Décosse et Tcheuméo au sommet

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MICHAEL BALCAEN , modifié à
Championne du monde en titre, Lucie Décosse n'a pas failli à sa réputation en décrochant la médaille d'or mercredi à Bercy dans la catégorie des moins de 70 kg, grâce à sa victoire en finale face à la Néerlandaise Edith Bosch. Dans la foulée, l'expérimentée tricolore a été imitée par sa jeune compatriote, Audrey Tcheuméo, 21 ans, qui a obtenu son premier titre mondial chez les moins de 78 kg.

Championne du monde en titre, Lucie Décosse n'a pas failli à sa réputation en décrochant la médaille d'or mercredi à Bercy dans la catégorie des moins de 70 kg, grâce à sa victoire en finale face à la Néerlandaise Edith Bosch. Dans la foulée, l'expérimentée tricolore a été imitée par sa jeune compatriote, Audrey Tcheuméo, 21 ans, qui a obtenu son premier titre mondial chez les moins de 78 kg. Lucie Décosse a une nouvelle fois été phénoménale pour décrocher une troisième couronne mondiale, la deuxième de rang dans cette catégorie. Elle se savait attendue, cela ne l'a pas empêchée de briller devant un public tout acquis à sa cause dès les premières minutes du combat et jusqu'à cette finale face à la Néerlandaise Edith Bosch. Une finale maîtrisée face à une adversaire qui n'a pas su comment faire. "Je m'attendais à ce qu'elle ait préparé une tactique, mais au final, elle a juste été agressive", sourit la triple championne du monde. Le constat a tenu toute la journée. Véritable patronne de la catégorie des -70 kg, elle peut désormais savourer. Oubliées les premières minutes difficiles face à la modeste angolaise Moreira, puis la Néerlandaise Linda Bolder. "Elle était stressée et elle s'est mis la pression toute seule. Quand elle a pris un coup dans le nez, ça a changé, après elle s'est relâchée. Maintenant, elle doit rester mobilisée", a expliqué à mi-parcours son entraîneur Larbi Benboudaoud. De fait, la Néerlandaise Linda Bolder a eu tort de chercher le combat âpre. Car après avoir pris un coup dans le nez, Décosse s'est fait soigner et s'est présentée avec deux cotons dans le nez et surtout sa hargne habituelle. Elle ne mettra que quelques secondes à lui passer un ippon. Les larmes de Tcheuméo Dans la foulée, elle continue de passer ses nerfs sur la Russe Gubadova battue en... 26 secondes ! En quart de finale contre la Coréenne Sol, elle met deux minutes pour trouver une ouverture (yuko) puis une de plus pour lui coller un ippon, qui l'envoie vers les demi-finales. Cette fois, c'est une vieille connaissance en la personne d'Anett Meszaros qu'elle avait dominée en finale du dernier mondial. Même motif, même punition dès qu'elle a pu mettre les mains sur son kimono, elle lui colle un ippon sur o soto gari à gauche impeccable. Un nouveau ippon, un de plus pour l'envoyer vers les cieux de Bercy. Le public n'avait cependant pas fini de se régaler. Car Audrey Tcheumeo a elle aussi réussi à faire rugir de plaisir le public parisien. Véritable lionne ou plutôt rouleau compresseur inarrêtable, la championne d'Europe qui avait déjà pris ses marques en remportant ici-même le Tournoi de Paris a également fait parler la poudre. Une fois sur le tapis, elle a fait ce qu'il fallait en broyant physiquement la Coréenne Jeong dans un premier tour pas évident (yuko) avant d'enchaîner face à la Chinois Zhang (waza ari). Il lui restait un quart de finale contre l'expérimentée allemande Wollert. Cela n'a pas été facile jusqu'à ce qu'elle trouve l'ouverture d'un balayage impeccable (ippon). En demi-finale, elle est venue à bout de l'Américaine Kayla Harrison d'un petit yuko. Il restait donc cette dernière marche contre la Japonaise Akari Ogata. Audrey Tcheuméo, touche à tout, a beaucoup travaillé, notamment un balayage qu'elle va utiliser pour la deuxième fois en finale avec le même résultat: ippon. En larmes sur le podium, elle peut savourer cette première couronne mondiale. D'autant qu'avec sa puissance physique et un judo encore très perfectible, elle possède assurément de beaux jours devant elle. Le stress de Louette Une réussite qui a fui Lucie Louette. Habituée à briller à Paris (elle avait perdu en finale du Tournoi de Paris devant Tcheuméo comme en finale des championnats d'Europe d'ailleurs, ndlr), elle a cette fois subi la pression du Mondial. "J'ai fait 7 ou 8 Tournoi de Paris, mais un Mondial à Bercy, ça n'a rien à voir. Je n'ai jamais été aussi stressée", reconnaît-elle. Une tension qui a failli lui jouer un mauvais tour contre la Cubaine Castillo pour un premier tour très compliqué. Menée, elle a trouvé les ressources pour égaliser à 15 secondes du terme avant de l'emporter en golden score. Mais contre la Japonaise Ikeda, elle va tomber en panne. "Je n'ai pas trouvé de solution, elle a bloqué mon bras à la garde et elle marque waza ari. C'est dommage, ce n'est pas une fille forte", lâche-t-elle les larmes aux yeux. Incapable de solutionner ce problème de kumikata, Louette est sortie dès les huitièmes de finale. Les garçons, eux, n'ont pas été jusque-là. Yves-Mathieu Dafreville n'a pas été gâté par le sort avec le Japonais Ono au premier tour. Il n'a pas démérité face à un garçon qu'il avait déjà battu en 2009 quand il était numéro 1 mondial. Depuis, il s'est blessé et la donne a changé. S'il a tout tenté en première partie de combat, manquant de faire la différence sur o soto gari, la deuxième partie de combat aura été plus dure physiquement, jusqu'à un golden score trop dur qu'il passera à défendre jusqu'à recevoir un deuxième shido synonyme de défaite. "Quand Ono a accéléré, il n'y a pas eu match", a commenté, lapidaire, Benoît Campargue, responsable des équipes de France. Restait donc Romain Buffet qui a fait valser le Mexicain Isao Cardenas, avant de tomber sur le redoutable Russe Kirill Denisov. "On se prend régulièrement en stage, donc on commence à se connaître. C'était à celui qui a le plus gros bagage technique et le plus gros mental. Au final, ça se joue à pas grand-chose, j'ai manqué d'attention sur le contre qu'il me met. C'est une grosse erreur, je m'en veux terriblement", reconnaît le pensionnaire du Lagardère Paris Racing. Une défaite finalement logique selon Campargue, qui explique: "Romain savait que ce serait dur contre Denisov qu'il n'a jamais battu. Il n'y a pas eu d'exploit, la hiérarchie a été respectée. Il était peu juste pour battre un médaillé mondial, la fin du combat a été difficile pour Romain. Il a essayé, il n'y a pas de reproche sur son engagement." Un résultat malgré tout très décevant.