Dopage dans l'athlétisme russe : Diniz favorable à un "coup de balai"

Yohann Diniz, ici lors des derniers championnats d'Europe, se dit "satisfait" des recommandations de l'AMA. (1280x640) Michael BUHOLZER/AFP
Yohann Diniz, ici lors des derniers championnats d'Europe, se dit "satisfait" des recommandations de l'AMA. © Michael BUHOLZER/AFP
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avec Emilie Bonnaud , modifié à
RÉACTION - Le marcheur français n'est pas tendre avec les responsables de la fédération d'athlétisme russe.

Lors des derniers Jeux olympiques, l'athlétisme russe, aujourd'hui dans l'oeil du cyclone après le rapport accusateur de l'Agence mondiale antidopage (AMA), avait remporté huit titres olympiques, dont celui du 50 km marche, avec Sergey Kirdyapkin. Deux de ses compatriotes, Igor Erokhin et Sergey Bakulin, avaient pris les 5e et 6e places de la course. Invité à réagir sur Europe 1, le Français Yohann Diniz, triple champion d'Europe de la spécialité, ne se dit "qu'à moitié surpris" par les révélations de l'AMA. "On ne va pas se voiler la face, on savait très bien que quelque chose était mis en place de façon étatique. J'en avais même déjà parlé avec certains athlètes russes qui étaient sortis du système. En Russie, les athlètes sont aussi parfois des victimes du système mis en place. On les fait sortir d'une situation de pauvreté et on leur fait miroiter des choses. On donne de l'argent à la famille et on s'occupe des jeunes. On les dope de façon régulière tout de suite, dès le plus jeune âge."

"Façon bloc de l'Est." A la suite de la révélation de ce rapport, l'AMA a recommandé la mise sur la touche de la fédération russe pour les échéances à venir, à commencer par les JO 2016. Le nouveau président de la fédération internationale d'athlétisme (IAAF), le Britannique Sebastian Coe, a donné une semaine aux responsables russes pour s'expliquer. "Je pense que la Russie était un des derniers pays à fonctionner de cette façon (avec le dopage), enfin j'espère, un peu façon années 1970-80, bloc de l'Est", estime le marcheur français. "Maintenant, est-ce qu'il n'y a pas aussi des cas isolés qui vont passer à travers les mailles du filet ? Je n'espère pas. Il faut qu'un grand coup de balai soit fait et qu'on reparte de façon saine. Parce qu'on est un beau sport et il y a beaucoup d'athlètes qui ne sont pas des tricheurs."

Le Marnais n'oublie pas de rappeler que, s'il avait dû s'incliner à Londres, il a également remporté de grands titres devant des marcheurs russes, à commencer par le dernier en date, celui de champion d'Europe, l'an dernier, à Zurich. "Peut-être qu'ils ont été plus souvent (que les autres) sur le podium, mais je les ai aussi battus de façon légitime et régulière", insiste-t-il. "J'ai repris le record du monde à un Russe sur le 50 km. Il y a le dopage mais il y aussi d'autres choses qui nous permettent de lutter à armes égales avec des athlètes dopés, comme le talent et le cerveau."

Le dauphin de Kirdyapkin réclame l'or. D'autres athlètes prennent les révélations de l'AMA avec moins de retenue. C'est le cas notamment de l'Australien Jared Tallent, deuxième du 50 km des JO de Londres derrière Kirdyapkin. "1.185 jours sont passés depuis ma course à Londres. Combien devrai-je encore attendre avant de recevoir ma médaille d'or olympique ?", écrit ainsi le marcheur australien. Kirdyapkin a été suspendu en janvier dernier pour anomalies dans son passeport biologique, la suspension étant rétroactive au 15 octobre 2012, quelques semaines seulement après la fin des JO. Cette revendication sera certainement accompagnée de beaucoup d'autres...