déchaînement de haine déclenché par le 4e carton rouge qu'il venait d'infliger à cette équipe.

"Il y a une défaillance du système éducatif dans le foot en matière de respect, d'attitude", concède François Gil, ancien responsable de la préformation au PSG. Cet homme de 54 ans pore un regard désabusé sur l’encadrement du sport moderne. Selon lui, "aujourd'hui, on a plus des entraîneurs que des éducateurs, la dimension humaine est laissée de côté".

Des condamnations en hausse

Conséquence de cette tendance, le monde du sport s’invite de plus en plus sur le terrain judiciaire. Ainsi, entre 2005 et 2010, il y a eu une hausse de 69% des condamnations pour des infractions causées dans une enceinte sportive.

Rien qu'en 2010, 63% de ces condamnations ont été prononcées pour "atteintes aux personnes", 22% pour détention ou usage de fumigènes, en majorité, voire d'armes ou jets de projectiles en minorité.  39% des peines prononcées ont été assorties d'un emprisonnement.