Bustos Moyano, quelle gâchette !

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Seul joueur que Fabien Galthié aura tenu à imposer à son arrivée dans l'Hérault en début de saison, Martin Bustos Moyano rend cette confiance au centuple. Grand artisan de la qualification de Montpellier pour sa première finale du Top 14 face à Toulouse, le buteur argentin, hermétique jusqu'à présent à la pression, semble prendre un malin plaisir à éclipser ses homologues les plus illustres.

Seul joueur que Fabien Galthié aura tenu à imposer à son arrivée dans l'Hérault en début de saison, Martin Bustos Moyano rend cette confiance au centuple. Grand artisan de la qualification de Montpellier pour sa première finale du Top 14 face à Toulouse, le buteur argentin, hermétique jusqu'à présent à la pression, semble prendre un malin plaisir à éclipser ses homologues les plus illustres. "Attention à lui. Je pense qu'il va être important. Ce Bustos Moyano, c'est du Todeschini... ça pose le ballon et ça le met où ça veut... Dans un match comme celui-là, ce sera forcément important." Cité par La Dépêche du Midi, ce bon vieux sorcier gersois d'Henry Broncan, qui du haut de ses 66 ans en a vu d'autres, est sous le charme. Rien de très original d'ailleurs, tant Martin Bustos Moyano fait aujourd'hui l'unanimité. La fine gâchette du Montpellier Hérault Rugby, c'est lui. Héritier déjà capable de supplanter son compatriote, Federico "Ninja" Todeschini, qui le précéda dans les coeurs des supporters montpelliérains. Ce nouveau buteur venu de la Pampa, c'est Fabien Galthié qui, fort de son expérience au sein du staff des Pumas en tant que consultant et de ses réseaux établis durant cette expérience de deux ans, l'imposa en début de saison à son arrivée dans l'Hérault. Le nouvel entraîneur montpelliérain, qui avouera ne connaître réellement que les internationaux de l'effectif du MHR, apportait alors dans ses bagages ce joueur âgé de 25 ans, sans sélection avec les Pumas (voir par ailleurs), ni grande référence, issu des Pampas XV, formation incorporée à la Vodacom Cup en Afrique du Sud et destinée à aguerrir les Espoirs argentins en vue de l'intégration à l'horizon 2012 au Tri-nations. A ses côtés, Santiago Fernandez lui aussi rejoindra Montpellier. Bustos Moyano: "La pression sera sur Toulouse" Avec le pilier Juan Figallo, autre révélation de cette équipe riche de surprises dans toutes ses lignes, ou presque, ces deux-là vont prendre une large part dans la saison historique accomplie par leur nouveau club. Cette triplette argentine est ainsi à l'origine de 297 des 620 points de Montpellier dans ce Top 14 2010-2011, soit 48 % de l'attaque héraultaise. Bustos Moyano, lui, capitalise sur son jeu au pied et sa qualité de buteur pour afficher un total de 275 points, dont 34 sur ces seules phases finales. Cinquième meilleur réalisateur à l'issue de la saison régulière derrière les Teulet, Wilkinson, Wisniewski et autre Porical, le voilà aux portes d'une finale au Stade de France quand ses rivaux (Wilkinson, Teulet, Wisniewski) ont entre-temps tous abdiqué. Mieux, l'homme de Cordoba s'est permis en trois récentes occasions de leur voler carrément la vedette. Ses 15 points lors du vrai-faux huitième finale face à Toulon (27-3), suivi d'un 100 % de réussite en barrages (6 sur 6), sur le terrain de Castres, où il inscrit la totalité des points de son équipe (18-17), jusqu'à son nouveau récital du Vélodrome de Marseille face au Racing contre lequel il inscrit sans sourciller, des 40 mètres en coin, la pénalité de la victoire (26-25) à la dernière minute de jeu. "Je continue de rêver les yeux grands ouverts... (rires), avoue volontiers l'intéressé, presque incrédule, dans un entretien accordé au site argentin cordobaxv.com. Pour dire vrai, c'est difficile de prendre la mesure de tout cela et de retomber dans la réalité. D'ailleurs, je dois me le répéter à haute voix pour me rendre compte de ce que nous vivons. (...) Personnellement, c'est une très grande réussite et sincèrement, on ne l'aurait jamais imaginé. (...) L'objectif du club était d'être parmi les six meilleurs, mais ce qui caractérise ce groupe, c'est sa jeunesse et son ambition. Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est que nous en sommes capables. Cela ne dépend que de nous." D'un froid réalisme, qui a marqué les esprits, dans sa solitude de buteur, le protégé de Galthié balaye les lauriers d'un revers de main. "Je crois que l'équipe dépend avant tout de son rendement, il n'y a pas de joueur à part, au coup d'envoi, nous sommes vingt-deux avec le même objectif. Dire que mes coéquipiers dépendent de moi serait très égoïste." Il préfère mesurer sa chance de cet exil français: "Je progresse en tant que joueur et en tant qu'homme. Etre loin de chez toi te donne l'opportunité de connaître tant de choses nouvelles, auxquelles tu n'aurais pas eu accès en Argentine. Tu t'ouvres l'esprit." Et avec peut-être un palmarès: "Une finale est une finale... Je ne peux pas dire mieux: les finales ne se jouent pas, mais elles se gagnent. Je n'ai personnellement pas le souvenir de finale spectaculaire ; elle se jouera avec les dents serrées sans qu'aucun ne veule beaucoup risquer. Cela va être un match fermé", prédit-il, déjà capable d'anticiper sur le scénario susceptible de menacer Toulouse: "Avec une défense asphyxiante et ordonnée, et en mettant à profit nos ballons d'attaque. Je crois que la possession va être clé." Et d'ajouter: "Nous sommes outsiders, la pression sera sur Toulouse." Nouvelle victime potentielle de "l'effet Montpellier" sur les buteurs adverses, David Skrela est prévenu...