Bolt, l'incroyable raté !

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L.D. , modifié à
Intouchable mais pas infaillible. Immense favori du 100 mètres, Usain Bolt, champion du monde en titre, et accessoirement champion olympique et recordman du monde (9"58), a été privé de finale mondiale à Daegu sur faux-départ. En l'absence du maître jamaïcain, son compatriote Yohan Blake (9"92) a sauté sur l'occasion pour s'emparer du titre, devant l'Américain Walter Dix (10"08) et le champion du monde 2003 Kim Collins (10"09). Christophe Lemaitre (10"19) a échoué au pied du podium.

Intouchable mais pas infaillible. Immense favori du 100 mètres, Usain Bolt, champion du monde en titre, et accessoirement champion olympique et recordman du monde (9"58), a été privé de finale mondiale à Daegu sur faux-départ. En l'absence du maître jamaïcain, son compatriote Yohan Blake (9"92) a sauté sur l'occasion pour s'emparer du titre, devant l'Américain Walter Dix (10"08) et le champion du monde 2003 Kim Collins (10"09). Christophe Lemaitre (10"19) a échoué au pied du podium. Un maillot arraché en hâte pour faire valoir sa musculature, des bras levés vers le ciel, ça ressemble à une image déjà vue. Mais l'absence de sourire sur le visage d'Usain Bolt ne trompe pas. Le Jamaïcain n'est que rage et dépit. L'homme le plus rapide de la planète sur la distance (9"58), intouchable quand il est lancé, est cette fois-ci parti trop vite. Avant le coup de canon du starter. Le champion du monde en titre a compris avant même qu'on ne lui signifie. Faux-départ. La sanction est immédiate et sans appel : le maître du sprint mondial est disqualifié. Un tremblement de terre dont l'onde de choc a figé pendant quelques secondes le public du stade de Daegu. Intouchable mais pas infaillible, « la Foudre », descendue deux ans plus tôt à Berlin sous des canons jamais imaginés, abandonne là ses camarades de jeu et son titre sans combattre. La règle du jeu était connue de tous, Dwain Chambers en tête, victime de la même intransigeance en demi-finale. Mais les pontes de l'IAAF, qui ont pondu cette règle pour répondre aux exigences des télévisions, n'avaient peut-être pas imaginé prendre le risque de se priver ainsi de la plus grande star de l'athlétisme au départ de la course reine. A vrai dire, personne, du moins jamais sérieusement, n'aurait imaginé un tel scénario, tant le roi Bolt, si dominateur, n'a jamais eu besoin de forcer son départ, son point faible, pour franchir la ligne d'arrivée en tête. Pourquoi diable a-t-il d'ailleurs fait le pari de sortir si tôt des starting-blocks ? Pour tester son départ, qu'il a beaucoup travaillé cette année, en live à un an des Jeux Olympiques de Londres ? Louable mais irréfléchi. Blake en profite, pas Lemaitre Car Bolt n'avait pas grand-chose à craindre au départ de cette finale. Débarrassé sur blessures de l'Américain Tyson Gay et de son compatriote Asafa Powell avant même le début de ces Mondiaux, le Jamaïcain s'avançait comme l'indiscutable favori d'une finale privée de Justin Gatlin, Michael Frater ou encore Richard Thompson, tous éliminés au stade des demi-finales. Jimmy Vicaut, Christophe Lemaitre, Daniel Bailey, Kim Collins, Nesta Carter, Walter Dix et Yohan Blake ? Du menu fretin, que les intéressés nous excusent, pour « la Foudre » impressionnant la veille en séries (10"10 en déroulant...). Des faire-valoir promis aux miettes derrière le Maître. Jusqu'à ce coup de folie... A vouloir partir trop vite, Bolt n'a jamais vu la ligne d'arrivée. Et la finale du 100 mètres a soudain perdu de son principal intérêt. En l'absence du sprinteur le plus rapide de la planète, le jeu était ouvert, les faveurs des pronostics se reversant sur Carter, auréolé de la meilleure marque de l'année des sept rescapés (9"90) devant Lemaitre (9"92). La pression aussi visiblement, le Jamaïcain terminant bon dernier en 10"95. Bolt hors-jeu, Carter hors-sujet, c'est le troisième Jamaïcain de cette finale, Blake, qui aura réussi à tirer son épingle du jeu dans ce contexte soudain chamboulé, faisant preuve d'une étonnante maturité à seulement 21 ans pour rester "positif, calme, concentré" au deuxième départ et s'imposer en 9"92... soit le record de France de Lemaitre. Un chrono qui renvoie l'Aixois à ses regrets, incapable de se remettre dans sa bulle après la disqualification de Bolt pour échouer au pied du podium en 10"19 derrière Walter Dix (10"08) et Kim Collins (10"09), le champion du monde 2003. Le champion d'Europe en titre a peut-être raté là l'une de ses meilleures chances d'accrocher un podium mondial. Mais à seulement 21 ans, Lemaitre comme Jimmy Vicaut, finaliste à 19 ans (6e en 10"27), ont tout l'avenir devant eux. Et désormais la confirmation que tout est possible au départ d'un 100 mètres. Même de ne pas voir Usain Bolt franchir la ligne d'arrivée le premier...