L'Inter cinq pieds sous terre

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Régis AUMONT , modifié à
Le champion d'Europe est mal en point. A côté de son sujet, l'Inter Milan a coulé à domicile mardi soir devant Schalke 04, qui a profité de l'incroyable fébrilité défensive des Lombards pour signer un succès retentissant à Guiseppe-Meazza (5-2). Les Italiens devront faire très fort dans six jours à Gelsenkirchen pour renverser la tendance et accéder au dernier carré de la Ligue des champions.

Le champion d'Europe est mal en point. A côté de son sujet, l'Inter Milan a coulé à domicile mardi soir devant Schalke 04, qui a profité de l'incroyable fébrilité défensive des Lombards pour signer un succès retentissant à Guiseppe-Meazza (5-2). Les Italiens devront faire très fort dans six jours à Gelsenkirchen pour renverser la tendance et accéder au dernier carré de la Ligue des champions. 49 secondes pour prendre un but samedi dernier dans le derby lombard face à l'ennemi de l'AC Milan, 30 seulement pour en mettre un trois jours plus tard devant Schalke 04. Mardi soir, l'Inter Milan avait parfaitement attaqué son quart de finale aller de Ligue des champions. Mais vite, très vite, les vainqueurs sortants de la coupe aux grandes oreilles ont sombré face à une formation allemande qui a parfaitement profité de la soirée porte ouverte organisée par la formation lombarde. Alors que le Scudetto leur a peut-être déjà échappé le week-end dernier, leur titre européen a probablement quitté les mains des hommes de Leonardo ce soir. Tout avait donc pourtant bien commencé, et même magistralement débuté quand Dejan Stankoavic inscrivait un but phénoménal dès la première minute de ce remake de la finale de la Coupe de l'UEFA 1997 (remportée par les Allemands aux tirs au but, 4-1 aux t.a.b., 0-1, 1-0). Le Serbe, posté dans le rond central, reprenait instantanément de volée un dégagement de la tête du portier Neuer sorti au-devant de Milito, et le ballon traversait sans rebondir le demi-terrain de Guiseppe-Meazza avant de terminer sa course dans le but abandonné (1-0, 1ère). Enchantés, les supporters de l'Inter ne pouvaient alors s'attendre à ce qui allait suivre. Très portés vers l'attaque, avec un pressing efficace pendant un gros quart d'heure, les champions d'Europe, portés par un trio offensif Sneijder-Eto'o-Milito à donner des vertiges aux meilleures défenses, les Milanais ont sans doute oublié que les victoires se construisent souvent derrière. Fébrile dès les premières incursions allemandes dans son camp, l'arrière-garde de l'Inter n'allait pas résister aux vagues adverses au-delà du premier quart d'heure de jeu. Sur un corner, Julio César était contraint à la parade sur une tête de Papadopoulos mais Matip, tout heureux de voir le ballon lui revenir dessus, n'avait plus qu'à mettre le ballon au fond (1-1, 17e). Surpris alors qu'ils avaient encore la maitrise du ballon, les Transalpins, aussi inspirés en attaque que fantomatiques en défense, parvenaient à reprendre l'ascendant peu après la demi-heure de jeu grâce au premier but de la saison en Ligue des champions de Diego Milito, à la conclusion d'un superbe mouvement collectif (2-1, 34e). Et Chivu voit rouge... Ce quart de finale, parti sur un rythme effréné avec un ballon visiblement aimanté par les deux surfaces de réparation, était encore loin d'avoir livré ses vérités, d'autant que de manière assez incompréhensible les Nerazzurri allaient perdre le fil. Peut-être que l'égalisation d'Edu, en deux temps juste avant la pause (2-2, 40e), a fait plus de mal que l'on aurait pu l'imaginer aux joueurs de Leonardo. Pourtant les Milanais revenaient avec de belles intentions en seconde période mais Milito, assez malheureux ce soir, ne trouvait pas le cadre après un bel enchaînement (46e). Les Italiens allaient faire illusion encore quelques instants dans cette rencontre, mais, en l'espace de 22 minutes, allaient subir un véritable K.O. Très opportunistes, les joueurs de Schalke, qui se trainent à une médiocre 11e place en Bundesliga, prenaient d'abord l'avantage grâce à l'inoxydable Raul, lequel, auteur de son 70e but dans la reine des Coupes d'Europe, se jouait de la défense milanaise (2-3, 53e). Une défense, privée de ses aboyeurs Lucio et Samuel, qui prenait une nouvelle fois l'eau quatre minutes plus tard quand Andrea Ranocchia, sous pression, poussait le ballon dans son propre but (2-4, 57e). Assommés, les champions d'Italie n'avaient pas fini leur descente aux enfers. Christian Chivu, pour une faute sur Edu, écopait d'un deuxième carton jaune et, pour la deuxième fois en trois jours, laissait les siens finir la rencontre à dix (63e). Une sanction suivie d'effets, puisqu'aux abois, la défense lombarde encaissait un cinquième but, l'oeuvre d'Edu pour son doublé, lequel enroulait sa frappe des vingt mètres pour tromper Julio César (2-5, 75e). Stupeur à Guiseppe-Meazza. Trois jours après avoir pris une fessée lors du grand derby de Milan, l'Inter a coulé à domicile face à l'équipe faisant office de petit Poucet dans ses quarts de finale. Peut-on imaginer cette équipe, si friable défensivement, inverser la tendance dans huit jours dans une Veltins-Arena survoltée ? Remonter un minimum de trois buts à une équipe qui entrevoit en grand sa première participation aux demi-finales de la Ligue des Champions ? Il faudrait pour cela un scénario aussi fou que celui... de ce soir.