Chavanel: "L'année ou jamais"

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Propos recueillis par Olivier CHAUVET , modifié à
Après avoir manqué de peu la victoire sur le Tour des Flandres au printemps dernier, Sylvain Chavanel a marqué les esprits dimanche à Boulogne-sur-Mer en étant sacré pour la première fois de sa carrière champion de France de course en ligne. Très costaud, le coureur de la Quick-Step a su résister au retour d'Anthony Roux et de Thomas Voeckler, le favori. De très bon augure pour le Tour...

Après avoir manqué de peu la victoire sur le Tour des Flandres au printemps dernier, Sylvain Chavanel a marqué les esprits dimanche à Boulogne-sur-Mer en étant sacré pour la première fois de sa carrière champion de France de course en ligne. Très costaud, le coureur de la Quick-Step a su résister au retour d'Anthony Roux et de Thomas Voeckler, le favori. De très bon augure pour le Tour... Que représente pour vous cette victoire en championnat de France ? Ça représente beaucoup. C'est quelque chose qu'il me fallait à tout prix. Ce n'est pas ma dernière année, mais je suis plus sur la fin que sur le début. C'était l'année ou jamais. Pour être champion de France, je devais être dans un très bon jour. C'était le cas. Le circuit me convenait très bien. Il y avait quasiment 4500 m de dénivelés, c'était technique, avec une grande descente, pas de trop gros pourcentages, ça me convenait parfaitement. Je sors d'un grand stage d'entraînement. Tout était avec moi aujourd'hui. Ce n'était pas moi le plus marqué, c'était Thomas (Voeckler). Ça m'a souri, c'est cela le plus important. Vous n'avez connu aucune fausse note aujourd'hui ? J'ai attaqué une première fois à six tours de l'arrivée car je commençais à trouver le temps long. Tout le monde s'endormait. J'ai du mal à rester dans un peloton. Ça n'a pas marché. Du coup, je me suis mis derrière et j'ai laissé travailler les équipes qui avaient beaucoup de coureurs. J'ai vu que tout le monde était dans le dur. J'ai réattaqué à trois tours et ça a payé. N'avez-vous pas eu peur quand vos poursuivants sont revenus à trente secondes dans l'avant-dernière montée ? Non, je n'ai pas paniqué. Trente secondes ça parait court, mais on ne revient pas comme ça. J'avais du braquet. Le but n'était pas d'arriver avec deux, trois minutes d'avance, mais de gérer mon effort. Gagner le championnat de France, est-ce plus fort que remporter une étape du Tour ou que de revêtir le maillot jaune ? C'est une émotion différente. Je réalise que je vais le porter toute l'année. Je vais me faire un beau cuissard et un beau maillot (rires). "J'ai fait encore un numéro" Etait-ce préparé d'attaquer de si loin ? C'était très long, mais je construis mes victoires souvent seul. J'ai fait encore un numéro. Il y avait deux beaux coureurs derrière. Thomas était très marqué, moi un peu moins, j'ai pu donc partir de loin. Du coup, votre résultat moyen dans le chrono jeudi (6e) est complètement oublié ? Sixième, ce n'était pas extraordinaire. Mais du coup, c'était un mal pour un bien. Je préfère que ça soit dans ce sens la. Après avoir gagné trois fois le chrono, il me fallait ce titre sur route. Est-ce votre entraînement intensif de ces dernières semaines qui a payé ? J'ai eu une période durant laquelle j'ai été fatigué. J'ai beaucoup travaillé en altitude, mais j'ai passé quasiment deux mois sans compétition. C'était difficile de retrouver le rythme, mais je me suis imposé des échappées sur le Tour de Suisse pour être dans le rythme. Ce maillot change-t-il vos ambitions pour le Tour ? Je suis content d'ouvrir mon palmarès de l'année par ce titre. Je commençais à trouver le temps long. Mais rien n'a changé, je suis concentré sur ce que j'ai à faire. "Lever les bras sur le Tour avec ce maillot bleu-blanc-rouge" Les premières étapes du Tour sont-elles aussi très vallonnées. Ça vous donne des idées ? Philippe Gilbert a annoncé la couleur. Il veut gagner la première étape. Je ne vais donc pas attaquer pour me faire reprendre dans les derniers kilomètres. Il faut être intelligent. Je veux m'amuser, je m'éclate dans ce que je fais. Je vais essayer d'être à la hauteur et pourquoi pas lever les bras avec ce maillot bleu-blanc-rouge. Etait-ce important pour votre équipe, la Quick-Step ? Je sais que je suis apprécié dans l'équipe. Patrick (Lefevere, son directeur sportif) est venu dans la semaine pour m'encourager. On a un peu parlé de l'avenir, il voit à long terme et moi aussi. A l'arrivée, tout le monde était très ému. Jérôme (Pineau) notamment. On est venu avec nos moyens, notre camping-car. On avait tout pour faire bien. Thomas Voeckler, les directeurs sportifs. Tout le monde a dit que vous étiez vraiment le plus fort. Ça vous fait plaisir ? Si on est adversaire dans le peloton, je pense que les directeurs sportifs ont apprécié ma victoire. Ils savent que je vais bien le porter. Après, il ne faut pas se voiler la face. En ce moment, les deux meilleurs coureurs français au niveau international, c'est Voeckler et Chavanel.