Galles, zéro de conduite

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Séduisant contradicteur de l'Angleterre le week-end dernier, à Twickenham, le Pays de Galles, opposé de nouveau au XV de la Rose samedi, au Millennium de Cardiff, prouve qu'il sera de nouveau un prétendant compétitif à la Coupe du monde du monde en Nouvelle-Zélande (9 sept.-23 oct.). Une ambition que vient ternir l'image de bad boys des Diables rouges, qui n'empêche pas la fédération galloise de rémunérer grassement ses joueurs.

Séduisant contradicteur de l'Angleterre le week-end dernier, à Twickenham, le Pays de Galles, opposé de nouveau au XV de la Rose samedi, au Millennium de Cardiff, prouve qu'il sera de nouveau un prétendant compétitif à la Coupe du monde du monde en Nouvelle-Zélande (9 sept.-23 oct.). Une ambition que vient ternir l'image de bad boys des Diables rouges, qui n'empêche pas la fédération galloise de rémunérer grassement ses joueurs. "Les Gallois possèdent des joueurs extraordinaires." Le compliment ira droit au coeur des joueurs du XV du Poireau. Surtout de la part d'un certain... Graham Henry, qui se souvient encore: "Le Pays de Galles n'a-t-il pas été à deux doigts de battre l'Angleterre en quarts de finale (28-17), à Brisbane, en 2003 ? Je me souviens de ce match. Je me souviens comment le Pays de Galles contrôlait son sujet jusqu'à ce que Mike Catt entre en jeu et n'inverse le course de la rencontre." Si le sélectionneur néo-zélandais convoque ainsi l'histoire, c'est pour mieux évoquer le danger qui guette le Pays de Galles, qu'Henry dirigea de 1998 à 2002, et menace aujourd'hui son potentiel. Si l'exil des meilleurs joueurs de la Principauté (Hook, Byrne, Phillips) vers la France et son lucratif Top 14 désespèrent la fédération (WRU) comme les supporters, il est un péril plus grand, tout aussi spectaculaire, mais sans doute aussi plus insidieux, qui ternit l'image du rugby gallois et avec celle de sa plus belle vitrine. Une affaire de comportement et d'écarts de conduite, qui voient trop régulièrement les joueurs du sélectionneur Warren Gatland, compatriote de Henry, s'illustrer dans la rubrique faits divers plutôt que dans les pages sportives. Dernier en date, le futur Bayonnais Mike Phillips aura à ce point outrepassé les codes de la sélection qu'il sera frappé de dix jours de suspension de la part de ses dirigeants pour avoir fait en mai dernier, à une heure avancée de la nuit et à la veille d'un premier camp d'entraînement de la sélection, le coup de poing dans un McDonalds du centre-ville de Cardiff avec un employé de l'établissement et pour finir interpellé par la police en pleine rue. Graham Henry: "De tels événements affectent la vie d'un groupe" Phillips, dernier exemple en date d'une série d'écarts qui polluent la vie et écornent l'image de cette sélection galloise depuis de longs mois : d'un Andy Powell, arrêté en état d'ivresse sur l'autoroute au volant... d'une voiturette de golf en plein Tournoi 2010, aux des Blues de Cardiff, Bradley Davies et Jamies Roberts, impliqués en avril dernier dans une bagarre dans une boîte de nuit, même le staff n'échappe pas aux dérapages. A l'image d'un Shaun Edwards, entraîneur-adjoint réputé, mais aussi entraîneur en chef des Wasps, qui en vient aux mains avec un autre membre de l'encadrement durant le dernier Tournoi. Comme si Gavin Henson, l'enfant terrible du rugby gallois, avait fait école... Autant de comportements déplacés, et si peu recommandables de la part de champions adulés que leur fédération, en dépit de communiqués effarouchés, continue de traiter avec complaisance. Phillips, en sera quitte pour une suspension de... dix jours et des excuses publiques, tout en contrition: "C'est la chose la plus embarrassante qui me soit arrivée dans ma carrière. J'ai honte de m'être mis dans ce genre de situation et je suis déterminé à mettre les choses en ordre", expliquera le demi de mêlée, à l'évidence confronté à un véritable désordre dans sa vie privée. Quant à Powell, Roberts et Davies, tous figurent aujourd'hui au sein du squad gallois en lice pour la Coupe du monde. Une mansuétude que Graham Henry ne cautionne sans doute pas. "De tels événements affectent la vie d'un groupe. Si les joueurs ne se contrôlent pas en dehors du terrain, les sanctions doivent être plus fortes", estime sur le site walesonline.co.uk celui qui est à la tête des All Blacks depuis maintenant sept ans et qui eut aussi à gérer ce genre de situations de crise avec certains Néo-Zélandais. "Cela peut arriver dans n'importe quel camp d'entraînement ou n'importe quelle équipe. Cela nous est arrivé et nous en avons été très déçus. Mais vous devez vous en préoccuper et faire prendre conscience à vos joueurs à quel point il est grave de jouer ainsi avec les règles." Une démarche courageuse, au risque de devoir se priver de joueurs de premier plan, que la fédération galloise (WRU) semble encore loin d'envisager. Cette semaine, à moins d'un mois de l'entrée en lice de l'équipe de Warren Gatland dans une Coupe du monde, qui la verra affronter l'Afrique du Sud, les Fidji, de triste mémoire (*), les Samoa et la Namibie, la WRU préférait dévoiler en grandes pompes l'accord passé avec l'association des joueurs sur la politique de primes durant le Mondial. Que les Diables Rouges dorment tranquilles: chacun d'entre eux, Phillips, Powell et les autres, pourraient empocher jusqu'à 100 000 livres (environ 114 000 €) en cas de victoire finale dans la compétition.