Le grand combat des Bleus

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LAURENT DUYCK , modifié à
Si la bonne ambiance a jusqu'ici prévalu, la tension va monter d'un cran ce vendredi à Belgrade, théâtre de la finale de la Coupe Davis. Face à une équipe en quête d'un premier titre, la France devra faire preuve de caractère pour espérer ramener le Saladier d'Argent. Gaël Monfils sera le premier à entrer en piste. Suivi de Gilles Simon.

Si la bonne ambiance a jusqu'ici prévalu, la tension va monter d'un cran dès ce vendredi à Belgrade, théâtre de la finale de la Coupe Davis. Face à une équipe en quête d'une première victoire, portée par Novak Djokovic et soutenue par tout un peuple à l'unisson, la France devra faire preuve de caractère pour espérer ramener le Saladier d'Argent. Gaël Monfils sera le premier à entrer en piste. Suivi de Gilles Simon. Bienvenue à Belgrade ! Voilà le message qui n'a cessé d'être porté par les responsables serbes depuis les incidents causés en Italie par certains fanatiques en marge d'un match de football. "Belgrade est une cité pleine de vie et très sûre", insistait même Novak Djokovic, premier porte-parole de son pays. "Nos portes sont grandes ouvertes." S'ils ne doutent pas du sens de l'hospitalité serbe, les Français ne s'y trompent pas: l'enfer leur est bien promis à Belgrade. La Coupe Davis ne s'offre qu'aux fiers. A ces guerriers capables de faire fi de l'environnement, voire mieux de l'apprivoiser. L'heure est venue pour les hommes de Guy Forget d'entrer dans l'arène surchauffée de Belgrade, cette cocotte de 16000 places, ce "ring de boxe" pour reprendre l'expression du capitaine de l'équipe de France. Avec pour chacun, au bout de ces trois jours de combat, l'objectif de toucher pour la première fois ce Saladier d'Argent qui les a tous tant fait rêver, gamins, devant les exploits de la bande à Noah, il y a bientôt 20 ans à Lyon. Ils n'ont pas la même culture mais les Serbes ont fait le même rêve. Enfants de la guerre, Novak Djokovic et ses camarades connaissent mieux que quiconque l'adversité, les efforts effectués pour en arriver là. Une finale de Coupe Davis, la première de la jeune histoire de leur pays, qui représente peut-être une occasion unique pour le tennis serbe et ses ambassadrices de charme que sont Ana Ivanovic et Jelena Jankovic de se hisser au sommet du monde. L'exploit est au bout de la raquette, attendu par un peuple à l'unisson derrière ses tennismen, à qui la Serbie est prête à offrir la même place au panthéon qu'à ses basketteurs et autres volleyeurs. Monfils déjà en panique Le décor est planté. Aux acteurs de jouer. Guy Forget et Bogdan Obradovic, les deux capitaines, ont abattu leurs cartes jeudi midi (voir Forget vote Simon), avec la possibilité de les rebattre avant le double de samedi, mais aussi avant les deux derniers simples de dimanche. Le premier a décidé de lancer Gilles Simon contre Novak Djokovic, autant pour fatiguer le n°1 serbe, qui s'attend à un match à rallonge contre le Niçois, que pour préserver Michaël Llodra pour le double, un point que tous annoncent décisif. Le second a misé sur l'expérience de Janko Tipsarevic, l'homme aux 43 matches de Coupe Davis, pour ouvrir le bal face à Gaël Monfils. Héros de la demi-finale face à la République tchèque, l'imprévisible Tipsarevic, capable du meilleur comme du pire sur le circuit, aura pour mission de faire dérailler Monfils, propulsé n°1 tricolore et patron intouchable de cette équipe de France en l'absence de Jo-Wilfried Tsonga. Une étiquette que l'ancien «vilain petit canard» du groupe France a parfaitement assumée en quart de finale puis en demi-finale, respectivement contre l'Espagne et l'Argentine, lui qui était passé complètement à côté, faute d'humilité, pour sa première en septembre 2009 contre les Pays-Bas. Le joueur n'a pas changé, toujours capable des mêmes excentricités. L'homme a mûri. Au point de faire preuve d'un étrange aveu de sincérité à la veille de son premier combat: "Mentalement, c'est très dur, j'ai du mal à être tranquille, j'espère que je n'aurai pas envie de trop bien faire et me rater. Je me pose beaucoup de questions", confiait-il à l'issue du tirage au sort. "Je suis en panique, ça ne m'arrive pas souvent. Je réfléchis (sur la) tactique, alors qu'on sait que je ne le fais jamais." Monfils aurait-il rendu les armes avant même de combattre ? C'est mal connaître le bonhomme qui promet de garder son naturel: "Si j'ai envie de balancer un 'Allez' très fort dès le deuxième point, je le ferai. Parce que c'est peut-être ça qui va me libérer. Et tant pis si les mecs hurlent pendant une demi-heure." Le match peut commencer...