Faut-il avoir peur de la Suisse ?

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FAVORIS OU PAS ? Sur le papier, la "Nati", tête de série du groupe C et 6e mondiale, est logiquement favorite. Sur le papier seulement ?

 "La Suisse, ce sera très, très dur. Cette équipe n'est pas sixième au classement FIFA par hasard, alors que la France n'est que dix-septième". La piqûre de rappel est signée Guy Stéphan, l’adjoint de Didier Deschamps, deux jours avant une rencontre entre les deux équipes qui s’annonce décisive, le vainqueur pouvant être qualifié dès vendredi soir pour les huitièmes de finale. Pour un œil profane, lors d’une rencontre entre la France et la Suisse, c’est toujours la première qui est favorite. Pourtant, c’est bien la "Nati" qui est la tête de série du groupe C, forte de son classement mondial. Sur le papier, il n’y a donc pas photo : la Suisse est favorite. Mais elle reste à portée de Bleus.

La Suisse n'a subi qu'une défaite en deux ans. Si la Suisse est aussi bien classée, elle le doit d’abord à elle-même. Depuis deux ans, la "Nati" n’a perdu qu’un match, en amical qui plus est, en novembre 2013 face à la Corée du Sud (2-1). En qualifications à la Coupe du monde, dans un groupe certes assez faible, elle s’est imposée sept fois en dix rencontres, pour trois matches nuls. Impressionnant. Et ce n’est pas tout. En août 2013, l’équipe de la Confédération s’est même permis le luxe de battre en amical le grand Brésil (1-0). Bref, c’est une équipe en pleine confiance, sûre de ses forces, que les Bleus affronteront vendredi soir.

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Et ils en sont conscients. "La Suisse, aujourd'hui, fait partie des meilleures nations mondiales", affirmait Guy Stéphan mercredi soir. "J'ai vu certains autres de ses matches où elle a été beaucoup plus performante que contre l'Equateur (victoire 2-1 à la dernière minute, ndlr). Sa position actuellement n'est pas une surprise, après tous les efforts fournis dans les années 1990 pour la formation. La Suisse a dernièrement été championne du monde des U17 (moins de 17 ans, ndlr), vice-championne d'Europe U21 (moins de 21 ans, ndlr), elle obtient des résultats parce qu'elle travaille beaucoup avec ses jeunes", a argumenté l’adjoint de Didier Deschamps. Il y a forcément, dans cette tirade, la volonté de placer la pression du favori sur les épaules de l’adversaire. Mais force est de reconnaître que tout est vrai.

Un effectif très solide. Il est loin, le temps où les joueurs de la Suisse évoluaient, pour la plupart d’entre eux, dans le faiblard championnat domestique. Désormais, les footballeurs à la Croix blanche évoluent pour beaucoup dans des clubs parmi les plus huppés d’Europe. Citons par exemple le défenseur Stephan Lichsteiner, qui joue depuis 2011 pour la Juventus de Turin et fait partie, avec le gardien Diego Benaglio (Wolfsburg), d’un dernier rempart des plus solides. Au milieu, Gökhan Inler et Valon Behrami, qui évoluent tous deux à Naples, forment une paire de "Gardes suisses" redoutables.

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Ces anciens ont la charge d’encadrer la jeune garde, dont Xherdan Shaqiri (22 ans) et Granit Xhaka (21), tous d'eux d'origine kosovare, sont les représentants les plus brillants. Le premier, qui évolue au Bayern Munich, est surnommé le "Messi des Alpes" en raison d'une technique, d'une faculté de dribbler et d'une explosivité au-dessus du lot, servies par un gabarit trapu qui le rend difficile à arrêter. Le second compte déjà 27 sélections, à 21 ans seulement. Il a été transféré en 2011 à Mönchengladbach pour un montant de 8,5 millions d'euros, un record pour son club formateur, le FC Bâle.

Par ailleurs, trois champions du monde des moins de 17 ans, en 2009, sont de la partie. Deux d’entre eux se sont d’ailleurs déjà illustrés contre l’Equateur. L’arrière gauche Ricardo Rodriguez (Wolfsburg) a délivré deux passes décisives, alors que Haris Seferovic (Real Sociedad) a inscrit le but victorieux des siens à la dernière minute.

Mais la Suisse n’a (presque) jamais battu les Bleus. Le problème pour la Suisse, c’est que la France est l’une de ses bêtes noires. Les Bleus n'ont en effet plus perdu face à la Suisse depuis cinq rencontres (trois victoires et deux nuls). Leur dernière défaite remonte au 27 mai… 1992, en amical à Lausanne (1-2). Soit 22 longues années. Et dans les rencontres officielles, jamais la "Nati" ne ‘s’est imposée face aux Tricolores. D’où une posture d’humilité de bon aloi du côté de la Confédération helvétique. "Le football français a toujours été un grand frère", affirmait mercredi soir Michel Pont, l’entraîneur adjoint de la Suisse, en conférence de presse. "On restera toujours avec nos petits moyens, on restera toujours avec notre petite Suisse, avec nos huit millions d’habitants."

Et sa performance contre l’Equateur a soulevé des questions. Paradoxalement, la victoire à l’arraché face à l’Equateur (2-1) a amené plus de doutes que de certitudes dans les esprits suisses. La défense a peiné face aux assauts des Sud-Américains, et Xherdan Shaqiri a eu du mal à faire la différence et lancer les attaques helvètes. Dans l’ensemble, la "Nati" est retombée dans ses vieux travers, avec un jeu ennuyeux et une attaque à la peine. Mais la fin de match a tout changé. "L'équipe vit sur l'émotion vécue contre l'Equateur", confirme Valon Behrami au quotidien suisse Le Matin. "Ces trente dernières secondes ont donné quelque chose d'incroyable à l'équipe. Si on avait perdu, on était mort, avant de jouer contre l'équipe la plus forte". Mais la Suisse est bien vivante. Et les Bleus sont prévenus.

 

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