Lanta: "Un vrai état d'esprit"

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Propos recueillis par KRYSTEL ROCHE , modifié à
A une semaine de la reprise du Top 14, Agen reçoit vendredi soir les Italiens de Viadana pour une ultime répétition avant de se rendre à Brive le vendredi 26 août. Au terme d'une longue préparation de deux mois, Christian Lanta, le coach du SUA, espère que son groupe saura surfer sur la bonne dynamique de la fin de saison dernière, comptant sur son état d'esprit pour affronter un début de Championnat très compliqué.

A une semaine de la reprise du Top 14, Agen reçoit vendredi soir les Italiens de Viadana pour une ultime répétition avant de se rendre à Brive le vendredi 26 août. Au terme d'une longue préparation de deux mois, Christian Lanta, le coach du SUA, espère que son groupe saura surfer sur la bonne dynamique de la fin de saison dernière, comptant sur son état d'esprit pour affronter un début de Championnat très compliqué. Christian, la préparation d'Agen a-t-elle été sensiblement la même que l'an passé, ou bien avez-vous apporté quelques modifications ? Elle a été un peu différente, dans le sens où nous avons fait quatre matches amicaux, et affronté des équipes de haut niveau telles que Biarritz, Perpignan ou les Wasps. Nous avions déjà un an de vécu en Top 14. Autant, l'an dernier nous avions 13 ou 14 nouveaux joueurs, et nous avions de gros problèmes de cohésion. Il nous avait fallu du temps pour trouver le rythme et l'homogénéité de l'équipe. Autant là, nous avons fait très peu de recrutement - essentiellement en première ligne -, ce qui nous a permis de maintenir une certaine cohérence dans le jeu. Notre préparation a été dans la continuité de ce que l'on avait fait en fin de saison, alors que l'an passé, c'était un peu la découverte du haut niveau. Sentez-vous que vos joueurs abordent cette nouvelle saison dans l'élite d'une manière différente ? On a un noyau dur, car la moitié de l'équipe est constituée par les mêmes joueurs depuis trois ans. Il y a donc une très bonne ambiance, et les quelques nouveaux joueurs ont été très bien intégrés. C'est la qualité de ce groupe: on a peut-être un peu moins de qualité que d'autres, mais il y a un vrai état d'esprit, un vrai collectif, et c'est ce qui a fait la différence en fin de saison dernière. C'est un groupe qui est stable, qui a la même vie de groupe, qui sait se donner des objectifs, vivre ensemble, et qui développe d'année en année une ambition... je dirais..."normale", celle que l'on doit avoir quand on est des compétiteurs. On imagine que l'impatience est grande à une semaine du premier match de la saison à Brive... Forcément. On a recommencé autour du 20 juin, nous en sommes déjà à deux mois de préparation... Aujourd'hui, l'encadrement autant que l'équipe a envie de démarrer ce championnat. On sait très bien que ce sera difficile, notamment les premiers matches. Mais on a envie de se replonger très vite dans ce Top 14. Vos joueurs ne retrouveront la pelouse d'Armandie qu'au bout de la troisième journée. Auriez-vous préféré démarrer la saison sur vos terres ? Vous savez, avec l'expérience que j'ai, je peux vous dire qu'un calendrier, vous êtes obligé de l'accepter. C'est une chose que vous ne maîtrisez pas. Le club avait demandé à ne pas jouer la première journée à la maison puisqu'on a des constructions de loges, des réaménagements de tribunes... cela permettait de finir les travaux. Le fait est que nous démarrons par deux matches à l'extérieur. Mais c'est surtout que sur les sept premiers matches, nous ne recevons que deux matches à domicile: le LOU et le Stade Toulousain. Toulouse, un gros morceau... Et nous avons des déplacements très compliqués à Brive, Biarritz, Castres, Montferrand, Perpignan. Bref un début de saison où l'on va se retrouver confrontés immédiatement à beaucoup de difficultés. "Les points négatifs sont plutôt à mettre sur le plan des blessés" Quels sont les principaux éléments de satisfaction après les matches amicaux ? On avait fait une très bonne fin de saison au niveau de la qualité du jeu. Notre objectif était de retrouver, à travers la préparation et ces matches amicaux, cette qualité de jeu, d'avoir des performances cohérentes. Pour l'instant, ça a répondu à nos attentes, et le groupe paraît assez solide sur les repères et les systèmes de jeu. Ça, c'est une chose. Après, en championnat, il faut mettre d'autres ingrédients: la combativité, la conquête... Il nous tarde de commencer, de voir si l'on aura la capacité à être aussi performants qu'en