Havret: "C'est prestigieux"

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Thomas Siniecki , modifié à
30e du dernier US Open, Grégory Havret sera l'un des fers de lance du contingent hexagonal lors de l'Open de France, qui se tient de jeudi à dimanche. Toujours à la recherche d'une performance de premier choix dans sa saison, le Rochelais espère beaucoup de cette compétition, sur le parcours de la Ryder Cup 2018. Pour lui, le prestige de ce tournoi est à placer juste en dessous des Majeurs.

30e du dernier US Open, Grégory Havret sera l'un des fers de lance du contingent hexagonal lors de l'Open de France, qui se tient de jeudi à dimanche. Toujours à la recherche d'une performance de premier choix dans sa saison, le Rochelais espère beaucoup de cette compétition, sur le parcours de la Ryder Cup 2018. Pour lui, le prestige de ce tournoi est à placer juste en dessous des Majeurs. Grégory, à froid, que retenez-vous de votre US Open ? Beaucoup de positif. C'était une vraie surprise de faire le cut le vendredi, je dois gratter une petite quinzaine de places sur les deux derniers jours et je finis 30e, alors que les neuf premiers trous du premier jour m'avaient vraiment mis dedans. J'étais un peu déçu d'avoir "gâché" le tournoi aussi tôt, mais je suis content de la réaction, qui était à peu près l'opposée de celle d'Augusta. On vous a entendu parler de votre difficulté à vous motiver pour les tournois moins importants. De quelle façon comptez-vous travailler sur ce point ? Il faut tout simplement que je me mette dans la tête que tous les tournois sont aussi importants que l'US Open. Ce qui est vrai, car pour jouer les Majeurs, il faut déjà faire de vraies belles performances dans les tournois de la saison régulière. Il va falloir que je m'y attèle sacrément, je suis 122e mondial et ce classement parle de lui-même. J'arrive de temps en temps à jouer mon jeu mais à moi, maintenant, de retranscrire ça. Peut-être pas toutes les semaines, car ce n'est probablement pas possible. Je fais toutes mes préparations de Majeurs vraiment tôt, le vendredi ou le samedi de la semaine précédente, ce qui n'est pas faisable en saison régulière. J'ai moins de temps pour préparer ces tournois-là, mais malgré tout, il y a probablement des choses à retenir dans l'attitude, et surtout à appliquer tout au long de l'année. Justement, vous qui commencez à être habitué aux Majeurs et autres grands tournois, y a-t-il un risque de considérer l'Open de France comme une compétition mineure ? Bien sûr que non, et ça ne le sera jamais. Au-delà des quatre Majeurs, si on devait me donner une victoire quelque part, ce serait probablement à l'Open de France. Il y a de très belles compétitions tout au long de l'année, notamment les WGC (ndlr, World Golf Championships) qui sont juste sous les Majeurs, mais l'Open de France est un grand évènement, rien qu'en termes d'affiche et de prize money. C'est prestigieux, le plus ancien tournoi du continent, avec un super parcours qui va accueillir la Ryder Cup. Et bien sûr, le fait de jouer à domicile donne un goût particulier. Evidemment, ce n'est pas aussi haut qu'un Majeur si on le gagne, mais c'est vraiment tout, tout proche. Pouvez-vous nous présenter cette édition 2011 ? Quels sont vos favoris ? Est-ce qu'un Français peut aller au bout ? Pourquoi pas... Ça nous a bien réussi ces dernières années, avec les deux victoires de Jean-François Remésy, une place en playoffs, plusieurs top 5, le top 10 l'an dernier de Grégory Bourdy... Je pense que les vainqueurs des 10-15 dernières années montrent clairement le profil adéquat pour le Golf national: Remésy donc, Philip Golding, Miguel Angel Jimenez, Malcolm Mackenzie, ce sont des joueurs très précis, qui jouent vraiment aux fléchettes quand ils sont en forme. Ils ne jouent pas très long, mais ont un sens du jeu et de la stratégie tout à fait développé. Et ce parcours, il ne faut probablement pas l'agresser, mais plutôt le jouer tout en douceur. Le petit jeu est primordial, ce sont tous de très grands dans ce domaine et il faut sûrement en tirer certaines leçons. Concernant les Français, je pense qu'on a des chances, oui. On a deux joueurs parmi les 100 premiers mondiaux, Bourdy et Jacquelin, très réguliers et très en forme, qui sont souvent dans le coup. Et il y en a d'autres, dont je fais partie, je me mets d'ailleurs dans le même panier qu'eux. Jean-Baptiste Gonnet