Blanc choque les jeunes footballeurs

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avec Cyrille de la Morinerie , modifié à
REPORTAGE - Des jeunes d’Aubervilliers réagissent à la polémique sur les quotas.

La situation se corse pour Laurent Blanc et sa cote de popularité s’effrite déjà. Selon l’enquête de Mediapart, le sélectionneur des Bleus aurait posé la question des gabarits des joueurs en équipe de France. "Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les Blacks (...) Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture." Des propos pas vraiment du goût des jeunes footballeurs français.

Ils réclament des sanctions

Ils ont tous entre 17 et 18 ans et jouent dans l’équipe de jeunes d’Aubervilliers, dans la banlieue parisienne. Une équipe à 90% black et 100 % française. Dimanche matin, les propos tenus par Laurent Blanc lors de cette fameuse réunion étaient sur toutes les lèvres. Ici, il y a plusieurs joueurs "grands, costauds et puissants".

Dominique est capitaine de son équipe. Pour lui, "les noirs ne sont pas tous grands et costauds", comme le pense le sélectionneur. Et de poursuivre : "il y en a qui sont plus petits, plus fins techniquement. Laurent Blanc était vraiment quelqu’un d’important pour nous. Voir comment il pensait, ça nous a fait mal".

Dominique : les mots de Blanc "nous ont fait mal" :

Sakumba, lui, est encore plus remonté. Malgré les excuses de Laurent Blanc, il demande maintenant des sanctions. "C’est écœurant. Pour moi, il faut qu’il soit puni. Dans son équipe, il n’y a que des Noirs, des Arabes et quelques Blancs. Il faut déjà qu’il s’excuse auprès de ses joueurs." Catégorique, il conclut : "ses excuses ne sont pas suffisantes".

L’affaire est loin d’être terminée. Pour l’instant, seul François Blaquart, le DTN de la FFF, a été suspendu de ses fonctions. Mais Laurent Blanc est directement visé par les accusations de Mediapart. Pour Vincent, l’entraîneur d’Aubervilliers, les propos du sélectionneur national sont "choquants". Et d’expliquer : "la politique de quotas est une aberration. On fait les équipes avec les joueurs qu’on a. Les meilleurs, c’est qui ? Mais c’est ici. Si je dois faire une équipe avec 30% de Blacks et de Beurs, je n’aurais pas d’équipe".

Depuis la Coupe du monde 1998, l’équipe de France "black-blanc-beur" était souvent citée en exemple. L’intégration alliée à la réussite sportive, le modèle était trouvé. Mais après ces révélations, Laurent Blanc n’est déjà plus considéré comme une icône.