Le risque se retourne contre le relais

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LAURENT DUYCK , modifié à
Grosse déception au sein de la délégation française, à la hauteur de celle vécue vendredi avec l'élimination prématurée en série de Frédérick Bousquet. Champion d'Europe en titre, le relais 4x100 4 nages tricolore a été sorti dès les séries de Mondiaux de Shanghai. En titularisant Florent Manaudou en papillon, pour préserver Bousquet qui n'avait pourtant pas beaucoup nagé cette semaine, la DTN avait pris un risque. Qui n'a pas payé.

Grosse déception au sein de la délégation française, à la hauteur de celle vécue vendredi avec l'élimination prématurée en série de Frédérick Bousquet. Champion d'Europe en titre, le relais 4x100 4 nages tricolore a été sorti dès les séries de Mondiaux de Shanghai. En titularisant Florent Manaudou en papillon, pour préserver Bousquet qui n'avait pourtant pas beaucoup nagé cette semaine, la DTN avait pris un risque. Qui n'a pas payé. "Hier, les centièmes étaient avec nous. Pas aujourd'hui", résume Jérémy Stravius. La veille, Alain Bernard rappelait qu'à deux centièmes près, il n'était pas en finale du 50 mètres nage libre et donc n'aurait pas eu la chance d'aller chercher le bronze. Le même écart prive dimanche le relais 4x100 mètres 4 nages tricolore de la finale et donc la France d'une dernière chance d'accrocher une médaille dans ces Mondiaux 2011. La déception est grande, l'équipe de France ratant là une belle occasion de terminer la semaine en beauté, que la médaille soit au rendez-vous ou non, dans une course souvent spectaculaire. Elle l'est d'autant plus que la France n'a pas abattu ses meilleures cartes. Si envoyer au feu Fabien Gilot le matin en séries avec l'assurance de pouvoir compter en finale sur William Meynard, notre médaillé de bronze sur 100 mètres nage libre, était logique, si demander à Jérémy Stravius d'assumer deux courses dans le même jour pour donner plus de chances à Camille Lacourt de décrocher l'or sur 50 mètres dos dans l'après-midi était bien vu connaissant les capacités de récupération du Picard, titulariser Florent Manaudou en papillon aura été une erreur. "Ça n'a pas été un bon choix. Le risque se transforme en catastrophe", ne peut que reconnaître Christian Donzé, le Directeur technique national. Donzé n'assume qu'à moitié Mettre la faute sur le pauvre Manaudou, proche du malaise en zone mixte, serait déplacé. Parce que le dernier venu en équipe de France n'était pas à Shanghai pour ça. "Flo n'avait pas forcément prévu de nager ce 100 mètres papillon. Il a peut-être été mis au courant un peu tard", souligne Stravius. "J'ai accepté parce que je pense que c'est une bonne expérience à avoir pour l'an prochain si je me qualifié. Je ne m'étais pas forcément préparé pour le 100 mètres", explique l'intéressé qui, surtout, est loin d'être un spécialiste du 100m papillon (son meilleur temps, 53"27, réussi en combinaisons, est loin des références mondiales). "On a pris des risques en choisissant Florent, note Stravius. Mais je ne le critique pas, il n'y est pour rien. Il a donné le maximum. Il n'est pas habitué à nager sur une distance supérieure." Pourquoi ce risque, pas "démesuré" à écouter Gilot, mais fatal face aux autres nations qui avaient, elles, décidé d'aligner leur meilleure équipe ? "Pour préserver Fred l'après-midi", répond Donzé. "Fred n'est pas forcément capable de nager de 100 mètres de haut niveau dans la même journée." Difficile à avaler quand on sait que le Marseillais, éliminé prématurément du 50 mètres nage libre, n'aura nagé que quatre petits 50 mètres dans la semaine (trois en papillon et un en crawl). Donzé botte en touche. Et revient sur Manaudou. "On ne peut pas imaginer terminer un 100 mètres papillon de cette façon-là, techniquement et sportivement. Je l'ai vu nager deux ou trois 100 mètres cette saison, il ne nage certes pas en 52 secondes mais il ne les termine pas comme ça. Je n'ai jamais vu ça", s'étonne-t-il. "L'enchaînement pap-crawl est injouable. Fabien ne sait pas s'il va pouvoir faire sa prise de relais." Et le DTN, qui ne veut pourtant pas "accabler Florent non plus", lui qui a été un nageur de papillon, de conclure : "En papillon, quand on mange, on mange." Surtout quand les responsables n'assument qu'à moitié leurs choix...