Forget: "C'est un coup dur !"

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Après le forfait samedi soir de Richard Gasquet, qui s'ajoute à ceux de Gaël Monfils et Jo-Wilfried Tsonga, l'équipe de France s'apprête à vivre un déplacement périlleux en Autriche le week-end prochain pour le premier tour de Coupe Davis. Guy Forget est revenu sur l'absence des trois cadres tricolores, la sélection de Jérémy Chardy et les chances de son équipe face aux Autrichiens de Jurgen Melzer.

Après le forfait samedi soir de Richard Gasquet, qui s'ajoute à ceux de Gaël Monfils et Jo-Wilfried Tsonga, l'équipe de France s'apprête à vivre un déplacement périlleux en Autriche le week-end prochain pour le premier tour de Coupe Davis. Guy Forget est revenu sur l'absence des trois cadres tricolores, la sélection de Jérémy Chardy et les chances de son équipe face aux Autrichiens de Jurgen Melzer. Guy, le forfait de Richard Gasquet est-il justifié ou y a-t-il une blessure diplomatique derrière tout ça ? C'est une blessure qu'il traîne depuis plusieurs semaines malheureusement pour nous et pour lui. A Zagreb, ça lui avait posé beaucoup de problèmes et il avait pris quinze jours de repos pour pouvoir soigner cette inflammation sur l'épaule. Il est parti jouer à Dubaï, où la douleur était persistante et grandissante. Le médecin lui a fortement conseillé de s'arrêter pour une durée indéterminée. C'est un coup dur pour nous mais c'est surtout un coup dur pour lui parce qu'il va être éloigné des courts pendant quelques temps... Aurait-il dû se mettre au repos avant la Coupe Davis et ne pas participer au tournoi de Dubaï ou fallait-il qu'il fasse des matches ? Il fallait qu'il fasse des matches ! En sachant ce qu'il s'était passé après Zagreb, il ne pouvait pas arriver en Coupe Davis avec zéro repère. Il est allé là-bas pour se rassurer sur son état physique et sur son niveau. D'un point de vue tennistique, la bonne nouvelle est qu'il a vraiment bien joué. Et s'il n'avait pas eu de problème d'épaule, il aurait été très compétitif à Vienne. Ces derniers temps, cela semble compliqué avec l'entourage de Richard Gasquet, il a même été coaché par sa mère à Dubai avant d'affronter Roger Federer. Qu'en est-il exactement ? Il devrait faire plus de tournois avec sa maman puisque s'il va en demi-finale à chaque fois qu'elle est avec lui, je lui conseille de continuer dans ce sens là. Sa structure effectivement est en train d'évoluer. Je sais qu'il va faire quelques semaines avec Sébastien Grosjean. Il essaye de s'entourer de personnes très compétentes pour la suite de sa saison. Je ne suis pas inquiet de ce côté-là. Ce qui est vraiment problématique, c'est son physique qui le lâche. Richard Gasquet aurait-il été le fer de lance idéal pour ce premier tour de Coupe Davis en Autriche ? Il était à ce moment-là le numéro un de l'équipe avec Gilles Simon. Ils ont sensiblement le même niveau. Maintenant le fait qu'il ne soit pas là est assez pénalisant, heureusement que derrière on a encore quelques joueurs capables de reprendre le flambeau. Mon objectif aujourd'hui, c'est d'arriver à battre ces Autrichiens malgré toutes les déceptions de ces dernières semaines. "Les garçons présents ont une belle carte à jouer" L'année 2011 peut-elle être celle de Richard Gasquet à long terme ? Je le souhaite ! Mais beaucoup de joueurs sont dans cette optique là, que ce soit Gilles Simon, Jo-Wilfried Tsonga ou Gael Monfils. Ce sont des garçons qui ont l'expérience du très haut niveau, qui ont été pour la plupart d'entre eux dans le top 10 et qui ont battu les meilleurs joueurs du monde. A 26 ans, on s'approche de sa meilleure année, donc pour ces garçons 2011 et 2012 doivent pouvoir être les meilleures années de leur carrière. Jérémy Chardy a confié à la mi-janvier qu'il ne se sentait pas très bien sur les courts. Est-ce que le choix de le prendre est raisonné ou est-ce plutôt un choix par défaut ? C'est une question piège (rires). Je fonctionne en termes de joueurs compétitifs, capables de ramener un point à notre équipe de France. De toute évidence, Jérémy (Chardy) fait partie de ces joueurs là, même s'il n'a pas joué sur ces derniers mois son meilleur tennis. Il a été en finale du double à Dubaï, il a une structure d'entraînement qui a un peu évolué, il est quand même cinquantième joueur mondial, il a gagné des grands tournois et battu les meilleurs joueurs du monde. Je pense qu'il est capable de poser des problèmes aux Autrichiens. Comment jaugez-vous votre groupe en l'absence de Tsonga, Monfils et Gasquet ? C'est un peu le verre à moitié plein. Les garçons qui sont présents aujourd'hui ont une belle carte à jouer, et c'est comme ça qu'il faut prendre ce premier tour de Coupe Davis. Si on leur avait dit qu'il jouerait un simple et même un double, alors qu'il y a des joueurs comme Tsonga, Monfils ou Gasquet, ce n'était pas forcément gagné d'avance. Aujourd'hui ils ont cette opportunité ! Ça peut être une sorte de tremplin pour ces joueurs. Avez-vous déjà vos deux joueurs de simple en tête ? Sincèrement, je n'ai pas encore mon deuxième joueur de simple. Gilles Simon sera évidemment le leader en simple de cette équipe et en double il y a de forte chance pour que cela soit Michael Llodra et Julien Benneteau. Mais le deuxième joueur de simple je n'ai pas encore arrêté mon choix. On va profiter de notre dernière journée d'entraînement pour voir si un joueur s'adapté plus vite à la terre battue, qui est une surface particulière. Les joueurs ont eu peu de temps pour s'y habituer et s'y acclimater. Après, la terre battue est l'une des meilleures surfaces pour Jérémy (Chardy), Michael (Llodra) a bien joué à Roland-Garros en faisant deux huitièmes de finale. "Les gars sont archi-motivés" Jérémy Chardy, qui est novice, ne part-il pas avec un petit handicap par rapport à Michael Llodra ou Julien Benneteau ? Il est déjà venu en Coupe Davis contre les Pays-Bas, qui était un match de barrage. Même si la victoire était déjà acquise, je l'avais trouvé plutôt bon et j'avais bien aimé communiquer avec lui sur le terrain. C'est un joueur avec qui on peut vraiment échanger et c'est un petit point positif. Sentiez-vous les joueurs blessés motivés pour venir jouer en Autriche malgré leur état de santé car les questions sur la motivation des joueurs reviennent régulièrement ? Quand on s'est quitté à Belgrade, tout le monde s'est exprimé sur cette année un peu folle qui était assez chouette malgré la déception de la finale. J'ai senti les gars archi-motivés ! J'ai parlé avec Jo (Tsonga) à Marseille, je sais qu'il est effondré à l'idée de ne pas pouvoir participer à cette rencontre de Coupe Davis. Même si jouer sur terre battue à ce moment de la saison est plutôt problématique, tout le monde était prêt pour ce match. C'est votre treizième campagne en Coupe Davis, vous êtes vous déjà senti autant démuni avant une rencontre ? C'est une bonne question (rires). Je n'ai jamais vu le numéro un, deux et trois français déclarer forfait, même lorsque je jouais encore. Je crois que c'est un record. Mais c'est un beau challenge, pour moi et les autres. J'ai envie de valoriser ceux qui sont là et d'aller au combat avec eux. Si on arrive à battre cette équipe d'Autriche, ça sera vraiment un très beau résultat. Ça enlève un peu de pression pour ceux qui vont jouer contre Melzer, puisqu'ils n'auront rien à perdre. Il faudra le faire douter, tomber, craquer. Il ne faudra pas jouer avec la boule au ventre. Vous avez eu quelques tensions avec Gilles Simon, ce qui a motivé une petite mise au point à Melbourne. Qu'en est-il ? On a l'impression qu'il y a vraiment eu un gros souci, alors que non. Aujourd'hui Gilles a raison et sa qualité, contrairement à certains, c'est de s'exprimer quand quelque chose le turlupine. Gilles a eu l'impression que je n'avais pas confiance en lui, ce qui est totalement faux. On s'est dit qu'il fallait sûrement que l'on communique plus ensemble pour que je le rassure et que lui m'aide mieux à comprendre l'évolution de son jeu et ce qu'il travaille à certains moments. Maintenant, on n'est pas à des années-lumière l'un de l'autre en ce qui concerne son tennis.