Le Top 14 déclare la guerre aux commotions cérébrales

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
RUGBY - La Fédération française de Rugby (FFR) a présenté ses règles pour une meilleure détection des commotions cérébrales chez les joueurs du Top 14.

En 2013-2014, 58 commotions cérébrales ont été observées chez les joueurs du championnat de France de rugby dont 18 mal évaluées sur le terrain. La FFR, inquiétée par ces chiffres, propose pour la saison 2014-2015 de nouvelles règles pour que les clubs arrêtent de renvoyer sur le terrain des joueurs blessés au cerveau.

Le cas Fritz. Si la FFR agit, c'est que le 9 mai dernier, lors d'un match, Florian Fritz, le centre du Stade Toulousain, se prend un coup de genou sur le front. Il revient jouer quinze minutes plus tard malgré qu'il présente les signes évidents d'une commotion cérébrale.

C'est quoi une commotion cérébrale ? Une commotion cérébrale est un traumatisme crânien léger. Ce mouvement, dû à un choc ou à une chute, abîme souvent de manière irrémédiable les cellules.

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Dépression, Parkinson, démence. Sur le long terme, le joueur court plusieurs risques : dépression, maladie de Parkinson, démence, troubles de la mémoire. En février 2014, Shontayne Hape, un Néo-Zélandais évoluant à Montpellier, a arrêté sa carrière. Les séquelles de ses 20 commotions ? "Les choses qui sont arrivées hier, des noms, des numéros, des petits riens, j'oublie constamment. Et j'ai la capacité de concentration d'un enfant".

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Quel est le protocole prévu ? Un joueur du Top 14 soupçonné d'avoir une commotion, passe des tests d'une durée de dix minutes et comportant des exercices du type marcher sur une ligne droite ou rester sur un pied les yeux fermés. S'il réussit, il est renvoyé sur le terrain.

Mieux former les encadrants. La FFR a décidé de durcir le ton car ce protocole selon elle, est insuffisant. Elle va proposer des formations aux médecins des clubs ainsi qu'aux kinésithérapeutes, managers et entraîneurs. Ils seront tous invités à signer une "charte d'engagement".

Des médecins indépendants. Si un club commet une faute lors d'un match aller, c'est-à-dire s'il renvoie sur le terrain un joueur ayant subit une commotion cérébrale, "on lui donnera un médecin indépendant systématiquement pour tous les matchs retour", explique le docteur Jean-Claude Peyrin, président de la commission médicale de la FFR. Et lors des matchs de phase finale, ces médecins indépendants seront présents systématiquement.

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Les limites du protocole. La FFR souhaite mettre la pression sur les clubs car certains comportements persistent : le joueur qui veut faire le dur ou a peur de perdre sa place s'il ne rejoue pas, le manager qui "exige" que le joueur reprenne le jeu.

Enfin, selon le neurologue Jean-François Chermann, auteur du livre KO, le dossier qui dérange, qui s'exprimait en juin dans Midi Olympique : "Les tests prévus ne sont pas suffisants. Tous les signes post-commotionnels apparaissent parfois le lendemain du match, parfois 48 heures plus tard". Pour lui, en cas de doute, le joueur ne doit pas être remis sur le terrain.

Plus de kilos, plus de vitesse. Les commotions ont toujours existé au rugby. Elles sont juste plus nombreuses aujourd'hui. Bernard Dusfour, médecin membre de la commission médicale de la LNR, expliquait à Midi Olympique fin juin : "On s'aperçoit que ces vingt dernières années, les joueurs ont pris en moyenne 10 kilos, que la vitesse a augmenté de 30%, que le temps de jeu a doublé (passant de 20 à 40 minutes) et que les phases dynamiques sont aujourd'hui plus nombreuses que les phases statiques". Ce qui démultiplie les risques de commotions cérébrales.  

Les amateurs ne sont pas oubliés. La FFR ne veut pas perdre ses licenciés. Alors, à la rentrée, les clubs amateurs auront aussi leur protocole commotion. À défaut de médecins, ce sont les arbitres qui vont être formés à reconnaitre les signes d'une commotion chez un joueur. Le commotionné sera alors suivi par un médecin et reprendra progressivement le sport. En cas de deuxième commotion, il devra consulter un neurologue. 

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