L'Europe, un danger pour Lille

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Yannick SAGORIN , modifié à
Le jeu en vaut-il la chandelle ? Le Losc a-t-il les moyens de poursuivre ses représentations sur la scène européenne alors que le titre de champion de France lui tend plus que jamais les bras ? Des questions que les Lillois se posent sans doute à l'heure de recevoir le PSV Eindhoven, ce jeudi, en 16e de finale aller de la Ligue Europa. A raison au vu de l'histoire continentale des clubs français.

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Le Losc a-t-il les moyens de poursuivre ses représentations sur la scène européenne alors que le titre de champion de France lui tend plus que jamais les bras ? Des questions que les Lillois se posent sans doute à l'heure de recevoir le PSV Eindhoven, ce jeudi, en 16e de finale aller de la Ligue Europa. A raison au vu de l'histoire continentale des clubs français. "Lille a le profil du champion !" Beau joueur, Alain Casanova, l'entraîneur de Toulouse, reconnaissait volontiers la supériorité des Dogues, ce week-end, après la défaite des siens au Stadium Nord. Invaincu depuis 13 journées en L1, le Losc, il est vrai, a de quoi impressionner. Leader de l'élite avec cinq longueurs d'avance sur le Stade Rennais, le club nordiste n'a jamais semblé aussi près d'un titre de champion qui se refuse à lui depuis 1954. Aussi le mot d'ordre est-il clair au domaine de Luchin. "La priorité, c'est le championnat et éventuellement la Coupe de France", dixit Mickaël Landreau. Qualifiés pour les quarts de finale de la Coupe de France, les Lillois ont pleinement conscience que la doyenne des compétitions françaises ouvre le plus court - mais pas le plus glorieux - chemin vers l'Europe. Une Europe au centre de toutes les préoccupations, source de tous les fantasmes, qui paradoxalement semble bien lourde et embarrassante lorsqu'il s'agit de l'assumer. "On verra si on peut jouer sur tous les tableaux", poursuit le gardien de but des Dogues à la veille d'un rendez-vous inédit pour le Losc avec le PSV Eindhoven. Et l'ancien international de prêter cependant une vertu à cette coupe si exigeante: "Ce qui fait qu'on est compétitif et aussi solidaire, c'est cette première phase de l'Europa League où l'on a pu s'appuyer sur tout le monde." Jusqu'à présent en effet, Rudi Garcia a procédé à une large revue d'effectif pour mener à bien sa campagne continentale. Si bien que Lille n'a pas toujours convaincu cette saison à l'échelle européenne. Face au Sporting Lisbonne, adversaire coriace s'il en est, les Gervinho et consorts se sont inclinés deux fois dans le cadre de la phase de poules. Une donnée peu rassurante alors que le club portugais, confronté en seizièmes aux Glasgow Rangers, pourrait être le futur opposant des Nordistes. Des Dogues qui peuvent néanmoins se targuer d'avoir remporté sept de leurs huit derniers matches européens à domicile, sur une pelouse à la limite du praticable ces jours-ci. Comme le PSV peut se vanter de rester sur trois succès continentaux hors de ses bases. Des coupes de mauvais augure "On prend les matches les uns après les autres, martelait dimanche soir Rudi Garcia. Maintenant, c'est la Ligue Europa avec un adversaire de choix: le PSV Eindhoven. Ça va être un match très intéressant. Il faudra prendre une option à la maison." Privé d'un Rami touché à la cheville droite et sans doute tenté par l'idée de ménager les Hazard, Sow et Cabaye, tous un temps incertains, l'entraîneur lillois a beau dire, l'actuel leader du championnat de France ne devrait pas aborder cet aller-retour néerlandais le mors aux dents. Le Losc ayant peut-être plus à perdre qu'à gagner au bout du compte... Il n'y a qu'à voir l'historique des clubs français en coupe d'Europe pour s'en convaincre. Jamais depuis le PSG en 1994 et Monaco en 1997 un club lancé sur la route du sacre n'a réellement brillé sur le plan international. Demi-finalistes de la Coupe des Coupes et de la Coupe de l'UEFA ces années-là, les Parisiens et les Monégasques sont les derniers champions de France à avoir su courir deux lièvres à la fois sans faire chou blanc. Un palmarès auquel il convient d'ajouter l'OM mouture 1992-1993, les Phocéens ayant alors soulevé la Ligue des champions avant d'être déchus de leur titre national, conquis dans la foulée. Que ce soit Nantes en 1995 et en 2001, Auxerre en 1996, Lens en 1998, Bordeaux en 1999 et en 2009, Monaco de nouveau en 2000, Lyon de 2002 à 2008 et Marseille en 2010, tous ont dû bon gré mal gré renoncer à leurs ambitions européennes pour devenir prophètes en leur pays ces dernières années. La saison passée, le Losc a lâché prise dès les huitièmes de finale de la Ligue Europa, contre Liverpool, avant de finir le championnat en quatrième position certes, mais à une longueur seulement des barrages de la Ligue des champions et à deux unités d'une qualification directe pour la C1. Avec un calendrier de L1 qui leur promet des oppositions à Montpellier, Lyon et Marseille dans les prochaines semaines, pas sûr que les Lillois ne se laissent griser par le tourbillon européen.