Dusautoir en mission

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la rubrique rugby , modifié à
Coup d'envoi sur notre site de la série de portraits des joueurs du XV de France, retenus pour la Coupe du monde, à commencer par le plus incontestable d'entre tous. A bientôt 30 ans, et après une première Coupe du monde, dont il fut la révélation côté tricolore, Thierry Dusautoir, capitaine des Bleus depuis 2 ans, mène le défi d'une carrière, si ce n'est le combat d'une vie.

Coup d'envoi sur notre site de la série de portraits des joueurs du XV de France, retenus pour la Coupe du monde, à commencer par le plus incontestable d'entre tous. A bientôt 30 ans, et après une première Coupe du monde, dont il fut la révélation côté tricolore, Thierry Dusautoir, capitaine des Bleus depuis 2 ans, mène le défi d'une carrière, si ce n'est le combat d'une vie. "J'ai rendez-vous avec les Blacks". Un raccourci pour résumer une carrière internationale. Pour Thierry Dusautoir, tout commença, ou plutôt, tout aurait pu s'achever face aux All Blacks. Une trajectoire en bleu que le natif d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, aurait pu voir s'interrompre brutalement face aux Néo-Zélandais. Une troisième sélection en 2006, qui tourne au cauchemar face aux joueurs de Graham Henry, vainqueurs (54-6) à Lyon, dont Dusautoir, pourtant brillant en club, de Biarritz (2004-2006) à Toulouse, qu'il rejoint en 2006, est désigné comme le bouc-émissaire un peu trop idéal. Son histoire en sélection alors lui échappe... Marqué au fer noir, le capitaine tricolore, comme l'incontournable cicatrice qui lui barre le front, au milieu des deux yeux, souvenir du douloureux combat de Gerland. Un adversaire comme le jalon d'un parcours en sélection qui s'apprête à connaître la consécration d'une deuxième Coupe du monde. En chef de file. Loin, très loin de son statut d'appelé de la dernière heure de 2007 lorsque l'ancien Béglais (2001-2003) et Columérin (2003-2004), bénéficiaire du forfait sur blessure d'Elvis Vermeulen, blessé, sort du frigo et s'invite au Mondial en France. La planète rugby le découvre lors d'un quart de finale d'anthologie. Face aux Blacks forcément. A Cardiff, son essai et plus encore ses... 36 plaquages assénés aux Néo-Zélandais, soit autant à lui tout seul que l'ensemble de la troisième ligne adverse, le bombardent en tant que "Black Destroyer", surnom dont l'affuble une presse britannique sous le charme. L'homme de Lièvremont Quatre ans plus tard et c'est en capitaine que le troisième-ligne aile aborde ce deuxième rendez-vous avec le trophée William-Webb-Ellis. Un chef de file tricolore devenu incontournable, plus par l'exemple sur le pré que par la parole, que ce taiseux manie avec parcimonie, mais toujours à bon escient. D'un sélectionneur à l'autre, Marc Lièvremont, successeur de Bernard Laporte à la tête de l'équipe de France, après en avoir fait un incontournable de son quinze de départ, en fait son capitaine, comme le prolongement d'un rôle déjà assumé à Toulouse. Une fonction endossée en 2009 lors d'une tournée en Nouvelle-Zélande. Il y revient toujours... Et quelle tournée ! Au cours de laquelle Dusautoir guide les Bleus vers un succès historique à Dunedin (27-22), le premier d'un XV de France en Nouvelle-Zélande depuis 1994 ! Et si les obligations, liées à sa fonction, semblent toujours autant forcer sa nature réservée, Dusautoir, du haut de ses 42 capes (dont 1 seule en tant que remplaçant et 19 en tant que capitaine), s'impose comme une évidence, lui qui n'a plus raté une sélection depuis novembre 2008 (à l'exception de sa mise au repos lors de France-Fidji en novembre 2010, ndlr) et peut se targuer aujourd'hui d'être le joueur le plus capé sous l'ère Lièvremont (32 sélections sur 36 possibles). Aujourd'hui, plus mûr à bientôt trente ans, son palmarès parle pour lui, riche de quatre Brennus (2005, 2006, 2008, 2011), d'une Coupe d'Europe (2010) et d'un Grand Chelem. Trois derniers titres qu'il aura su conquérir en tant que capitaine, même s'il envisagea d'abandonner le brassard chez les Bleus à l'automne dernier, au lendemain de la déroute record face aux Wallabies au Stade de France (16-59), camouflet consécutif aux dérapages de juin 2010 en Afrique du Sud et en Argentine, annonciateur d'une triste première dans le Tournoi 2011 face à l'Italie. Autant d'épreuves qui ont façonné le joueur autant que l'homme, prompt aujourd'hui à s'avouer en mission, plus que jamais en phase avec son sélectionneur. "C'est l'objectif, présent dans la tête de chacun de nous, on ne s'engage pas dans cette compétition pour faire du tourisme en Nouvelle-Zélande, déclarait récemment l'intéressé sur le site rugbynews.fr. Si on donne le meilleur de nous-mêmes dès maintenant et jusqu'à la fin, on peut sérieusement penser au titre de champion du monde." Les Blacks sont prévenus.