La Défense, réservoir de médaillés

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et Corinne Boulloud , modifié à
MULTISPORTS - Les médaillés "engagés" des Jeux olympiques et paralympiques ont été décorés.

Ils nous ont enthousiasmés cet été en maillot de bain, carabine en main, sur un vélo, sur l'eau ou en kimono. Mais, mercredi matin, c'est en uniforme que les médaillés olympiques et paralympiques français en contrat avec le ministère de la Défense*, ont reçu les félicitations de leur ministère de tutelle. "Ça fait drôle de se retrouver ici, c'est la première fois que je suis reçue comme ça, on est un peu reçu comme des princes et des princesses, c'est une belle reconnaissance d'avoir cette médaille (de la défense nationale)", explique Julie Bresset, en contrat civil personnel de la défense. Alain Bernard, lui, n'a pas eu une médaille. Car le champion olympique de Pékin a déjà été fait chevalier de la Légion d'honneur et ne peut donc être décoré d'un grade inférieur.

Une rémunération et un statut

Alain Bernard (930x620)

© Corinne BOULLOUD / EUROPE 1

Bernard a popularisé l'engagement des sportifs de haut niveau français dans le secteur de la Défense. "Ça va bientôt faire cinq ans que je suis en contrat de sportif de haut niveau avec eux", explique le médaillé d'or du 4x100 m à Londres, où il avait participé aux séries. "Ça nous apporte une rémunération annuelle, il ne faut pas se le cacher, et ça nous apporte également un statut social surtout. Et je trouve qu'il y a énormément de sens à lier les deux. Il y a une proximité entre les militaires et les sportifs de haut niveau en termes de dévouement et de dépassement de soi." A croire aussi qu'il y a une proximité entre natation, Défense et médaille d'or. Car, après Bernard à Pékin sur 100 m, un autre nageur engagé, Florent Manaudou, frère de Laure, a décroché le titre sur 50 m, à Londres.

Des horaires aménagés

"J'ai nagé pendant pas mal de temps dans une caserne et je me suis donc engagé avec l'armée en tant que sportif de haut niveau, c'était un peu une évidence", relève le Première classe Manaudou, membre du 68e régiment d'artillerie d'Afrique, basé près de Lyon. "Je me suis engagé il y a trois ans maintenant. Et ça me fait d'autant plus plaisir que je suis le seul nageur de l'armée de terre à avoir une médaille d'or." L'engagement avec la Défense permet également aux champions de bénéficier d'horaires aménagés pour préparer leurs compétitions.

"Mon contrat, c'est personnel civil de la Défense, c'est deux ans renouvelables", explique la vététiste Julie Bresset, qui, dans la foulée de son titre olympique, est devenue championne du monde il y a dix jours, lors des championnats du monde à Saalfelden, en Autriche. "C'est vrai que ce genre de contrat, c'est l'opportunité pour les athlètes de concilier voie professionnelle et sport de haut niveau."

Un bon moyen de communication

Florent Manaudou (930x620)

© defense.gouv.fr

A l'inverse, le ministère de la Défense s'appuie sur la notoriété de ses athlètes engagés, comme le fait, par exemple, l'armée de terre sur son site Internet avec Florent Manaudou (photo). Car, dans les faits, ces sportifs de haut niveau prêtent davantage leur image que leur corps à l'institution. "J'ai plus rencontré des colonels et des généraux que des personnes sur le terrain", explique ainsi Alain Bernard. "Mais il m'arrive parfois d'aller dans une brigade ici et là. Quand je me suis rendu en Martinique chez ma copine (la nageuse Coralie Balmy ndlr), je suis allé saluer les gendarmes qui étaient sur place. Ce sont des personnes qui sont au service de notre pays. Il y a une certaine fierté à appartenir à cette famille et inversement, je crois qu'ils sont très fiers que des sportifs de haut niveau représentent l'institution à travers le monde."

Solution idoine pour préparer les grands événements, avec préparation physique adéquate et aménagement de l'emploi du temps, la Défense offre également une possibilité de reconversion pour ses athlètes. Mais, après y avoir réfléchi, Alain Bernard a finalement décidé de ne pas poursuivre dans cette voie. "Je ne m'engagerai pas dans la gendarmerie pour ma reconversion. C'était une des pistes, mais j'ai eu la chance d'avoir d'autres opportunités (peut-être plus lucratives aussi... ndlr) et je préfère partir dans la voie civile." On ne verra donc plus Alain Bernard ni en maillot de bain ni dans l'uniforme bleu de la gendarmerie. La fin d'une (double) carrière à succès.

*Alain Bernard (or, natation 4x100 m), Florent Manaudou (or, natation 50 m), Jonathan Lobert (bronze, voile Finn), Audrey Tcheuméo (bronze, judo), Emilie Fer (or, kayak), Julie Bresset (or, VTT cross-country), Michaël Jeremiasz (argent, double tennis en fauteuil) et Cédric Fèvre-Chevalier (bronze, carabine 10 m couché) étaient présents.