Dusautoir: "On était au maximum"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE, envoyé spécial , modifié à
Plus digne que jamais à l'heure d'assumer la plus cruelle des défaites, Thierry Dusautoir a pris le relais d'un Marc Lièvremont terrassé par la déception et au bord des larmes à l'issue du revers (8-7) concédé par l'équipe de France en finale de la Coupe du monde dimanche, à l'Eden Park. Le capitaine des Bleus ne se réfugie pas derrière l'arbitrage, mais considère que sa formation a fait son maximum au terme d'une formidable aventure humaine.

Plus digne que jamais à l'heure d'assumer la plus cruelle des défaites, Thierry Dusautoir a pris le relais d'un Marc Lièvremont terrassé par la déception et au bord des larmes à l'issue du revers (8-7) concédé par l'équipe de France en finale de la Coupe du monde dimanche, à l'Eden Park. Le capitaine des Bleus ne se réfugie pas derrière l'arbitrage, mais considère que sa formation a fait son maximum au terme d'une formidable aventure humaine. Thierry, si Marc Lièvremont s'est engagé auprès de M. Joubert à ne pas le critiquer, ce n'est peut-être pas votre cas. N'avez-vous pas l'impression de vous être fait avoir ? Non, je suis évidemment très déçu par l'issue du match, mais je n'ai pas envie non plus de critiquer l'arbitre, dont je pense également qu'il est l'un des meilleurs au monde. Aujourd'hui, on n'a peut-être pas fait assez pour avoir cette fameuse pénalité à la fin, mais en tout cas, on ne pouvait pas faire plus, on était au maximum. En tout cas, je suis très fier des gars, de tout ce qu'ils ont pu donner ce soir et durant l'ensemble de la compétition. Quels sentiments vous ont traversé lorsque vous avez inscrit votre essai au retour des vestiaires ? J'étais surtout content de marquer au pied des poteaux parce que je me suis dit que la transformation était assurée et qu'on revenait à un point, mais il n'y avait pas plus de joie que ça, je ne sais plus à quel moment je marque l'essai, mais je savais qu'il restait encore pas mal de temps et qu'il fallait qu'on continue à leur mettre la pression. C'est ce qu'on a réussi à faire, mais encore une fois, pas suffisamment pour pouvoir engranger d'autres points... Vous êtes-vous aperçu rapidement que ces All Blacks étaient habités par un trac immense ? Ce soir tout le monde avait le trac, aussi bien eux que nous. Je vous rappelle tous les commentaires de la semaine qu'on a pu subir. Aujourd'hui, il y avait trente mecs sur le terrain qu'ils avaient autant la trouille ; nous on a joué notre chance à fond, mais on a échoué à un point. On est évidemment très triste de l'issue, mais on a eu de la réussite sur les tours précédents, aujourd'hui, on n'en a pas, ça fait partie du sport aussi. "On est passé à côté de quelque chose de grand" Comment avez-vous vécu ce haka seul devant vos coéquipiers face aux All Blacks ? Je n'étais pas totalement seul, j'avais mes coéquipiers avec moi, je les sentais proches de moi, d'ailleurs, à un moment, je les sentais un peu trop parce qu'ils voulaient carrément traverser et aller embrasser les Néo-Zélandais, donc il a fallu essayer un peu de les calmer. En tout cas, ce sont de grands moments dont on se souviendra toute notre vie ; s'il avait pu être ponctué par le trophée, ça aurait été vraiment fantastique, mais ça reste vraiment une belle histoire. Sans parler de l'arbitrage au cours de ce match, que pensez-vous de l'interprétation du jeu au sol tout au long de la compétition ? C'est toujours en rugby une phase assez difficile à juger et qui est déterminante pour le jeu. Sur ce match-là, effectivement, ils ont été beaucoup dans notre camp, on n'a pas réussi à les sortir suffisamment, peut-être qu'on n'était pas suffisamment proches de nos soutiens pour avoir des libérations de qualité. Les rucks dans le rugby d'aujourd'hui restent une des phases les plus importantes du jeu et les All Blacks l'ont très bien compris depuis longtemps. Quelle était l'ambiance dans le vestiaire ? L'émotion qu'il peut y avoir quand on joue une finale de Coupe du monde. On est tous conscients qu'aujourd'hui, on est passé à côté de quelque chose de grand. On savait très bien que pour la majorité des joueurs, jouer une finale de Coupe du monde, ça ne se reproduirait plus jamais. C'est l'émotion qu'il peut y avoir quand on sait qu'on vit un moment unique. D'autant plus qu'on est arrivé à ce niveau-là de la compétition en subissant pas mal de critiques, en vivant des moments difficiles, et malgré tout, on a su être forts dans nos têtes, on a montré à pas mal de monde que le rugby, ce n'est seulement des skills et des combinaisons, c'est aussi pas mal de mental. Peut-être qu'il nous aurait fallu un peu plus de skills pour gagner ce soir... Le capitaine tricolore a tenu à délivrer un message plus personnel à l'issue de la conférence de presse: "Je voudrais remercier nos familles et nos amis qui tout au long de la compétition nous ont vraiment soutenus ; sans eux, ça aurait été vraiment difficile et on serait sans doute rentrés à la maison depuis bien longtemps."