Guilavogui: "Être plus décisif"

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Alban Lagoutte , modifié à
Josuha Guilavogui est l'une des belles surprises des Verts où il entame sa troisième saison professionnelle. Le milieu de terrain défensif de l'équipe de France Espoirs ne veut pas relâcher ses efforts, connaissant encore la marge de progression qui est la sienne. Une humilité qui ne l'empêche pas d'être ambitieux alors que les Stéphanois se déplacent à Nice samedi dans le cadre de la 14e journée de Ligue 1.

Josuha Guilavogui est l'une des belles surprises des Verts où il entame sa troisième saison professionnelle. Le milieu de terrain défensif de l'équipe de France Espoirs ne veut pas relâcher ses efforts, connaissant encore la marge de progression qui est la sienne. Une humilité qui ne l'empêche pas d'être ambitieux alors que les Stéphanois se déplacent à Nice samedi dans le cadre de la 14e journée de Ligue 1. Josuha, comment voyez-vous votre début de saison où vous semblez confirmer les espoirs placées en vous ? Oui, tout se passe bien pour moi en ce moment. Au niveau du club, je n'étais pas forcément attendu au plus haut niveau mais les entraîneurs que j'ai côtoyés m'ont toujours fait part de leurs ambitions à mon sujet. Par exemple, j'ai toujours été capitaine dans les équipes de jeunes, j'ai souvent été surclassé, je suis arrivé dans les équipes de France à 17 ans... Il y avait donc des espoirs placés en moi à Saint-Étienne et cela me sourit actuellement. N'est-ce pas trop compliqué lorsqu'on est jeune d'assumer ces attentes ? Non, pas du tout. Au contraire, j'ai toujours trouvé cela gratifiant d'être ainsi valorisé par son club formateur. Mes entraîneurs ont, en contrepartie, toujours été exigeants avec moi, s'appuyant sur la certitude qu'ils avaient que je pouvais réussir chez les professionnels. Et je suis content qu'ils aient fait ça car c'est sans doute grâce à eux que j'en suis là aujourd'hui. Cette confiance qu'on m'a accordée a été essentielle dans ma progression car, on le sait tous, sans confiance, un footballeur de haut niveau ne peut pas réussir. N'avez-vous pas, à un moment donné, pris la grosse tête ? Non, jamais. Je sais d'où je viens et j'ai eu un parfait exemple devant moi en la personne de Bafétimbi Gomis. J'ai toujours eu en tête l'idée qu'il fallait que je réussisse. Grâce à "Bafé", qui est mon ami, j'ai vite compris quels atouts il fallait mettre en avant pour percer, quel comportement adopter... Je ne voulais surtout décevoir personne. Ma famille a toujours pris une part importante dans mon ascension car il y avait aussi beaucoup d'attente de sa part. Mon père aime beaucoup le football, je baigne dedans depuis que je suis petit et il a toujours su me recadrer quand il le fallait. Tout ça, ça a été ma force au final. Aujourd'hui, est-ce que vous pouvez souffler puisque vous avez obtenu votre place de titulaire ? Au contraire! Je viens seulement de gagner mes galons de titulaire, Christophe Galtier me fait confiance donc je ne peux pas me permettre de me reposer sur mes lauriers. C'est lui qui m'a lancé, lui qui m'a fait prendre conscience de mes qualités. Je n'oublie pas qu'il y a deux ans, avec Alain Perrin, j'étais un peu à la cave. Je ne faisais sans doute pas tout ce qu'il fallait à l'époque pour être avec les professionnels... J'étais jeune, c'est sûr, mais aujourd'hui, ça ne veut plus rien dire dans le football. Regardez Raphaël Varane, il a 18 ans et a déjà joué quelques matches au Real Madrid. "Mon expérience internationale m'a aidé" En deux ans justement, qu'est-ce qui a changé de votre côté? Physiquement, je n'ai jamais vraiment rencontré de problème mais j'ai beaucoup travaillé pour étoffer mon du volume de jeu. A la récupération et dans l'utilisation du ballon, il faut que je progresse encore. La digestion du passage entre les matches de réserve et ceux en Ligue 1 doit également se faire... Entre les deux, ça n'a rien à voir, ne serait-ce que dans l'approche de la rencontre. En réserve, il n'y a que peu de public et, quand vous jouez à Geoffroy-Guichard, avec tout l'engouement qu'on connaît au public des Verts, il faut être au top mentalement et maximiser son état mental. Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers matches en Ligue 1? Ce n'était pas simple... Je me souviens notamment du match au Parc des Princes, où j'étais titulaire pour la première fois de ma carrière en championnat. L'entraîneur avait dû me faire sortir à la 70e minute, car je n'avais plus de jus. Au niveau du rythme, je me suis rendu compte à quel point le fossé est grand avec ce que l'on peut vivre en réserve. Mais je n'étais pas forcément cuit physiquement, c'est juste que je n'arrivais plus à enchaîner. Je pense que j'avais lâché beaucoup d'énergie avant le match à faire et refaire la rencontre dans ma tête. Aujourd'hui, vous savez mieux gérer vos efforts... Non, j'ai quand même acquis une certaine expérience, notamment au niveau de la gestion des efforts au cours d'un même match et d'une saison entière. Mon expérience internationale chez les jeunes en équipe de France m'a aussi aidé en cela. Quand on joue contre des grandes nations comme l'Allemagne, l'Angleterre ou l'Espagne avec la France, on apprend à gérer ses émotions. J'ai appris à mieux gérer mon stress et à l'appréhender. Ne craignez-vous pas que, physiquement, les corps aient, à terme, plus de mal à supporter les exigences du haut niveau sur la durée d'une carrière? C'est sûr qu'il y a quelques années, voir débuter un joueur de 22 ou 23 ans chez les professionnels étaient courant. Aujourd'hui, on démarre plus à 17, 18 ou 19 ans... Mais je ne pense pas que cela aura un impact sur la durée d'une carrière. Quand on repense à ce qu'a fait Claude Makelele au poste où je joue... Le suivi et l'accompagnement du joueur ont beaucoup progressé et, même si on débute plus jeune, notre organisme est mieux préparé. Si à 17 ou 18 ans, on a le talent, pourquoi attendre? Après, il faut aussi avoir ses exigences propres, notamment concernant l'hygiène de vie. J'en parlais dernièrement avec Kaba Diawara (ancien joueur de Bordeaux, Marseille ou Nice), et lui me disait qu'il souffre beaucoup de genoux par exemple. Il va avoir 36 ans mais, il y a dix ans en arrière, il ne bénéficiait pas des mêmes conditions de suivi médical que nous. "La Bundesliga, c'est le football total" Avez-vous établi un plan de carrière ? Oui, mais sur du court terme. Je ne vise rien de spécial sur les cinq ans à venir par exemple. Déjà, cette saison, je veux faire mieux que lors du précédent exercice, où j'avais été, il me semble, titularisé à 18 reprises pour 25 apparitions au total. Je suis bien parti cette saison et j'espère confirmer sur la durée. Après, pour être un bon milieu de terrain, il faut être décisif. Ce n'est pas forcément mon rôle de marquer ou de faire marquer mais, pour grandir encore, je dois être plus décisif. Le tout afin de viser rapidement un départ à l'étranger ? Oui, c'est vrai. Si je continue comme ça, j'aurai peut-être ma chance un jour à l'étranger, et ça me tente bien. Des championnats comme l'Angleterre ou l'Allemagne sont attractifs. Pour moi, la Bundesliga, c'est le football total et l'ambiance qu'il y a dans les stades me rappelle un peu celle de Saint-Etienne. L'engouement du public pour son équipe, c'est vraiment ça la beauté du football... Mais je n'en suis pas là. Je fois déjà gagner en régularité dans mes performances avec l'ASSE. Au-delà du nombre de matches joués avec les Verts, êtes-vous satisfait de votre début de saison ? Il y a encore des petits défauts que je dois gommer dans mon jeu. Par exemple, contre Lille ou Montpellier, j'étais un peu en-dedans et j'ai perdu beaucoup de ballon. Ces pertes de balle me pénalisent et pénalisent aussi toute mon équipe. Après des matches comme ceux-là, je suis un peu dans ma bulle et je ressasse sans arrêt ce qui a cloché. On vous découvre très exigeant... C'est un défaut mais c'est aussi ce qui fait ma force. Je sais ce que je peux faire et ce que je dois faire. Par exemple, maintenant que je suis en Espoirs, je pense aux A, forcément, comme tout joueur professionnel le ferait en tant que compétiteur. Mais je sais que j'ai le temps. Je veux déjà participer à l'Euro 2013 avec les Bleuets et remporter le tournoi. On a vraiment une belle génération et les qualités pour le gagner, mais il faudra rester humble. Pour moi, dire qu'on peut gagner l'Euro 2013, ce n'est pas être prétentieux. Un tel succès pousserait encore plus notre génération même si, derrière, on serait sans doute encore plus attendus.