Evra ne ménage personne

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François QUIVORON , modifié à
EQUIPE DE FRANCE - Patrice Evra donne sa version des faits sur le mondial des Bleus.

EQUIPE DE FRANCE - Patrice Evra donne sa version des faits sur le mondial sud-africain des Bleus. Patrice Evra ne mâche pas ses mots. Le latéral gauche de Manchester United a décidé d'éclaircir les zones d'ombre sur le fiasco de l'équipe de France lors du Mondial sud-africain. Dans en entretien accordé au quotidien Le Figaro daté de ce lundi, il évoque les sujets brûlants avec franchise, notamment le cas de Raymond Domenech. "Il n'y avait plus de dialogue avec le coach. Il n'y avait aucune structure collective, ni de projet. Avant le match de préparation contre le Costa Rica, quelques joueurs lui ont demandé de s'impliquer plus, de nous donner plus de consignes. Il s'est senti agressé. Il a refusé l'échange", explique Evra. Le capitaine des Bleus en Afrique du Sud rapporte le malaise du groupe face aux difficultés de dialogue avec l'ancien sélectionneur. "Je recevais des plaintes après chaque entraînement. Les joueurs lui reprochaient son manque de travail tactique et le décalage avec les exercices auxquels ils sont habitués en club. J'ai essayé de faire passer le message à ses adjoints. Sans résultat. Le groupe l'a alors peu à peu lâché", poursuit Evra, avant de mettre en doute les compétences de Domenech: "On a fait tous les matches de préparation avec un système avant d'en changer pour celui d'ouverture du Mondial contre l'Uruguay. Ce n'était pas cohérent." Épisode du bus:"Tout était prévu la veille." Patrice Evra revient également sur l'épisode du clash entre Domenech et Anelka à la mi-temps de France-Mexique (2-0): "Pendant dix minutes, le coach n'a pas parlé puis, d'un coup, il a dit à Anelka: 'Putain, je te dis de rester en pointe mais tu décroches !' Nico lui a répondu. Il y a eu un échange de mots. Mais pas ceux retranscrits en une de L'Équipe. Je me suis alors levé pour calmer les esprits." L'ancien Monégasque raconte qu'Anelka avait accepté de présenter des excuses devant le staff et les joueurs, "mais pas dans les médias puisqu'il souhaitait porter plainte contre L'Équipe". Jean-Pierre Escalettes, alors président de la FFF, et Domenech avaient malgré tout pris la décision de l'exclure du groupe. L'idée a ensuite germé de boycotter l'entraînement pour protester contre la sanction infligée à Anelka. "Tout le monde a approuvé. Personne n'a réalisé l'impact que cela pouvait avoir", reconnait Evra. Puis il évoque l'épisode du bus: "Tout était prévu la veille. Le coach sentait que quelque chose se tramait. Un joueur venait de lui dire qu'il était dégoûté du football. L'attaché de presse devait transmettre le communiqué aux journalistes. Le coach a tenté de nous en dissuader. J'ai demandé alors plusieurs fois à mes coéquipiers s'ils voulaient descendre du bus. Personne n'a répondu. Domenech voulait qu'on lise le communiqué. Je me suis levé pour le faire. Je serais allé au feu pour mes partenaires. Mais Domenech a alors décidé de le lire lui-même..." Thuram n'est pas épargné Désigné comme responsable du fiasco, Patrice Evra sera convoqué devant la Commission de discipline de la FFF le 17 août prochain, tout comme Franck Ribéry, Nicolas Anelka, Eric Abidal et Jérémy Toulalan. Décision prise après le Conseil fédéral qui s'est tenu vendredi dernier. Lilian Thuram, qui avait réclamé son bannissement à vie de l'équipe de France, en prend aussi pour son grade: "Il a sali mon nom sans chercher à savoir ce qui s'était passé. Lilian se prend à la fois pour le nouveau sélectionneur, le président de la fédération et le président de la République. Il est temps que Lilian arrête de jouer un rôle qui n'est pas le sien en disant que les Bleus contribuent à faire augmenter le racisme. Il ne suffit pas de se balader avec des livres sur l'esclavage, des lunettes et un chapeau pour devenir Malcolm X..." Non retenu pour le match amical en Norvège, conséquence de la sanction prise l'encontre des 23 mondialistes, Evra croit encore à son avenir sous le maillot de l'équipe de France. "Je ne vois pas mon avenir sans l'équipe de France. C'est mon pays et j'y tiens. La Marseillaise me fait vibrer. J'ai toujours envie de mouiller le maillot bleu. Je considérerai chaque nouvelle sélection comme une chance à saisir. La seule façon de rebondir, ce sont les résultats", déclare-t-il. Laurent Blanc lui tendra peut-être la main pour le premier match de qualifications pour l'Euro 2012 en septembre prochain face à la Bosnie.