Delmas: "Le chantier est important"

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Propos recueillis par Krystel Roche , modifié à
Perpignan se rend à Mayol, samedi, pour le compte de la 7e journée, pour y défier Toulon. L'Usap, quatrième, dont son entraîneur, Jacques Delmas, n'a guère apprécié le dernier revers, concédé à domicile (12-19) face à Agen. Au point de dresser un bilan peu complaisant du début de saison de ses troupes. Toulon est prévenu, le ton se durcit à Perpignan !

Perpignan se rend à Mayol, samedi, pour le compte de la 7e journée, pour y défier Toulon. L'Usap, quatrième, dont son entraîneur, Jacques Delmas, n'a guère apprécié le dernier revers, concédé à domicile (12-19) face à Agen. Au point de dresser un bilan peu complaisant du début de saison de ses troupes. Toulon est prévenu, le ton se durcit à Perpignan ! Jacques, plutôt que d'être considérée comme un coup d'arrêt, cette défaite face à Agen lors de la 6e journée (12-19) aura-t-elle permis à l'Usap de repartir sur de bons rails ? Compte tenu du calendrier, nous avons eu un début de saison relativement favorable. On a eu des matches compliqués, mais on a su passer entre les gouttes, et on a eu la chance d'aller gagner à Biarritz... puis on s'est fait attraper par Agen car on n'a pas mis les ingrédients nécessaires ! Tout au long de la semaine, ça manquait de concentration, on n'a pas su se remobiliser. On était déjà en vacances avant d'avoir fait le match et on l'a payé au prix fort ! Après une première période catastrophique, on s'est retrouvé à 14 (ndlr, suite au carton rouge pris par Le Corvec). A partir de là, ce n'était pas impossible - puisqu'on avait les éléments pour revenir - mais il y avait trop d'éléments défavorables pour gagner ce match. Ce résultat n'est pas la meilleure façon pour rebondir, sachant qu'on a désormais un calendrier compliqué: on va à Toulon, on reçoit Montferrand, avant de nous rendre à Bayonne et Toulouse. On peut donc tout aussi bien se faire attraper quatre fois ! Je ne veux pas être pessimiste, mais sachant qu'il nous manque encore des joueurs, on est à portée de fusil de toutes les équipes. Le manque de rigueur et d'implication semble donc être l'explication la plus rationnelle pour expliquer la déroute face aux Agenais ? Bien sûr qu'on s'est fait prendre sur des secteurs de jeu où Agen nous a mis la pression, en particulier sur certains lancements de jeu. Mais quand on revoit le match et qu'on voit le manque d'implication de la part de nos joueurs, c'est flagrant. Il n'y a pas d'autre explication que celle-là. C'est tellement gros ! Le rugby est un sport de combat, un sport d'investissement, et quand on n'y est pas, on n'existe pas ! Si vous deviez dresser un bilan après ces six premières journées, quel serait-il ? Nous avions un calendrier favorable, donc - dans le meilleur des mondes - il nous manque trois points à la sortie... Mais c'est vrai que "rugbystiquement", on est loin de ce que l'on voulait faire: on n'arrive pas à mettre totalement notre jeu en place, on est encore sur courant alternatif, capable d'alterner le bon et le moins bon. Jusqu'à présent, on n'a pas trouvé ce liant, on marque très peu d'essais, on n'est pas assez efficace, on ne gère pas suffisamment bien nos temps forts. Le chantier est important. Malgré tout, qu'est-ce qui vous a le plus plu depuis le début de la saison, tant sur le jeu que l'attitude ? Ni l'un ni l'autre mon capitaine... Dans quel état d'esprit le groupe et le staff abordent-ils cette deuxième partie de championnat ? Les retours de certains mondialistes et blessés changent certainement un peu la donne... Je pense qu'il y a eu une bonne semaine de travail. La semaine de vacances a sûrement été bénéfique, la défaite, j'espère, l'aura été aussi... On a senti cette semaine le groupe concentré, appliqué. Il y avait