fin de saison dernière. Il n'est pas toujours évident d'avoir des repères au niveau du jeu après deux mois de préparation physique intense... Oui. Nous avons énormément travaillé le physique, comme toutes les équipes. Parce qu'après, on sait que le championnat démarre, que l'on enchaîne les matches et que l'on ne travaille quasiment plus physiquement: on est toujours dans la récup et la réorganisation pour le match suivant. Il y a eu un peu de fatigue, notamment contre les Wasps, mais ça fait partie du jeu ! Nous sommes maintenant proches du début du championnat, on est plus dans la "récup'" et la surcompensation des entraînements, de façon à arriver avec le maximum de fraîcheur lors de la première rencontre. Quelles sont les failles sur lesquelles vous avez pu mettre le doigt ? Ce qui pose toujours problème, ce sont toujours les deux ou trois joueurs que l'on laisse dans une préparation... Lors du premier match amical, on a perdu Miguel Avramovic, qui s'est fait une fracture du pied et ne reviendra pas avant deux mois. On a également perdu Romain Edmond-Samuel dans un choc important lors d'un entraînement (fracture du crâne, ndlr), il est arrêté trois mois. Les points négatifs sont donc plutôt à mettre sur le plan des blessés. Nous avons un effectif conséquent, mais sitôt que vous avez deux, trois blessés, quatre joueurs en Coupe du monde... l'effectif s'en trouve tout de suite beaucoup plus réduit. Hormis ces blessures, rien à redire sur l'attitude de vos hommes ? Heureusement qu'il n'y a pas de points négatifs avant même d'avoir démarré le championnat (sourire). Nous avons un groupe qui a su s'affirmer progressivement en Top 14. Mais c'est un groupe qui est conscient aussi que, s'il ne réalise pas une saison encore meilleure que la saison passée, il sera en danger. Un groupe dont les leaders ont la tête sur les épaules. Nous savons tous évaluer ce qui nous attend: on est le plus petit budget (avec Bordeaux), on sait que l'on est la plus petite ville... donc on sait qu'à terme, ce sera difficile. En tout cas, aujourd'hui, on est une bonne équipe, qui s'est forgée sur la saison passée en Top 14, qui a envie d'exister, qui a envie de faire à nouveau de bonnes performances. Je crois que l'on sait les difficultés qui nous attendent, tout en ayant confiance en notre potentiel et en notre force collective. "L'erreur serait de penser que les choses vont se faire plus facilement" Quels principaux paliers vous reste-t-il à franchir ? Il faut le vivre un peu au jour le jour... Même si on a fait une bonne saison, on sait qu'on manque encore beaucoup d'expérience. Il nous faut donc accumuler très vite l'expérience qui nous a manqué l'an passé. Je crois que nous n'avions pas à rougir sur la fin de saison, on a su battre à domicile des équipes comme Toulon, Montferrand ou Castres, et on finit dixièmes de ce championnat. Nous avons donc envie de confirmer. Dans quels travers faudra-t-il à tout prix éviter de tomber pour ne pas se faire de frayeurs ? Que la fin de saison nous occulte un peu la réalité des choses... Oui, on a fait une belle fin de saison. On a su aller gagner à la Rochelle, à Brive, on a battu de grosses équipes. Mais l'erreur serait de penser que les choses vont se faire plus facilement cette année. Les joueurs sont prévenus ! Donc si l'on commettait une faute, ce serait celle-là: penser que ce sera moins difficile. Mais nous nous sommes préparés en étant persuadés que ce sera encore plus dur, car c'est une année où il faut confirmer. Peut-être que l'année dernière, on a créé un peu la surprise. Les grosses équipes se sont peut-être fait piéger en pensant que ce serait facile de gagner à Agen, encore que les équipes ont de la mémoire... je pense qu'elles nous prendront beaucoup plus au sérieux. Les matches seront d'autant plus durs. Quel sera l'objectif n°1 cette année ? De confirmer. Je suis revenu avec Christophe (Deylaud, ndlr) il y a trois ans, on a repris le club au plus bas, en Pro D2. L'objectif que l'on s'est fixé était de pérenniser le club en Top 14. Faisons en sorte que dans un an, vous m'appeliez pour une troisième saison en Top 14 ! En quoi ce groupe est-il différent de celui qui évoluait lors du précédent exercice ? J'espère qu'il ne s'agit pas d'une différence mais d'une évolution, et qu'on ira encore plus loin dans la qualité du jeu produite. Agen a donné une belle image du rugby ces derniers mois, et j'espère qu'on sera capables d'améliorer encore notre image et de faire partie des équipes qui gagnent... et surtout, qui jouent bien au rugby.