La télé aime le sportif "people"

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Comme Frédéric Michalak, dans Rendez-vous en Terre inconnue, le sportif est de plus en plus "utilisé" à la TV.

Mercredi matin, grand sourire à France Télévisisons. Une joie compréhensible : France 2 a réalisé sa meilleure audience de l’année la veille avec Rendez-vous en terre inconnue. Près de 7,7 millions de téléspectateurs (et 27% de part d’audience) étaient devant leur poste pour regarder la rencontre du rugbyman Frédéric Michalak avec la tribu vietnamienne des Lolo noirs. Après des acteurs connus comme Gérard Jugnot, Gilbert Montagné, Zazie ou Edouard Baer,  le producteur de l’émission, Frédéric Lopez, avait décidé de miser sur un sportif de haut niveau. Un pari gagnant puisque c’est tout simplement la deuxième meilleure audience du programme. Et France 2 n’est pas la seule ces derniers temps à placer des athlètes à des heures de grande écoute. Pourquoi les télés misent-elles sur eux ?

1998, date charnière

Si les sportifs ont toujours tourné des spots publicitaires, à l’instar du tennisman Jo-Wilfried Tsonga pour une barre chocolatée ou Fabien Barthez pour un célèbre sandwich américain, ils trustent désormais les émissions de divertissement en première partie de soirée (prime time pour les initiés du jargon télévisuel). Il y a quelques années, Pascal Olmeta, ancien gardien de but de l’OM, avait participé et même remporté la Ferme célébrités. Plébiscité pour son très bon état d’esprit, Olmeta était le candidat idéal. Cette année, c’est David Ginola qui s’est essayé à Danse avec les stars. L’ancien joueur du PSG et icône publicitaire s’est pris les pieds dans le tapis, au propre comme au figuré (regardez ici la vidéo de ses exploits). Même s’il avait été rapidement éliminé, la présence de ce sportif avait impulsé une bonne image au programme.

Jean-Claude Perrin, ancien entraîneur d’athlétisme de l’équipe de France, a participé cet été à l’émission l’étoffe des champions sur France 3, aux côtés de Raymond Domenech, l’ex-coach des Bleus. Consultant sur Europe 1 depuis de nombreuses années, Jean-Claude Perrin est un bon baromètre du phénomène. "Dans les années 1970 et 1980, les sportifs étaient très rares dans les médias. C’était même très mal vu à l’époque", explique-t-il. Une tendance confirmée et datée plus précisément par Michel Desbordes, professeur de management du sport à l’ISC Paris, contactée par Europe1.fr : "la date charnière, c’est 1998. Avec la Coupe du monde de football en France et la victoire des Bleus, les sportifs ont changé de dimension".

"Les sportifs doivent avoir un avis sur tout"

Pour Michel Desbordes, le sport à la télé est une bonne recette. Et d’expliquer : "le sport est le dernier lieu de perfection dans notre société. Les gens ne croient plus à la politique, ni à l’économie et encore moins à la religion. Le sportif est beau, fort, athlétique, il est le symbole parfait". En d’autres termes, le sportif vend encore du rêve.

A France Télévisions, on refuse pourtant d’y voir un "filon". "Ce sont plus les valeurs de certains sports qui peuvent plaire aux téléspectateurs", analyse Fabrice Puchault, Directeur de l'unité documentaire de France 2, joint par Europe1.fr. "Des valeurs de partage, d’effort et de bien être ensemble qui rassemblent énormément". Mais il nuance immédiatement : "je ne suis pas sûr que les sportifs soient forcément synonymes de bonne audience. Ce bon résultat est plus lié à la personnalité à la fois forte et douce de Frédéric Michalak".

Synonyme de cette nouvelle popularité, les sportifs passent même parfois de la case divertissements aux journaux d’information. Et Michel Desbordes de conclure : "le sport est l’un des derniers lieux de consensus. Du coup dès qu’il se passe quelque chose, on demande son avis à un sportif. S’il y a des événements dans les banlieues, si Jean-Marie Le Pen est au deuxième tour de l’élection présidentielle, sur l’écologie, etc, il faut avoir l’avis d’un sportif".