de l'investissement, et la qualité des entraînements s'en est ressentie. On a aussi rentré quelques joueurs, comme Tonita, Tincu, Tuilagi, qui nous ont apporté un peu de puissance et de fraîcheur. Reste à mettre ça en pratique à Toulon. Peu importe le résultat, si j'ose dire. Ce qui va être important, c'est notre comportement ! "Ça m'aurait fait plaisir de voir Laporte" Le discours que vous tenez à vos hommes a-t-il changé ? Non. On a évacué le match, puis je leur ai dit qu'on n'en parlerait plus. Il faut regarder de l'avant, reconstruire le coeur de notre rugby. Qu'on se donne les moyens d'avoir un jeu de maîtrise, j'entends par là qu'on maîtrise tout ce que l'on essaie de faire. Et ça, ça passe par du travail et de l'investissement. Même si je sais que le chemin sera long, j'espère qu'on va y arriver. A quoi peut-on s'attendre ce week-end sur la pelouse de Mayol ? Toulon est une équipe de combat. Une équipe d'hommes forts, une équipe qui met de la densité, qui aime la mêlée, qui aime les fondamentaux, qui est en train d'essayer de mettre du jeu en place, avec des ailiers qui sont des bombes et qui, à tout moment - dès que vous tapez sur eux - peuvent vous traverser le rideau. Il va falloir qu'on garde le ballon, qu'on ne s'en débarrasse pas. Et si on s'en débarrasse, que ce soit fait à bon escient, pour les mettre en difficulté. Tout dépendra de notre capacité à relever le défi physique, de notre capacité à oser les défier, de notre capacité à essayer de trouver des zones qui peuvent être des zones fragiles. La stratégie, c'est aussi se donner les moyens d'aller trouver, en cours de match, des fragilités. Tout ça, ce ne sont pas des paroles, ce sont des actes. On aimerait trouver ça dans notre contenu de jeu. Mayol est un stade bien particulier: qu'est-ce que ce nom évoque pour vous ? Mayol, j'y étais en tant que joueur, et en tant qu'entraîneur. La dernière fois que j'y suis allé, c'était lors de mon dernier match avec le Biarritz Olympique, donc forcément, c'était un souvenir mémorable. Là, j'y reviens. C'est le premier déplacement que je vais faire avec l'Usap. Pour moi, Mayol, c'est un symbole ! Le seul regret que je pourrais avoir, c'est que Bernard (ndlr, Laporte) ne sera pas là apparemment. Ça m'aurait fait plaisir de le voir. Mais bon, sa présence sera là quand même... J'aurais aimé l'avoir à côté, mais il y aura un match retour, j'aurai l'occasion de le voir. Une telle ambiance a-t-elle plutôt tendance à inhiber, ou galvaniser vos troupes ? J'avoue qu'il faudrait poser la question aux joueurs... Toulon a connu un début de saison chahuté. Lors de la dernière journée, ils se sont inclinés en terres montpelliéraines (6-19). Que dire de ce RCT cru 2011 ? J'ai l'impression qu'ils sont en train de prendre le virage de l'après-Saint-André. On connaît Laporte, son charisme, son implication, sa capacité à transcender les gens. On sent qu'il essaie d'évoluer vers un jeu un peu plus complet, moins basé sur les individualités. Les Toulonnais ont un effectif pléthorique et de qualité. Toulon fait partie des places fortes. Ce ne sera donc pas un après-midi tranquille... Qui plus est après la défaite qu'ils ont eue à Montpellier... Je me doute que l'accueil sera chaleureux ! Vous évoquiez ce calendrier qui s'annonce corsé, avec trois déplacements sur les quatre prochaines journées. Le mois à venir s'apparente à un véritable parcours du combattant. Sera-t-il décisif pour la suite de la compétition ? Oui. Ça va être très, très, très compliqué... Je rage d'autant plus d'avoir laissé échapper la victoire lors du dernier match. Vraiment, on n'a pas été à la hauteur. Gagner nous aurait permis d'être un peu plus dans le confort. Là, on est revenu au niveau de la mer, on n'a rien fait d'exceptionnel... Il va falloir qu'on soit solidaire, car le mois qui arrive va être compliqué.