Gourcuff: "Je n'ai jamais lâché"

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Propos recueillis par PAUL LANDINT , modifié à
Après une première partie de saison très délicate, Yoann Gourcuff semble progressivement trouver ses marques à Lyon, même s'il sait qu'il peut et doit faire mieux... "dès ce dimanche pour le choc face à Lille", ajouteront peut-être ses dirigeants. Vendredi, l'ancien Bordelais a accepté de se confier en conférence de presse pour la première fois en 2011.

Après une première partie de saison très délicate, Yoann Gourcuff semble progressivement trouver ses marques à Lyon, même s'il sait qu'il peut et doit faire mieux... "dès ce dimanche pour le choc face à Lille", ajouteront peut-être ses dirigeants. Vendredi, l'ancien Bordelais a accepté de se confier en conférence de presse pour la première fois en 2011. Comment définiriez-vous ce rendez-vous de l'OL à Lille dimanche ? Forcément, c'est un match très important parce qu'entre deux clubs du haut de classement, le résultat peut bien sûr avoir une incidence sur la suite. Mais pour moi, il reste encore trop de temps d'ici à la fin de saison, trop de points à prendre, ou à perdre, pour le qualifier de décisif. En tout cas, Lyon a un très beau coup à faire, non ? C'est sûr qu'un bon résultat nous permettrait de recoller. On sait qu'il faut bien négocier ce genre de rendez-vous entre prétendants, des matches presque à six points ! Mais je le répète, le championnat est long et même si nous étions amenés à ne pas gagner, Lille ne serait pas encore champion. Et je suis bien placé pour le savoir: avec Bordeaux, nous avions une dizaine de points d'avance à la trêve et nous avions fini par exploser ! Après vos deux grosses victoires en championnat (4-1 à Sait-Etienne et 4-0 contre Nancy) et cette solide prestation face au Real Madrid mardi, avez-vous l'impression de bénéficier d'un ascendant psychologique sur Lille, qui marque peut-être le pas ? Non, je ne pense pas. On a va affronter dimanche la référence de la Ligue 1 cette saison, ce qui se fait de mieux à mon avis. On va donc se déplacer avec beaucoup de motivation, mais en s'attendant aussi à un match difficile. Face à cette formation qui développe le meilleur jeu en France, on risque souffrir à certains moments du match et il faudra être solide donc, savoir faire le dos rond... Maintenant, avec la qualité qui est la nôtre devant, nous avons nous aussi la possibilité de réussir des choses. A l'aller, Lyon l'avait emporté 3-1, mais avec pas mal de réussite... Pas mal de réussite, oui. Nous avions inscrit nos deux buts sur leurs deux premières erreurs du match et cela avait changé pas mal de choses... Le score, au final, avait été un peu heureux car les Lillois, grâce à leur maitrise dans le jeu, nous avaient fait beaucoup courir, leurs trois attaquants nous avaient fait souffrir aussi... Ils avaient vraiment été impressionnants. "Tout reste fragile" Depuis, l'OL a aussi évolué, comment jugez-vous son niveau aujourd'hui ? Il y a du mieux. Même si nous n'affichons pas encore une maîtrise totale, la qualité du jeu est meilleure, l'équilibre aussi, on réussit certaines séquences que nous ne réussissions pas il y a quelques mois. Après, d'un match à l'autre, tout peut être bouleversé, on sait que ça reste fragile, à nous de rester concentrés. Le plus difficile semble passé, selon vous ? Je l'espère. On est dans une situation intéressante, en Ligue des champions, on reste en course... J'espère qu'on arrivera à atteindre les objectifs demandés par le président. On vous sent toutefois méfiant... Parce que les matches se jouent souvent sur des détails. A Saint-Etienne, nos vingt premières minutes par exemple ne sont pas bonnes... Quand je dis "tout reste fragile", je le dis pour toutes les équipes. Lyon comme Lille, par exemple, qui a perdu à Montpellier. Pour en venir à vous, comment vous sentez-vous dans l'organisation actuelle de l'OL avec ce 4-2-3-1 ? On en a discuté avec Kim (Källström) et Jérémy (Toulalan) et on a trouvé que cela nous donnait plus d'équilibre au milieu, pour défendre comme à la récupération du ballon. En ce qui me concerne, cela me permet d'avoir plus de liberté, de me démarquer davantage dans les intervalles et d'être peut-être ainsi plus utile et plus difficile à prendre pour mes adversaires. J'assure plus un soutien pour Bafé (Gomis) également qui se retrouve du coup moins isolé. Vous évoluez plus dans une position axiale, comme vous le souhaitiez aussi ? Je m'adapte de toute façon à tous les systèmes, on a la qualité et la bonne communication pour le faire, mais c'est vrai qu'en discutant avec Kim et Jérémy, on a trouvé notre jeu moins vulnérable et moins stéréotypé car il y a peut-être plus de mouvements... Mais le 4-3-3 était fait pour Juninho, peut-on dire que ce système est fait pour Gourcuff ? Non, pas de problème, moi, je m'adapte aux volontés du coach. C'est une réflexion collective: même Kim préfère venir chercher les ballons plus bas comme aujourd'hui. "J'avais bien conscience que je n'étais pas au niveau" Vous parlez beaucoup de vos discussions avec Kalltrsöm et Toulalan, ce sont vous trois qui avez proposé au coach ce changement de système ? Non, non... C'est venu du coach après les 25 premières minutes à Saint-Etienne où on s'était fait marcher dessus. Il m'a appelé pour m'expliquer qu'il souhaitait ce changement de système, et voilà. En tout cas, cette évolution correspond à une période où vous vous montrez en progrès... Physiquement, ça commence à être pas mal. D'ailleurs, j'ai un peu de mal à expliquer ces progrès parce qu'à l'entraînement, je fais le même travail. Mais c'est vrai que je me sens plus à l'aise, plus facile dans mes courses, et, comme tout devient par conséquent plus facile techniquement, ça rejaillit sur mon jeu. Je peux répéter les actions, les finir... Votre but contre Nancy résulte-t-il de tous ces changements ? Je ne sais pas. En terme de confiance, marquer ou faire marquer, c'est intéressant car cela permet de jouer plus libéré. Vous avez vécu des moments de doute... Ouais, parce que je sentais que je n'avais pas de jambes, que je ne répondais pas du tout aux attentes... J'étais déçu mais bon, je n'ai jamais lâché et, en gros bosseur, j'ai toujours travaillé. C'est sûr que ce n'était pas évident: j'avais bien conscience que je n'étais pas au niveau, je ne prenais pas de plaisir... Mais bon, ce n'était pas la fin du monde non plus ! J'espère que tout ça est fini et que je vais bien terminer la saison. Pensez-vous toujours être en phase d'adaptation ? Moi qui suis plus un joueur de passes, je dirai qu'il y a encore des automatismes à développer avec mes coéquipiers car on n'utilise pas tout notre potentiel, on est capables de faire beaucoup mieux. Mais on commence à mieux se connaître et c'est intéressant. Un dernier mot sur les différentes déclarations faites autour de l'avenir de Claude Puel. Pensez-vous que ce climat puisse avoir un impact sur l'équipe ? Je ne lis plus trop les journaux depuis un moment (sourire). Cela étant, même si on veut dire que cela n'a pas d'impact, forcément, cela en a un, c'est obligatoire. Après, nous joueurs, il faut surtout se concentrer sur le jeu et avec ces matches importants qui arrivent, c'est plus facile de faire l'impasse sur ce genre de choses. Mais forcément, cela a un impact malgré tout.