Gabart: "Un rêve depuis longtemps"

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Propos recueillis par LAURENT DUYCK , modifié à
Tout va très vite pour François Gabart. Champion de France de course au large en solitaire, choisi par Michel Desjoyeaux pour l'accompagner sur la Barcelona World Race (départ le 31 décembre), le jeune pensionnaire du Pôle France Finistère sera au départ du prochain Vendée Globe en 2012. Sa réussite fulgurante et le soutien de Desjoyeaux ont convaincu la Macif de l'accompagner sur quatre ans.

Tout va très vite pour François Gabart. Champion de France de course au large en solitaire, choisi par Michel Desjoyeaux pour l'accompagner sur la Barcelona World Race (départ le 31 décembre), le jeune pensionnaire du Pôle France Finistère sera au départ du prochain Vendée Globe en 2012. Sa réussite fulgurante et le soutien de Desjoyeaux ont convaincu la Macif de l'accompagner sur quatre ans. François, quand et comment est né ce projet Imoca qui vous verra disputer le Vendée Globe sous les couleurs de la Macif ? Quand ? Dans ma tête depuis un bon bout de temps parce que je rêve de Vendée Globe depuis longtemps. Plus concrètement, depuis la fin de la Solitaire du Figaro. Après un bon résultat (deuxième) et un joli début d'histoire avec la Macif, j'avais le désir de leur présenter un projet sérieux de Vendée Globe. Je suis allé voir Michel Desjoyeaux avec qui j'étais déjà engagé sur la Barcelona World Race pour savoir s'il souhaitait m'accompagner sur ce projet. Il m'a rapidement dit oui. A partir de là, je savais que j'avais tous les ingrédients pour leur présenter un joli projet fin août. J'ai eu la chance de tomber sur des gens passionnés avec qui j'ai beaucoup échangé en automne, notamment au moment de la Cap Istanbul (qu'il a remportée, ndlr), une course qui a évidemment joué un rôle de catalyseur dans leur réflexion. Ça leur a permis de se positionner d'une manière ferme début novembre pour lancer un projet Imoca sur quatre ans. Quel sera votre programme sur ces quatre ans ? Le planning, qui sera forcément reprécisé au printemps, c'est d'être au départ de la Transat Jacques-Vabre en novembre 2011. Ça implique une mise à l'eau l'été prochain, certainement au mois d'août. En 2012, on fera The Transat (la Transat anglaise), ma première grande course en solo, qui sera suivie à l'hiver 2012-2013 du Vendée Globe. En 2013, il y aura peut-être des courses qui apparaîtront, mais il y aura certainement l'Istanbul Europa Race en équipage puis à nouveau la Jacques-Vabre. Enfin, en 2014, de nouvelles courses, je l'espère, et la Route du Rhum en fin d'année. "La présence Michel Desjoyeaux rassure et permet d'avancer" Quelle était leur meilleure caution dans ce projet: vous ou Michel Desjoyeaux ? C'est un ensemble. Le projet est vendu dans sa globalité. Je pense que la présence de Michel, de Mer Agitée et de toute son équipe, rassure et, très simplement, permet d'avancer. Par exemple, aujourd'hui (l'entretien a été réalisé mardi lors d'un passage au Nautic), on a rendez-vous avec des architectes. Si j'étais seul, ça mettrait des jours pour comprendre tous les tenants et les aboutissants de la construction d'un bateau. Je sais qu'avec Michel et les personnes qui l'entourent, ça va beaucoup plus vite. Je suis conscient que ça serait difficile de partir sur ce projet-là tout seul. Et puis, il y a un peu de moi dans ce projet. On a un début de belle histoire avec la Macif avec une belle saison en Figaro. Il y a beaucoup de passion avec ce partenaire. Ils sont contents de moi et ont envie de me garder un peu plus longtemps. Vous avez pris la décision de construire votre propre 60 pieds. Pourquoi ? Le projet était construit sur le rachat de Foncia 2010 sur lequel je vais faire la Barcelona. Entre temps, le bateau a été vendu. Il y avait deux options: acheter un bateau d'occasion ou construire un bateau neuf. Dès que j'ai eu le feu vert technique pour se dire qu'il était possible de construire, dans les temps et d'une manière sérieuse, un bateau neuf, on a fait cette proposition qui nous permet de construire une histoire à l'origine, de s'appuyer sur un bateau performant, fiable. Avec la Barcelone World Race sur Foncia pour retour d'expérience ? C'est évident. Il y a des choix techniques que l'on doit prendre dès aujourd'hui, d'autres la semaine prochaine, d'autres dans quinze jours, d'autres dans un mois... On a un planning le plus précis possible sur les deadlines techniques. Il y a pas mal d'éléments déjà choisis, on reprend par exemple les moules de Foncia avec quelques petites modifications. Il y a des choses comme ça déjà validées et d'autres qui seront affinées pendant ou après la Barcelona. Souvent, quand on construit des bateaux, on s'appuie sur des maquettes en contreplaqué, là, j'ai la chance d'avoir une maquette à l'échelle 1, avec un double vainqueur du Vendée Globe à bord pour m'expliquer comment ça marche, en conditions réelles sur l'eau... C'est parfait ! "J'adore apprendre" La présence de Michel Desjoyeaux à vos côtés est-elle aussi sécurisante ? Ça me permet surtout d'apprendre rapidement. Je n'ai pas l'expérience des tours du monde et de ces bateaux-là, du moins très peu. Naviguer avec Michel, ça permet quelques raccourcis. J'adore apprendre, je suis assez curieux naturellement, et là, j'ai de la matière pour nourrir cette envie. Est-ce votre principal point de rapprochement avec Michel Desjoyeaux, cette curiosité naturelle ? Techniquement, on n'a pas les mêmes expériences ni la même formation. Michel a vécu à peu près sur tous les océans du monde, sur tous les bateaux du monde et dans toutes les conditions. Moi, je n'ai pas ça. Par contre, il y a quelque chose vers laquelle on converge tous les deux et où s'on retrouve, c'est cette passion du technique, ce goût pour le bateau bien fait. C'est quelque chose qui me fascine. Et je pense que Michel est aujourd'hui l'ingénieur le plus doué pour mettre au point un bateau. Pour moi, c'est un plaisir de pouvoir travailler avec lui. Quelqu'un qui connaît bien son bateau est-il un meilleur marin ? Evidemment. C'est pour ça que je passerai un maximum de temps à mon retour de Barcelone à suivre la construction du bateau. C'est une des caractéristiques de Michel, il est très impliqué dans toutes les étapes de la construction du bateau, il en connaît les moindres détails. Ça aide. Car, quand on est seul dans les mers du sud, il faut pouvoir réagir vite et de réparer seul. Les mers du sud que vous allez découvrir cet hiver sur la Barcelona World Race. Avec appréhension ou impatience ? Je n'ai pas vraiment le temps de me poser beaucoup de questions en ce moment, mon planning est chargé. Mais je réalise que ça arrive très vite, et que je n'ai pas beaucoup navigué sur le bateau. On ne part pas pour une régate de quelques heures, ce n'est pas rien. J'ai la chance de partir avec quelqu'un d'expérience, sur un bateau fiable, avec l'entourage d'une équipe performante. Ça permet de partir dans de bonnes conditions. Je suis à l'aise avec ça.