Faut-il craindre la Bosnie ?

© MAXPPP
  • Copié
, modifié à
EURO 2012 - L'équipe de France joue sa qualification mardi soir contre la Bosnie.

Entamée il y a treize mois, la campagne de qualification pour l'Euro 2012 pourrait prendre fin mardi soir pour l'équipe de France, qui affronte la Bosnie au Stade de France (21h00). "Pourrait" car en cas de défaite, les Bleus devraient en passer par les barrages et leur côté aléatoire. La Bosnie a-t-elle les moyens de contrarier les plans de Laurent Blanc ? A quelques heures de la "finale" du groupe D des éliminatoires, Europe1.fr pèse le pour et le contre.

Oui, la Bosnie a du talent. Vendredi soir, l'équipe de France a facilement disposé de l'Albanie (3-0). Mais la Bosnie, ce n'est pas l'Albanie. Un seul homme, qui culmine à 1,93 m, symbolise la différence de niveau entre les deux équipes : Edin Dzeko, le joueur qui valait 35 millions. Après s'être révélé à Wolfsburg, en Allemagne, Dzeko a été transféré en janvier dernier à Manchester City, où il côtoie aujourd'hui un certain Samir Nasri. "Il a eu une première saison difficile avec City, mais cette année j'évolue aux côtés d'un joueur très complet. Il est bon de la tête et dos au but. C'est un vrai finisseur", souligne le milieu de terrain tricolore. Mais il n'y a pas que Dzeko. Sur les côtés, la Bosnie aligne deux "Romains", avec Miralem Pjanic (AS Rome, ex-Lyon) sur la droite et Senad Lulic (Lazio Rome) sur la gauche. Derrière, Emir Spahic a un autre type de talent, moins dans le contact avec le ballon, plus dans le contact avec les adversaires...

Dzeko inscrit un quadruplé face à Tottenham :

Oui, elle est en progrès constants. Depuis sa lourde défaire en Roumanie, en juin dernier (0-3), la Bosnie n'a plus encaissé le moindre but. Cinq matches, quatre victoires (l'Albanie, la Biélorussie deux fois, le Luxembourg) et un nul (la Grèce, en amical) l'ont conduite à cette deuxième place du groupe, à un point seulement de la France. Par rapport au match aller, où il avaient été nettement dominés par les Bleus (2-0), les Bosniens auront sans doute autre chose à proposer, mardi.  "Au match aller, on a été humilié", convient Safet Susic, le sélectionneur. "On va essayer de montrer un autre visage. J'ai eu un peu honte et je savais que ce n'était pas notre vraie valeur." Vingt-deuxième nation mondiale au classement Fifa, la Bosnie ne pointe jamais qu'à dix places de la France, 12e.

Oui, elle a la motivation du "petit". Assurée de disputer les barrages, ce qui était clairement son objectif initial, la Bosnie est désormais dans le bonus. "On a de bons joueurs et je suis très confiant", souligne Susic. Née en 1992, l'équipe de Bosnie n'a pas encore réussi à se qualifier pour un grand tournoi international. "Pour nous, il serait temps", a expliqué Pjanic au Quotidien du Luxembourg. "Nous étions tout proches de le faire pour le Mondial-2010 (élimination en barrages contre le Portugal, 0-1 à l'aller comme au retour ndlr). Là, on a une super équipe et on mérite de se qualifier pour ce tournoi. Notre peuple le mérite. On se doit de concrétiser et si Dieu est avec nous..." La qualification de la Bosnie pour l'Euro dépasserait le simple cadre du sport. "Nous voulons gagner, pour montrer que nous sommes vivants et que nous méritons plus d'attention. Pour nous, ce serait extraordinaire. Cela pourrait nous aider sur tous les plans", a souligné le président de la Fédération bosnienne, Ivica Osim, conscient que son pays, encore très jeune, a besoin d'un ciment national pour guérir les blessures du passé.

La France en position du favori

Non, les Bleus l'ont déjà battue. S'il y a un match phare à retenir de la période Laurent Blanc, c'est sans doute le match aller en Bosnie. Quatre jours après avoir dévissé à domicile face à la Biélorussie (0-1), les Bleus s'étaient imposés à Sarajevo, et avec la manière (2-0). "On avait sorti un gros match défensivement, dans le pressing, dans l'utilisation du ballon. Les Bosniens ne s'étaient quasiment pas créés d'occasions", a justement relevé Blanc. "Si on pouvait renouveler cette performance, ce serait une très bonne chose mais il faudra le faire avec d'autres joueurs." A l'époque, Abou Diaby et Karim Benzema avaient fait la différence. Ils ne seront pas là mardi soir mais leurs remplaçants - Yann M'Vila et sans doute Loïc Rémy, tous les deux en pleine réussite - ont les moyens de faire aussi bien.

La France domine la Bosnie à l'aller :

Non, les Bleus sont supérieurs. "On a beaucoup de respect pour la Bosnie mais on n'en a pas peur", a expliqué Laurent Blanc. Malgré ses talents, la Bosnie ne paraît en effet pas en mesure de rivaliser avec les Bleus. Même s'ils jouent tous dans des championnats étrangers, les Bosniens n'évoluent pas dans tous des clubs très huppés (Spartak Naltchik en Russie, Malines en Belgique, Istanbul BB en Turquie...) et la plupart manque encore d'expérience au plus haut niveau. "On va bien se préparer mais en ayant une motivation pour gagner le match", a annoncé Laurent Blanc, qui n'entend pas prendre le moindre risque de perdre 1-0 à la dernière minute sur une tête de Dzeko. Attendre son adversaire, ce serait la tactique la plus dangereuse... "Il y aura peut-être 2-2 ou 3-3 mais 0-0, c'est impossible", a annoncé de son côté Susic. Un match débridé, c'est sans doute la chance des Bleus, qui disposent d'un bagage technique et surtout d'une puissance athlétique bien supérieurs.

Non, les Bleus savent y faire. France-Bulgarie de novembre 1993 est le contre-exemple parfait des derniers matches couperets en éliminatoires. En effet, depuis 1977, les Bleus se sont qualifiés cinq fois sur six lors d'un match décisif disputé à domicile. Les Bleus avaient ainsi décroché leur billet face à Israël pour l'Euro 1996 et contre l'Islande pour l'Euro 2000. Mais ce n'était pas face à un adversaire direct. Ce France-Bosnie se rapproche davantage du fameux barrage retour pour la Coupe du monde 2010, face à l'Irlande, à l'automne 2009, avec ce but de William Gallas marqué après un contrôle de la main de Thierry Henry. Enfin, l'histoire est également du coté des Bleus puisqu'en novembre 1985, l'équipe de France de Michel Platini avait décroché son billet pour la Coupe du monde 1986 en disposant (2-0) de la Yougoslavie, qui comprenait à l'époque le territoire de Bosnie-Herzégovine...

La France bat la Yougoslavie et se qualifie pour le Mondial 86 :

Avec les joueurs dont elle dispose, notamment au milieu (M'Vila, Cabaye et sans doute Nasri), l'équipe de France a les moyens de monopoliser le ballon. Attention néanmoins à Dzeko, mis sous l'éteignoir à l'aller, mais par le duo Rami-Mexès. En l'absence du Romain, Eric Abidal devra se montrer à son tour souverain dans les airs. Sous peine que les Bleus redescendent très rapidement sur terre...