Le Racing en récession

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Par Laurent Duyck , modifié à
Depuis son retour en Top 14, le Racing-Métro 92 n'avait eu de cesse de progresser, se qualifiant la première année pour les barrages de Top 14 puis pour les demi-finales la saison dernière, avec l'ambition cette année de franchir un nouveau cap via la H Cup. Peine perdue, le club francilien a d'ores et déjà hypothéqué ses chances de qualification pour les quarts de finale. Pierre Berbizier ne s'inquiète pas.

Depuis son retour en Top 14, le Racing-Métro 92 n'avait eu de cesse de progresser, se qualifiant la première année pour les barrages de Top 14 puis pour les demi-finales la saison dernière, avec l'ambition cette année de franchir un nouveau cap via la H Cup. Peine perdue, le club francilien a d'ores et déjà hypothéqué ses chances de qualification pour les quarts de finale. Pierre Berbizier ne s'inquiète pas. "Vous voyez que le Racing progresse..." Après la cruelle défaite vendredi, de par son scénario, à Edimbourg lors de la deuxième journée de la H Cup (47-48) - un revers qui ruine déjà les chances du Racing de se qualifier pour les quarts de finale de la compétition - Pierre Berbizier trouvait lundi matière à sourire, et s'amusait du coup de ciseau mis aux abords du terrain d'entraînement de La Croix-de-Berny. C'est certes un détail, mais aussi une manière pour le manager francilien de répondre à deux questions en une, après ce difficile coup d'arrêt enregistré sur la scène européenne: non, lui comme ses joueurs ne sont pas plongés en pleine déprime mais oui, le Racing vit peut-être actuellement sa première crise de croissance depuis son retour parmi l'élite. La reprise de l'entraînement en début de semaine a toutefois été un peu dure. "La défaite est digérée, mais elle a laissé des traces, ça nous a fait un peu mal à la tête", nous avouait mercredi Henry Chavancy, le centre francilien. Charge à Berbizier de gommer ces maux à l'âme. "Ce genre de matches m'incite à être combatif, a-t-il insisté. Ce qu'on a montré est intéressant et m'incite à aller plus loin." Et pour ce faire, l'ancien sélectionneur du XV de France (1991-1995) veut faire fi du contexte, c'est-à-dire de cette quasi-élimination de la H Cup, pour se concentrer sur le contenu. "L'enjeu, c'est votre contexte, rappelait-il lundi. Le mien, c'est le jeu. Mon boulot, c'est de replacer les joueurs dans ce contexte-là. Il faut savoir faire la part des choses et ce n'est pas toujours le cas." Va pour balayer ce qui restera comme l'un des gros points noirs de la saison du Racing. Reste à analyser les raisons de cette nouvelle défaite, un match que le Racing avait pourtant en main à un quart d'heure de la sirène, menant alors de 24 points (44-20). "On a pensé que la victoire était acquise, et on a voulu se faire plaisir... On a manqué de réalisme", explique Chavancy, pointant "un surplus d'enthousiasme" plutôt qu'un "manque d'humilité" comme l'avait laissé entendre Berbizier. "Quand j'ai parlé d'arrogance, j'ai parlé de jeu, il faut respecter le jeu", précisait ce dernier lundi. "On a tenté des choses qu'on ne sait pas faire, reconnait Lionel Nallet. On a pratiqué un rugby qu'on ne sait pas jouer. C'est un accident. Je ne pense pas qu'on ait perdu notre âme. C'est un problème de gestion. On est tombé dans une sorte d'euphorie. A un moment, on s'est peut-être vu plus fort qu'on était." Stagner pour mieux re-décoller "On est capable de mettre de l'intensité, pas encore de la gérer", résumait Berbizier, pas plus surpris que ça par ce nouveau travers, à contre-courant de cette notion de rigueur dégagée par le Racing depuis sa réapparition dans l'élite. Le manager francilien s'explique: "Quand on est arrivé en Top 14, on a mis en place les basiques. On arrivait de Pro D2, on a simplifié notre jeu pour être compétitif. Mais si vous voulez évoluer au plus haut niveau et rivaliser avec les meilleurs, il faut forcément faire évoluer votre jeu. On est dans cette phase-là, où il faut trouver un nouvel équilibre, et accepter ce déséquilibre pour mettre en place notre jeu." Quitte à passer par certaines déconvenues. "C'est une période de fragilité qu'il faut accepter, assume-t-il. On n'y était pas habitué, dans la mesure où notre progression était plutôt linéaire et assez rapide. Le joueur ne comprend peut-être pas qu'il n'avance plus aussi vite, mais il faut accepter une phase de stagnation, voire de régression, pour nous permettre d'aller plus loin et de repartir." Cette mutation - inspirée par les deux meilleures formations à l'heure actuelle de Top 14, le Stade toulousain et Clermont - méritait précision auprès de son président, Jacky Lorenzetti, monté au créneau pour rappeler aux joueurs leur devoir d'exigence. "C'est une pression positive, on en a besoin pour fonctionner, disait lundi Berbizier, alors qu'une réunion collective était programmée jeudi. Je lui ai donné l'évaluation de la situation et mon plan d'action, mes réponses et mes solutions.""C'est quelqu'un de passionné, qui donne beaucoup au club", confiait Chavancy à propos de son président. "On peut comprendre qu'il ne soit pas satisfait. Il n'y a pas besoin de remise à l'ordre. On a tous à coeur de lui rendre ce qu'il nous donne, et de lui apporter beaucoup de plaisir." Et si possible dès vendredi, face à une équipe de Biarritz qui, à l'inverse, a profité de la H Cup pour soigner son moral. Mais le BO se déplacera à Colombes sans ses cadres (Harinordoquy, Thion et Balshaw). Le contexte, là encore, où Berbizier ne veut pas tomber. "On va se préparer pour les recevoir, je pense qu'ils seront suffisamment motivés pour tenter de confirmer leur victoire contre les Saracens", déclare le manager francilien, soucieux de la réponse qu'apportera son équipe sur le terrain. Mais toujours dans une vision à long terme. "En rugby, il vaut mieux être intelligent qu'orgueilleux. Je préfère travailler sur l'intelligence que sur le réactionnel." Ce travail sur le long terme, qui sera soumis un jour ou l'autre à un impératif de résultat...