Federer: "Je l'ai tellement espéré..."

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Régis Aumont , modifié à
Rien ni personne ne pouvait visiblement empêcher Roger Federer de gagner enfin le tournoi de Paris-Bercy cette année. Perturbé par le réveil de l'une de ses filles en pleine nuit, très crispé avant de jouer sa première finale au POPB, le Suisse, vainqueur dimanche de Tsonga en deux sets (6-1, 7-6), explique avoir retrouvé ses sensations une fois sur le court. Le voilà aux anges après ce titre spécial qu'il a aimé partagé avec le public français.

Rien ni personne ne pouvait visiblement empêcher Roger Federer de gagner enfin le tournoi de Paris-Bercy cette année. Perturbé par le réveil de l'une de ses filles en pleine nuit, très crispé avant de jouer sa première finale au POPB, le Suisse, vainqueur dimanche de Tsonga en deux sets (6-1, 7-6), explique avoir retrouvé ses sensations une fois sur le court. Le voilà aux anges après ce titre spécial qu'il a aimé partagé avec le public français. Roger, vous devez avoir une liste de choses à faire dans votre carrière. Vous pouvez maintenant rayer cette mention de gagner à Bercy sur votre liste. Peut-être oui, j'ai fait ça depuis quelques années ! Mais je n'ai pas vraiment de liste, ce n'est pas comme ça qu'on fait. En tout cas, j'ai eu plus de succès que je n'ai jamais pu rêver. Je sais que, dans le tennis, rien n'est impossible, mais je ne considère pas les choses comme une liste à remplir. Je trouve que j'ai très bien joué cette semaine du début jusqu'à la fin et j'ai réussi à aller jusqu'au bout. Je ne pourrai pas être plus heureux. J'ai fait de nombreuses tentatives de gagner ce tournoi, et pour un certain nombre de raisons, je n'ai pas pu réaliser ce rêve jusqu'à présent. C'est donc fantastique. C'est une victoire qui signifie beaucoup pour moi. On vous a vu assez ému à la fin, à quoi avez-vous pensé ? C'est incroyable de gagner à Bercy pour la première fois. J'ai tellement espéré le faire un jour depuis presque dix ans. J'étais déjà tellement content après ce superbe match contre Berdych (samedi) que j'avais presque oublié que je n'avais pas encore gagné le titre. En me réveillant, ce matin, j'étais très nerveux, crispé et avec un peu le rhume, cela n'a pas aidé. J'étais presque "pas bien". Je me suis souvent senti très crispé avant des finales. Mais c'est souvent quand je suis très tendu avant que je joue le mieux. J'ai espéré que ce serait un de ces jours. Après la balle de match, il y a un énorme relâchement et de la pression qui part. Il y a un feeling super et aussi une fierté. Et le public, pour finir, a été sympa toute la semaine avec moi et toutes ces années. C'est quelque chose qui est difficile à expliquer. Cette crispation, est-ce un signe de vigilance ? Oui, c'est un peu de tout. C'est d'être excité d'être en finale, le respect pour Jo, le respect du public, le respect de la situation, de vouloir bien faire. Tous ceux qui font quelque chose devant un public en live connaissent cette peur de passer complètement à côté. J'ai quand même beaucoup joué récemment. Mentalement, c'est difficile jour après jour de faire la même chose. Se lever... Parfois on ne se sent pas aussi bien, c'était un de ces jours-là. "J'ai gardé le meilleur pour la fin" Vous avez mené 4-0 en moins de 15 minutes. Pensez-vous que cela a complètement démoralisé Jo ? Cela a été quatre jeux très importants pour moi parce que, dès le premier jeu, il a eu deux balles de break et je me suis rendu compte de toute l'énergie qu'il avait et qu'il servait très bien. Il jouait de manière très agressive aujourd'hui et ça m'a un peu inquiété. Je me suis dit : « C'est le Jo que je n'aurais pas voulu rencontrer ». J'ai donc été content d'avoir pu me sortir de ce jeu. Et là, j'ai renversé la situation. C'est fou à dire mais ça m'a vraiment mis en confiance pour la suite du match. Après ça, j'ai réussi à conclure le set rapidement. Ensuite, Jo était dos au mur. J'ai réussi à le mettre sous pression et à jouer plus agressif. Au milieu du deuxième set, j'ai beaucoup moins bien servi. J'ai gardé le meilleur pour la fin. J'ai joué un très bon tie-break et j'ai j'obtenu la victoire. Dans votre discours de remise de prix, vous avez parlé d'un réveil imprévu la nuit dernière. C'est courant vous finissiez la nuit avec une de vos filles la veille d'un match important ? Oui. C'est déjà arrivé avant ? Ou est-ce la première fois ? C'est arrivé beaucoup de fois avant. Mais je ne suis quand même pas arrivé 25 fois en finale cette année et je n'ai mes filles que depuis deux ans. J'ai espéré que cette nuit cela allait bien se passer. Tout d'un coup, je me vois courir avec Mirka (sa femme, ndlr) dans la chambre pour voir si tout est OK. Mirka me dit : « Allez, on la prend dans le lit ». Je n'ai même pas discuté (Rires.), je l'ai prise dans le lit. Surtout pas d'argument à 4 heures du matin ! (Rires.) Cela s'est bien passé pour finir. Je suis content. C'est arrivé plusieurs fois cette semaine. "Jo a largement le talent pour viser le Top 5" Qu'est-ce qu'il manque encore à Jo-Wilfried Tsonga pour franchir un nouveau palier ? Pas beaucoup de choses. Il est bien là pour moi. Entre la cinquième et la 15e place, voire la 20, c'est très serré, sans vouloir manquer de respect à ceux qui se trouvent entre 5 et 10. Il est possible que cela reste encore comme cela l'année prochaine. Jo a sans doute besoin de gagner un très grand tournoi. Il a peut-être raté une belle occasion aujourd'hui mais c'est quand même un pas en avant pour lui de retourner en finale à Bercy. Et il a largement le talent pour viser le Top 5. Vous avez gagné moins de titres que d'habitude cette année, celui-ci est-il une réponse à ceux qui peuvent douter de vous ? Je m'en fous honnêtement. Sérieusement. Je ne joue pas pour prouver aux journalistes, je joue pour moi, pour mes fans, pour l'équipe, pour la Suisse, pour faire plaisir. Après, si cela marche bien, super. Si cela ne marche pas bien, tu passes par des phases un peu difficiles. Je ne peux pas avoir 10 ans de compliments. Pour moi, c'est quelque chose de complètement normal ou compréhensible de se faire parfois critiquer. En revanche, je ne comprends pas que certains regardent un truc qui a duré deux heures puis oublient ce qu'il s'est passé pendant 10 ans. Mais il faut vraiment beaucoup aujourd'hui pour me perturber. Je suis toujours resté calme, je ne me suis vraiment jamais senti sous pression cette année. Je crois que j'ai gagné plus que 60 matches d'affilée contre des joueurs classés en dehors du top 20. J'ai rarement perdu dès les premiers tours. Pour moi, c'est une année solide avec des moments très difficiles car j'ai perdu des matches que je n'aurais jamais dû perdre. Pouvez-vous nous dire comment vous envisagez le Masters ? Je me sens bien. Je ne sais pas quand aura lieu le tirage au sort... Ah, c'est mardi, ça va être intéressant... Je pense que les deux groupes permettront à chacun d'avoir l'opportunité de gagner. Le tournoi sera un peu différent des années où il y avait un ou deux favoris. Cette année, c'est beaucoup plus équilibré. Les deux groupes seront de niveau égal. J'attends avec impatience ce tournoi. La sensation de jeu va être un peu différente. Il faudra que je m'habitue aux conditions de jeu. Je vais d'abord aller en Suisse et ensuite prendre l'avion jusqu'à Londres. J'espère être parfaitement au point dès le début du tournoi.