Le coup de tête de Renshaw

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ERIC DELTOUR , modifié à
TOUR - Après ses trois coups de tête pendant le sprint, l'Australien est exclu.

TOUR - Après ses trois coups de tête pendant le sprint, l'Australien est exclu. Mark Renshaw, qui comme beaucoup d'Australiens est issu de l'école de la piste et donc habitué à "frotter", n'a guère inspiré le respect une fois franchie la ligne d'arrivée et une fois acquise la troisième victoire de son leader, Mark Cavendish. Observateurs, commentateurs et surtout acteurs de ce sprint final: il n'en était pas un, en dehors de son équipe, la Columbia, pour trouver des circonstances atténuantes à l'Australien, coupable d'avoir ouvert à coups de tête, répétés donc à trois reprises, sur le Néo-Zélandais Julian Dean (Garmin), la voie de la victoire à son leader. Jean-François Pescheux, le directeur sportif et technique du Tour de France, ne tardait pas à donner le sens du vent en signifiant au micro de France 2 que Renshaw, non seulement serait déclassé, mais aussi mis hors course, une décision entérinée par les commissaires de course quelques minutes plus tard. "Avec une telle attitude, tout le monde aurait pu être sur le dos. Cela a fait penser à ce qui se voit parfois dans le Keirin, mais le Tour de France n'est pas un combat". Interrogé par Reuters, l'intéressé donnait une version bien différente de ce que les images démontrent clairement en prétendant que Dean, alors que celui-ci lançait parfaitement son leader, Tyler Farrar, avait au contraire tenté quelque chose de dangereux. "Je ne sais pas pourquoi il a fait ça. Soit il continue à aller vers la gauche, il me pousse dans les barrières et je tombe, soit je me penche vers lui. Je n'avais pas d'autre solution. Le tout c'est de sprinter tout droit." Pourtant, à l'annonce de sa mise hors course, il lâchait: "Je m'y attendais.". Revivez l'arrivée de la 11e étape marquée par les coups de tête de Renshaw: "J'ai une équipe qui s'occupe extrêmement bien de moi, lâchait de son côté Cavendish au micro de France Televisions. Il faut avoir beaucoup de courage et quelques fois même faire cela. Je suis très fier de Mark. Vous voyez que Dean le coince aussi et Mark doit faire ce qu'il fait. Dès que j'ai vu l'ouverture je m'y suis glissé mais elle s'est présentée à 375 mètres de l'arrivée. C'était le moment, il fallait que j'y aille." Tyler Farrar, lui, préférait rester philosophe sur la situation. "Le dernier kilomètre était rapide avec vent dans le dos. L'équipe était parfaite, Julian (Dean) super. Il m'amène dans la roue de Cavendish aux 500 mètres mais quand Cav' lance le sprint, Renshaw vient à gauche. Je suis obligé de mettre la main sur le dos pour ne pas tomber. On ne peut pas faire un sprint comme ça. On ne va pas porter réclamation, Cav a bien fait son sprint, mais il ne faut pas que ça se passe comme ça au prochain sprint. Oui, je veux gagner, mais je veux surtout ne pas tomber et là, c'est la santé qui est en danger." En perdant Renshaw, Cavendish se retrouve privé de son pilote habituel dans les sprints, celui à qui il doit tant de succès depuis 2009. Un Renshaw qui rentre dans l'histoire du Tour par la toute petite porte. Un sprinteur exclu de la Grande Boucle, ça ne s'était plus vu depuis le Belge Tom Steels, coupable d'avoir jeté son bidon sur Frédéric Moncassin dans un sprint massif à Marennes d'Oléron en 1997.