Lâchez les fauves !

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Réduits à de véritables bêtes de somme depuis un mois et demi qu'ils sacrifient à la sacro-sainte préparation du XV de France sur le chemin de la Coupe du monde (9 sept.-23 oct.), les joueurs de Marc Lièvremont piaffent à la perspective de redevenir joueurs de rugby ce samedi, à Bordeaux, face à l'Irlande. Un premier test-match face aux hommes du Trèfle, qui doit valider, au moins en partie, l'énorme investissement consenti par les Bleus. Et convaincre le public français que tout est possible.

Réduits à de véritables bêtes de somme depuis un mois et demi qu'ils sacrifient à la sacro-sainte préparation du XV de France sur le chemin de la Coupe du monde (9 sept.-23 oct.), les joueurs de Marc Lièvremont piaffent à la perspective de redevenir joueurs de rugby ce samedi, à Bordeaux, face à l'Irlande. Un premier test-match face aux hommes du Trèfle, qui doit valider, au moins en partie, l'énorme investissement consenti par les Bleus. Et convaincre le public français que tout est possible. Après un mois et demi de préparation intensive à la Coupe du monde, le XV de France va lever le voile sur une partie de son état de forme et sur son fond de jeu samedi à Bordeaux, lors d'un premier test-match face à l'Irlande. Le sélectionneur Marc Liévremont se veut prudent à l'approche de cette rencontre et de la suivante à Dublin, une semaine plus tard, deux matches qui permettront aux joueurs de se tester en situation de jeu réelle. "On joue les matches pour les gagner, mettre du rythme, pour que ces deux matches contre l'Irlande servent de base de travail", assure Liévremont, qui refuse d'y voir de simples rencontres amicales. Et pousse même le bouchon jusqu'à y voir un premier match avancé de la Coupe du monde. "C'est un match de préparation, c'est même un match officiel et on est à quatre semaines du début de la Coupe du monde. Ça fait cinq semaines qu'on travaille ensemble et on a envie de valider, de mettre en application tout ce travail", affirme-t-il haut et fort. En composant une équipe panachée entre joueurs expérimentés et plus jeunes, à l'image du troisième ligne biarrot Raphaël Lakafia, qui fêtera samedi sa première sélection, il compte néanmoins voir son quinze faire bonne figure face à une sélection irlandaise revancharde après une défaite décevante en Écosse (6-10). L'arme fatale du rugby hexagonal Le centre perpignanais David Marty, titularisé aux côtés de son co-équipier de club Maxime Mermoz, estime aussi que le XV du trèfle est un adversaire qui ne leur fera aucun cadeau. "On les connaît, on sait où ils en sont. On sait qu'ils envoient du jeu. Il faudra tirer des enseignements d'un match face à un tel adversaire", estime le Catalan. Le deuxième ligne toulousain Romain Millo-Chluski souligne qu'après des semaines intenses d'entraînement, "maintenant c'est à balles réelles". Un France-Irlande en plein été, par 30 degrés, ça n'est déjà pas banal. Une saveur d'autant plus particulière qu'il s'agira de la dernière sortie des Bleus en France avant le premier match de la Coupe du monde, le 10 septembre, à Auckland, face au Japon. Et le climat est du même coup devenu plus lourd à l'approche du match. "J'ai senti de la tension à l'annonce de l'équipe", confirme Lièvremont. Les plus jeunes piaffent d'impatience de jouer une Coupe du monde. Mais pour les plus expérimentés tels qu'Harinordoquy, seule la victoire est belle. "Ça commence à m'énerver. J'en ai joué deux, à chaque fois on n'a pas fini très loin. Maintenant il faut la gagner", assène-t-il. Dans ce maelstrom de sentiments exacerbés, on devine cette équipe de France au comble de l'excitation. Comme si devant leur public, les Bleus, bien que leur pic de forme ne soit pas encore d'actualité, voulaient à leur tour, comme les générations précédentes, éprouver sans attendre les effets de cette préparation à la française, l'arme fatale du rugby hexagonal -à ne sortir que tous les quatre ans !- et censée réduire le fossé avec ses adversaires tout en lui donnant les moyens d'un prétendant au titre suprême. Pourtant, dixit Lièvremont, "Il n'y a pas eu autant de concentration que j'en aurais espéré mercredi et jeudi. On a vu pas mal de fébrilité et trop de ballons tombés lors des entraînements en opposition raisonnée. Je ne sais pas si c'est un présage de ce qui va se passer samedi... Ce ne sera qu'un premier match alors il y aura forcément du déchet. Mais je crois que les joueurs sont prêts..." Même pour le staff, le doute est permis. Samedi soir, pourtant, Liévremont affinera un peu plus encore sa réflexion et ses certitudes sur la liste des joueurs qu'il emmènera en Nouvelle-Zélande (voir par ailleurs). Face à des Irlandais, qui disputeront à Bordeaux le deuxième de leurs quatre matches de préparation, avec une équipe largement remaniée par rapport à celle qui s'est inclinée en Ecosse, toujours marquée par l'absence de la fameuse paire de centres Brian O'Driscoll et Gordon d'Arcy, mais qui récupère son artificier Ronan O'Gara, les Bleus voudront concilier ce paradoxe, exprimé par Lièvremont lui-même: "On sait aussi qu'il faudra relativiser le contenu de ces matches de préparation. Mais on attend beaucoup" Une sorte de "french paradox", en quelque sorte.