Dubaï, du monde au désert

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Après avoir fait cet été de Budapest un festin, qui l'a consacré meilleure nation européenne pour la première fois de son histoire, l'équipe de France vient s'assoir à partir de mercredi, à Dubaï, théâtre des 10èmes Championnats du monde en petit bassin, à la table des meilleurs. Face aux cadors américains et australiens notamment, dans un contexte inédit, les Bleus seront mis à l'épreuve...

Après avoir fait cet été de Budapest un festin, qui l'a consacré meilleure nation européenne pour la première fois de son histoire, l'équipe de France vient s'assoir à partir de mercredi, à Dubaï, théâtre des 10èmes Championnats du monde en petit bassin, à la table des meilleurs. Face aux cadors américains et australiens notamment, dans un contexte inédit, les Bleus seront mis à l'épreuve... Dubaï, terre de démesure, si elle n'échappe pas aux conséquences de la crise économique, qui l'ont conduit à renoncer à l'organisation des Mondiaux en grand bassin de 2013 (réattribués à Barcelone, ndlr), a néanmoins tenu son pari d'organiser les Championnats du monde en petit bassin, qui débutent ce mercredi dans l'Emirat. C'est là, perdu en plein désert, qu'a surgi l'écrin flambant neuf de la compétition, le Hamdan bin Mohammed bin Rashid Sports Complex. Si l'événement n'a pas la portée ni la valeur des rendez-vous majeurs en grand bassin (Mondiaux, JO), cette dixième édition, pour la première fois placée à cette période de la saison, prend une dimension nouvelle avec la présence de tous les meilleurs nageurs mondiaux, exception faite de l'Américain Michael Phelps. Pour le reste, ils sont venus, ils sont tous là. Même l'équipe de France sera présente, des Bleus qui, par manque d'intérêt et de culture (lire: Petit bassin, grands effets ?), avaient pour habitude de faire l'impasse sur ce rendez-vous planétaire. Une échéance face à laquelle les Tricolores ne pouvaient toutefois plus se dérober en tant que première nation européenne, statut enlevé à Budapest, cet été, au terme d'une moisson historique de 21 médailles, dont 8 titres européens. Donzé: "Les Américains veulent nous faire la peau..." A Dubaï, les ambitions françaises seront forcément revues à la baisse, malgré un potentiel de douze médailles, dans un contexte forcément par définition plus relevé et dans un petit bassin où les Bleus manquent de référence face aux hyper-spécialistes du 25 mètres. Il suffit d'écouter pour cela Hugues Duboscq, doyen de cette équipe de France, réduite à dix-neuf éléments (voir: La sélection tricolore à Dubaï), tous médaillés à Budapest (à l'exception d'Alexianne Castel, ndlr): "Ça va, je pense, être compliqué de faire un podium là-bas...", lâche d'emblée le Havrais, qui participera à Dubaï à ses troisièmes Championnats du monde en petit bassin et mesure la spécificité du rendez-vous: "C'est une compétition assez surréaliste, ça va tellement vite, c'est un show, un gros spectacle, en plus, à Dubaï, je pense qu'ils vont vouloir nous en mettre plein la vue au niveau des infrastructures et j'espère être avant tout acteur et non pas spectateur." Le souhait de l'encadrement et du DTN, pour lesquels l'équipe de France a désormais un niveau d'excellence à assumer... "On a une équipe large, pas seulement du sprint, mais avec du dos, du demi-fond", se réjouit Christian Donzé, sans oublier l'expression même de cette densité (voir: Le programme des Français à Dubaï) à travers les relais (pas moins de quatre seront engagés cette semaine, ndlr) sur lesquels le DTN attend de pied ferme "les Américains qui veulent nous faire la peau..." "Ce qui fait la force de cette équipe de France, c'est le collectif plutôt que les individualités." Des individualités qui pourraient de fait se retrouver exposées, à l'instar d'un Camille Lacourt, meilleur nageur européen de l'année, apparu en retrait lors de sa dernière sortie à Chartres, il y a dix jours (lire: Lacourt: "C'est étrange..."), ou d'un Alain Bernard (lire: Bernard: "Ça fait partie du jeu..."). Néanmoins, Donzé, qui vise six à huit podiums, annonce: "Quand on se présente dans un grand Championnat du monde, il faut revenir au moins avec un titre..." Peut-être le premier de la jeune et si prometteuse carrière de Yannick Agnel, capable lui à Chartres d'assortir ses deux titres nationaux sur 200m et 400m de deux nouveaux records de France. Son entraîneur Fabrice Pellerin dresse le décor et résume l'ambition tricolore: "On ne sera plus à Budapest... On va y aller avec humilité et en tâchant de mordre quelques places." En Hongrie, Agnel avait fait retentir La Marseillaise dès le premier jour de compétition, c'est tout dire...