fait aussi un très bon début de saison, et tous les Français auront très faim. Quant aux favoris, Martin Kaymer n'est pas autant en confiance que l'année de sa victoire, en 2009, où il était quasiment intouchable. J'aurais du mal à donner un nom, c'est ouvert... "Le label Ryder Cup parle à toute la planète" Vous parliez de la Ryder Cup, que le Golf national accueillera donc en 2018. Le fait d'en avoir obtenu l'organisation va-t-il permettre à l'Open de France de prendre de l'envergure, peut-être même dès cette année ? Il en avait déjà. Pas un seul joueur ne dira que ce parcours n'est pas canon et complètement adapté à la Ryder Cup. Ce sera même peut-être le meilleur en Europe sur ces 10-15 dernières années, c'est incontestable. Même les joueurs qui supportaient un autre dossier avaient tous, quelque part en eux, cette volonté que Paris gagne, car c'était juste le meilleur projet et c'est d'ailleurs celui qui a gagné. Maintenant, peut-être que le fait d'organiser la Ryder Cup 2018 va permettre de dépasser les frontières européennes. Bubba Watson vient jouer cette année, tout ça peut attirer à l'avenir des joueurs prestigieux du continent américain. Le label Ryder Cup parle à toute la planète, et plus seulement à l'Europe, c'est la différence. L'absence de Rory McIlroy n'est donc pas du tout due aux caractéristiques intrinsèques de l'Open de France ? Non, bien sûr. Historiquement, tous les vainqueurs de l'US Open qui étaient inscrits à l'Open de France se sont crashés derrière. C'est juste que deux semaines de break après une victoire dans un Majeur, c'est exactement ce que tout le monde fait. La date est très bonne, deux semaines avant le British Open et en plein été. Mais ce serait probablement mieux la semaine juste avant le British, parce que beaucoup de joueurs veulent jouer juste avant un Majeur. Ça permettrait sûrement de mieux digérer, pour McIlroy cette année comme pour Angel Cabrera ou Graeme McDowell dans le passé. Mais une semaine avant, il y a un Open d'Ecosse qui est très fort et qui sera très, très dur à bouger. Malgré tout, ce serait idéal pour l'Open de France. Passons à vous désormais. A mi-saison, quel bilan faites-vous de vos premiers mois ? Ce n'est plutôt pas mauvais, même si ce n'est pas extraordinaire. Il y a eu trois top 10, une 30e place à l'US Open dans des conditions pas évidentes, pas mal de cuts... Après, il y a eu quelques ratés, j'ai été notamment très frustré de manquer le cut à Augusta en jouant très bien. J'ai du mal à bouger de ma 120e place mondiale, alors que j'ai l'impression de faire des résultats pas si mauvais. Il faudrait peut-être que je réussisse des top 10 dans des tournois plus importants. J'y étais en Inde, en Espagne et en Chine, qui sont des compétitions pas mal du tout, mais pas incontournables dans la saison. Il me manque probablement une vraie belle perf' dans un gros tournoi, comme l'Open de France ou l'Open d'Ecosse, et il y en aura encore d'autres après. C'est ce qu'il me manque... Pour l'instant c'est bien, mais peut mieux faire. Sinon, il y a le British et l'USPGA qui arrivent. Si je veux participer à ce dernier, il faut que je termine dans les 100 premiers mondiaux. Je suis 120e, ce n'est pas si loin, et loin à la fois. Ces 20 places sont dures à prendre... A titre d'exemple, en finissant 30e de l'US Open, je ne suis passé que de la 124e à la 122e place mondiale, donc... La marche est assez délicate, mais elle n'est pas injouable. Il faudrait sûrement finir dans les trois, quatre premiers de l'Open de France ou en Ecosse, voire dans les dix premiers du British. Pour terminer, un mot sur le phénomène McIlroy, que vous avez vécu de l'intérieur à l'US Open ? C'est énorme. C'était vraiment très, très fort, d'autant qu'il aurait pu finir beaucoup plus bas car il a manqué pas mal de putts, avec notamment un double bogey au dernier trou du deuxième tour. Il n'était pas dans le rouge, il aurait peut-être pu faire mieux - ou moins bien - s'il avait été chatouillé par un autre prétendant. Son niveau de jeu, c'était peut-être du jamais vu, même si j'aurais du mal à revenir sur toute l'histoire de tous les Majeurs. Mais sur l'US Open, c'est sûr. Tiger Woods était peut-être un poil plus fort mentalement au même âge, mais techniquement, je pense que McIlroy, à 22 ans, est meilleur. Je ne suis même pas sûr que Woods ait déjà aussi bien joué que ça. Après, la route est longue...