L'Ecosse pour rédemption

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LAURENT DUYCK , modifié à
Le Grand Chelem 2010 est déjà loin. Et la Coupe du monde 2011 si proche... Humilié par l'Australie en novembre (16-59), c'est un XV de France sans certitude qui se présente face à l'Ecosse samedi dans le Tournoi des Six Nations 2011. La défense de leur titre n'est même plus un objectif pour Thierry Dusautoir et ses hommes qui n'auront qu'une idée en tête: gagner pour se rassurer.

Le Grand Chelem 2010 est déjà loin. Et la Coupe du monde 2011 si proche... Humilié par l'Australie en novembre (16-59), c'est un XV de France sans certitude qui se présente face à l'Ecosse samedi dans le Tournoi des Six Nations 2011. La défense de leur titre n'est même plus un objectif pour Thierry Dusautoir et ses hommes qui n'auront qu'une idée en tête: gagner pour se rassurer. "Cette équipe arrive décomplexée, sûre d'elle, et elle a raison de l'être, parce qu'elle a des points forts." Il aurait fallu que le temps se soit arrêté au lendemain du Tournoi des Six Nations 2010 pour penser en ces termes du XV de France. Non, l'homme qui tient ce discours n'est autre que Marc Lièvremont. Lequel évoque l'Ecosse, premier adversaire des Bleus samedi dans le Tournoi 2011 et avant-dernier du précédent, devant l'Italie ça va de soi, quand Thierry Dusautoir et ses hommes complétaient le Grand Chelem. Surréaliste ? Tout autant que les trois branlées essuyées par l'équipe de France, en Afrique du Sud (17-42), en Argentine (13-41) et face à l'Australie (16-59), depuis cette oeuvre collective en trompe-l'oeil. "Après ces deux dernières tournées, celle de juin et celle de novembre, il est difficile de pouvoir afficher un optimisme béat et des certitudes", reconnaît sans mal Marc Lièvremont. "Encore une fois, j'ai des convictions mais, encore une fois, il y a une histoire à réécrire en cette année 2011 avec l'ambition de bien faire, l'ambition de retrouver un collectif, l'ambition de gagner, tout simplement." Voilà donc à quoi en est réduit aujourd'hui le XV de France. A repartir d'une "page blanche", trois ans après la prise de fonction de Lièvremont et de ses deux acolytes, Didier Retière et Emile Ntamack, aujourd'hui réduits au silence pour mieux nous faire croire que le sélectionneur en chef n'est pas un général d'opérette. Un malheureux sparadrap sur les maux bleus... Dusautoir: "La priorité reste la Coupe du monde" A sept mois déjà de la Coupe du monde 2011, il faudra s'en contenter. Et chercher ailleurs les raisons d'espérer. De l'avis de tous, la semaine a été studieuse à Marcoussis, chacun ayant révisé sur le bout de ses crampons les préceptes du « livre de jeu », nouvelle bible des Bleus. Et les malentendus tous dissipés. A croire que les Wallabies ne sont jamais passés par là. "Il faudra certainement bien plus qu'une bonne semaine de travail voire même plus qu'une victoire, même probante, contre l'Ecosse, ce qui n'est pas fait, pour vraiment effacer l'ardoise et dire que tout est oublié", met un bémol le sélectionneur. Plus que ce truisme de Thomas Domingo qui rappelle qu'une "défaite est complètement interdite", la manière est pourtant conseillée aux Bleus. Et ce, même si Morgan Parra se veut prudent. "Le souci serait de vouloir vite se faire pardonner auprès des Français ou de vouloir tout jouer, tenter des choses et se faire contrer", prévient-il. En reconduisant les huit avants du Grand Chelem face à l'Ecosse, avec Sébastien Chabal rétrogradé à un rôle d'impact player pour avoir osé avouer ne pas tout comprendre au fameux projet de jeu, le staff tricolore ne fait pas de mystères sur les recettes de la rédemption. "On va essayer de prendre le match par le bon bout, déjà devant, occuper, aller prendre des points s'il y a des points à prendre", détaille le demi de mêlée clermontois, qui faisait aussi ses débuts il y a trois ans contre ces mêmes Ecossais. "Ensuite le jeu se mettra en place", prophétise-t-il. Charge à son compère de la charnière, François Trinh-Duc, qu'il retrouve pour l'occasion, de mettre en branle une ligne de trois-quarts inédite, avec Damien Traille repositionné à l'arrière pour la puissance de son coup de pied et son assurance dans les airs, devant un quatuor Médard-Mermoz-Rougerie-Huget. La ligne "rêvée" par Lièvremont qui, comme pour mieux asseoir son autorité, s'est autorisé à renvoyer dans ses pénates Yannick Jauzion, longtemps présenté comme le papa des trois-quarts. Tuer le père pour redevenir rois ? Un pas que n'ose franchir Thierry Dusautoir, confirmé dans ses habits de capitaine de cette équipe sans certitude ni objectif avoué. "Gagner le Tournoi nous apporterait encore plus de confiance. Après, si on le perd, il n'y a pas péril en la demeure. La priorité reste quand même de réaliser une très belle Coupe du monde." On se croirait revenu trois ans en arrière, à la veille déjà d'un premier match face à l'Ecosse. Mais le temps ne s'est pas arrêté. Vous êtes bien en 2011...