La crise n'a pas épargné la L1

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Yannick SAGORIN , modifié à
114,1 millions de déficit, tel est le bilan comptable des formations de L1 sur la saison 2009-2010. Avec 35,1 millions de pertes, l'OL, le plus riche club de France, doit assumer à lui seul un tiers de cette ardoise. Et la Ligue de football professionnel de tirer la sonnette d'alarme alors qu'un retour à l'équilibre illusoire est prévu au terme du présent exercice.

114,1 millions de déficit, tel est le bilan comptable des formations de L1 sur la saison 2009-2010. Avec 35,1 millions de pertes, l'OL, le plus riche club de France, doit assumer à lui seul un tiers de cette ardoise. Et la Ligue de football professionnel de tirer la sonnette d'alarme alors qu'un retour à l'équilibre illusoire est prévu au terme du présent exercice. 114,1 plus 15,8, les clubs professionnels de football, L1 et L2 confondues, ont perdu 130 millions d'euros la saison passée. C'est près de 100 millions de plus que l'année précédente. Un déficit record attendu, confirmé mardi dans le rapport de la Ligue de football professionnel (LFP), que le président Thiriez explique ainsi: "Le football, comme l'ensemble des secteurs économiques" n'a pas été épargné par "la crise". Le "retrait des acheteurs traditionnels" que sont l'Angleterre et l'Espagne notamment n'a pas offert aux clubs français "les plus-values escomptées lors des périodes de mercato". Selon la LFP, le résultat des opérations de mutations, donc le solde résultant des différents mouvements sur le marché des transferts, serait tombé "à 124,8 millions d'euros contre 215,5 millions la saison précédente". Un manque à gagner prévisible que n'a pas su anticiper Lyon, lesté par ses 72 millions d'investissement sur les personnes de Lisandro Lopez, Michel Bastos, Aly Cissokho et Bafétimbi Gomis à l'aube de la saison 2009-2010. Privé de surcroît de sponsor maillot, le club rhodanien a ainsi enregistré 35,1 millions de pertes sur ce seul exercice. Une première depuis 2004 qui n'empêche pas l'OL de rester le club le plus riche de l'Hexagone, avec ses "130 millions d'euros de fonds propres", comme le président Aulas aime à la rappeler. Outre Lyon, Paris (-21,9 millions), Nancy (-13,5), Sochaux (-11) et Valenciennes (-10,8) auront été les grands perdants de cette saison noire. L'OM, champion de France sortant, et le Losc, actuel leader de l'élite, s'en sont tirés à moindre frais, avec 400 000 et 1,1 million d'euros de déficit à déplorer. Lorient (+2,8), Bordeaux (+2,2), Montpellier (+0,4), Boulogne - aujourd'hui pensionnaire de L2 (+0,2) - Monaco (+0,01) et Rennes (0) font eux figure d'exceptions dans un marché sclérosé qui ne semble pas devoir se débrider de sitôt. Un retour à l'équilibre très compromis Alors que les clubs professionnels tablent sur une dette globale de 10 millions d'euros à la fin de l'exercice en cours, la LFP nuance cet optimisme et rappelle que les différents acteurs du football français seront "de nouveau très fortement tributaires des réalisations sur le marché des transferts." Or, la Ligue note que la plupart des clubs de l'élite, qui ont misé sur un cumul de 264 millions d'euros de plus-values sur transferts cette saison, sont "en retard sur leur objectif de réalisation de ce montant puisque, avant le mercato hivernal, seuls 41% des plus-values sur cessions de joueurs avaient effectivement été réalisées - contre 75 à 80% habituellement à la même date." Autrement dit, le retour à l'équilibre n'est pas encore pour demain. D'autant que les éventuels investisseurs étrangers ne sont pas mieux lotis. "Le football allemand, dont le modèle économique est cité en exemple, a annoncé une perte de 103 millions d'euros pour la saison 2009-2010, alors qu'il avait généré un bénéfice de 30 millions un an plus tôt", note Frédéric Thiriez, avant d'ajouter: "Les deux tiers des clubs anglais sont en déficit, portant l'endettement global de la Premier League à un niveau abyssal de 4 milliards d'euros." Pour autant, le patron de la LFP souligne l'effort constant de ses ouailles. "La prise de conscience de cette situation et de récentes décisions devraient, à terme, permettre de lutter efficacement contre cette tendance négative. (...) Les clubs français ont réduit sensiblement leur déficit d'exploitation, alors qu'il se dégradait de manière continue depuis 2005-2006." La tendance est en effet à la baisse de la masse salariale, en L1 comme en L2. Un nivellement par le bas indispensable à la veille de l'avènement du fair play financier cher à Michel Platini.