La FFF, c'est Dallas !

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Olivier CHAUVET , modifié à
Alors qu'au lendemain du fiasco des Bleus en Afrique du Sud, la démission de Jean-Pierre Escalettes devait inaugurer une ère de nouvelle gouvernance pour la FFF, les problèmes restent les mêmes quatre mois après. Voire pire. La démission surprise de Jacques Lambert vendredi dernier est en effet venue mettre en lumière le climat détestable qui règne toujours à la fédé, où les coups bas sont monnaie courante.

Alors qu'au lendemain du fiasco des Bleus en Afrique du Sud, la démission de Jean-Pierre Escalettes devait inaugurer une ère de nouvelle gouvernance pour la FFF, les problèmes restent les mêmes quatre mois après. Voire pire. La démission surprise de Jacques Lambert vendredi dernier est en effet venue mettre en lumière le climat détestable qui règne toujours à la fédé, où les coups bas sont monnaie courante. Cheville ouvrière de l'organisation de la Coupe du monde 1998 et considéré par beaucoup comme l'élément clé de l'obtention par la France de l'organisation de l'Euro 2016, Jacques Lambert a claqué la porte de la Fédération française de football après cinq ans de bons et loyaux services. Une démission inattendue dont on connaît désormais un peu mieux les raisons. Vendredi dernier lors du conseil fédéral, l'ancien préfet a en effet expliqué son départ dans un document de quatre pages que s'est procuré L'Equipe, qui en publie les bonnes feuilles dans son édition datée de mercredi. Jacques Lambert dénonce les manoeuvres du directeur général adjoint en charge du football amateur, André Prévosto, qui, selon lui, a tout fait pour qu'il s'en aille. Le désormais ex-directeur général cite deux documents pour étayer son argumentation, datés du 12 juillet et du 2 septembre dernier, dans lesquels Prévosto multiplie les attaques à l'encontre de son supérieur et indique clairement sa volonté de l'écarter du groupe de travail chargé de mettre en place la réforme de la gouvernance de la FFF. Dès le 21 octobre, Lambert avait décidé de rendre compte devant le bureau du conseil fédéral des manoeuvres de ce dernier. La plupart des membres du bureau ayant exprimé leur réprobation auprès du président, Lambert avait accepté de ne pas les rendre publiques le lendemain lors du conseil fédéral et de ne pas démissionner, une semaine avant les Etats Généraux du football. Mais, un mois après, devant le manque de réaction des dirigeants de la FFF, Jacques Lambert a décidé de jeter l'éponge. Lambert: "La Fédération mérite mieux que cela" Dénonçant un "silence granitique" qui "lance un signal désastreux au sein de la Fédération", Lambert ne mâche pas ses mots: "Aucune entreprise digne de ce nom ne peut fonctionner dans la durée et revendiquer une éthique crédible lorsque les valeurs de loyauté et de la règle sont transgressés à ce point. Quand le mauvais exemple vient de si haut, ne vous étonnez pas qu'ailleurs dans la Fédération (...) certains décident de n'obéir qu'à leur propre logique et de ne défendre que leurs propres intérêts. Je démissionne, a-t-il ajouté, pour dire mon désaccord avec ce refus aveugle de considérer qu'il existe dans toute communauté de travail des comportements intolérables. Je démissionne parce que l'esprit de duplicité l'a emporté sur l'esprit de loyauté. Je démissionne en prenant acte que j'ai échoué à inculquer à cette maison, en profondeur, la rigueur morale et les modes de fonctionnement professionnel que je prône depuis cinq ans. Je démissionne en espérant que vous prendrez conscience que la Fédération mérite mieux que cela (...) Je pars, avec dans la bouche, le goût amer de la défaite". Dans la foulée, le conseil fédéral a demandé à l'unanimité une procédure disciplinaire contre André Prévosto, mais beaucoup trop tard pour Jacques Lambert, qui a demandé au président de l'UEFA, Michel Platini, dont il est très proche, "d'accélérer la mise en place des instances d'organisation de l'Euro 2016", dont il s'occupera dès le début de l'année 2011. A la FFF en revanche, les interrogations demeurent avec en ligne de mire l'assemblée fédérale du 18 décembre prochain au cours de laquelle sera élu le prochain président. Malgré la tempête actuelle et les nombreuses critiques à son encontre, le président intérimaire Fernand Duchaussoy, soutenu par le monde amateur et le président de la LFP Frédéric Thiriez, a indiqué vouloir "poursuivre sa mission". Mais il pourrait subir la concurrence de Noël le Graët, actuel vice-président de la fédération en charge des dossiers économiques. La guerre ne fait peut-être que commencer à la fédé.